Au numéro 8 de la rue Didouche Mourad, une plaque à l'entrée d'un immeuble mentionne un nom, Etienne Sergent, qui n'est pas un militaire contrairement à ce que l'on pourrait penser. C'était un docteur né à Mila, qui a travaillé à l'Institut Pasteur d'Algérie, à l'époque déjà installé comme aujourd'hui près du jardin d'Essai. Pourquoi cette plaque ? Parce qu'en 1936, Etienne Sergent inventait le sérum antiscorpionnique qui s'est ensuite vendu dans le monde entier, l'antivenin qui est donc né à Alger. 2018, Ouargla, 800 kilomètres d'Alger, une femme piquée par un scorpion décède à l'hôpital. Ce qui rappelle l'ancien ministre qui affirmait que l'Algérie avait les meilleurs hôpitaux du monde et qu'ils étaient les mieux équipés de l'univers. Sauf que l'hôpital de Ouargla, théoriquement la région la plus riche du pays puisque les grands champs pétrolifères de Hassi Messaoud sont sur son territoire, a été incapable de traiter cette pauvre femme, morte 10 jours après son admission. Questionné sur le sujet, l'actuel ministre a répondu par un poème : «En fait, l'animal ne fait pas de mal à l'homme, l'animal fait du mal à l'homme quand il est menacé», rejetant ainsi la cause du décès sur la pauvre femme qui aurait agressé un scorpion apolitique. Alors qu'il y a 40 000 cas d'envenimation scorpionique et une quarantaine de décès par an, le zoologiste Hasbellaoui a conclu par «le monde animal est un monde qui est gentil», évitant ainsi la question du lion, de la hyène et du requin, qu'il ne connaît pas personnellement. Hasbellaoui, l'ami des animaux, qui n'est pas du signe du scorpion mais de la vierge, puisqu'il est né un 21 septembre, n'en n'est pas à sa première maladresse, même s'il n'est pas pour autant absurde, inscrit dans la même logique depuis sa nomination : si des personnes sont atteintes du choléra c'est qu'elles se sont trop approchées du vibrion cholérique, si d'autres meurent c'est qu'elles ont trop côtoyé la mort. Reste la question, à quoi servent les hôpitaux ? A soigner les scorpions ?