– Depuis le début de l'épidémie de choléra, le civisme et la notion de propreté chez les Algériens ont été remis en cause. Pensez-vous qu'il y a une part de vérité dans ce jugement ? Je ne pourrais m'aventurer à parler d'un sujet qui a ses spécialistes, d'autant plus que ces derniers ne se sont pas encore prononcés sur son origine. Néanmoins, le contexte nous interpelle pour se prémunir contre tout risque d'épidémie liée à l'hygiène du milieu. Il faudrait donc s'inscrire dans une logique de prévention par une gestion rigoureuse et participative. Le déchet, une fois produit, doit être mis dans un sac fermé et déposé par la suite sur la voie publique, selon les standards internationaux, dans des récipients hermétiques à l'abri des animaux errants. Afin d'éviter tout risque de migration des polluants vers le milieu naturel, on doit s'assurer que le déchet va subir un traitement écologiquement rationnel. C'est dans ce contexte que madame la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables a initié une campagne nationale de nettoyage des villes. L'objectif recherché étant de rappeler aux différentes parties prenantes la nécessité de garder nos villes propres par l'instauration d'une gestion participative des déchets conformément à la réglementation en vigueur. Cette initiative vise à provoquer le déclic auprès de toutes les parties prenantes pour prendre conscience des enjeux sanitaires et techniques liés à ces flux non recherchés. Cette initiative ne va pas s'arrêter à ce niveau et ne va pas se contenter d'actions de nettoyage et de rattrapage. Elle sera accompagnée d'actions d'accompagnement et d'assistance au profit des collectivités locales afin de mettre à niveau la gestion des déchets dans toutes nos communes. Il faut rappeler que 13 millions de tonnes de déchets ménagers sont produites annuellement. – L'opération de collecte des peaux de mouton a échoué dans certains quartiers. Où réside le problème ? C'est un peu prématuré pour se prononcer sur le sujet, d'autant que c'est la première opération du genre en Algérie. Néanmoins, cette action est très louable car il s'agit là d'une initiative pour assurer de la matière première à nos outils de transformation et de production. Il faut rappeler que les collectivités locales sont tenues d'élaborer un schéma de gestion des déchets générés sur leurs territoires. Ces schémas prennent en considération les flux réguliers et exceptionnels. Les déchets de l'Aïd El Adha constituent un flux de déchets exceptionnel très complexe de par ses constituants et son volume. L'Agence nationale des déchets est instruite, justement, par le ministère de l'Environnement, pour réfléchir à une démarche intégrée pour la prise en charge de ce flux et d'en atténuer les effets négatifs. Les peaux de mouton constituent une matière première pour les tanneries afin de produire du cuir. Pour faire passer les peaux de mouton du statut de déchet à celui de matière, la mise en place d'une filière spécifique est nécessaire. – Depuis toujours, il y a un dérèglement dans l'opération de ramassage des déchets. Pensez-vous qu'aujourd'hui il faut adopter une nouvelle stratégie ? Nous constatons tous et dans la plupart des cas un retard dans l'évacuation des déchets donnant par moment des images très négatives de nos zones urbaines. Chacun de nous apprécie à sa manière les causes, mais on ne cessera de rappeler que le ramassage constitue une mission de service public des communes. Pour ce faire, ces dernières doivent élaborer les outils de gestion et de planification adéquats. Elles doivent aussi mobiliser les fonds nécessaires pour une collecte professionnelle et pérenne. L'Agence nationale des déchets est justement mandatée par le ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables afin d'apporter son appui aux communes pour la définition de stratégies locales de gestion des déchets, en corrélation avec la stratégie nationale. Donc, la question n'est pas d'adopter une nouvelle stratégie, mais plutôt d'accompagner les communes pour la mise en œuvre des outils de gestion et de planification, tels que le préconise le décret exécutif n°07-205 du 30 juin 2007 fixant les modalités et procédures d'élaboration, de publication et de révision du schéma communal de gestion des déchets ménagers et assimilés.