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L'art de l'illusionnisme tragi-comique
La chronique de A. Merad
Publié dans El Watan le 18 - 10 - 2018

Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l'affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l'affaire de l'affaire, jusqu'à ce que personne n'y comprenne plus rien.»
C'est une petite phrase assassine de Charles Pasqua, prononcée alors qu'il était ministre de l'Intérieur pour expliquer comment fonctionne le monde politique en France, qui peut trouver refuge aujourd'hui dans les histoires compliquées de notre sérail. Elle va en tout cas comme un gant à cette pièce de mauvais goût qui est en train de se jouer au théâtre de l'Assemblée populaire.
On crée une affaire de toutes pièces pour qu'elle devienne, à force d'être remise en scène, une… affaire sérieuse qui doit capter l'attention de l'opinion publique, à la manière d'un feuilleton télévisé qui laisse une note de suspense à la fin de chaque épisode. Le jeu consiste à inviter cette dernière à rechercher sans cesse qui fait quoi, alors que les rôles distribués dans le casting sont purement fictifs. C'est ce qu'on pourrait appeler l'art de l'illusionnisme tragi-comique, alors que le préjudice subi par la deuxième institution du pays est d'une gravité extrême.
Lancée de manière tout a fait anodine il y a près d'un mois maintenant, cette story telling à la mode algérienne n'a en tous cas pas encore livré tous ses secrets, malgré la grosse couverture médiatique qui lui est accordée. Les éléments du scénario paraissent simples, mais la lecture relève du décodage. On a au centre de l'énigme le personnage du président de l'auguste enceinte populaire, qu'on veut pousser à la sortie sans lui signifier les raisons de son départ forcé.
L'instigateur de cette action préméditée, le vieux briscard patron du FLN, fait une fixation sur cet homme à abattre pourtant appartenant à sa famille politique. Les figurants, recrutés parmi les députés de la majorité, font dans le suivisme pour éliminer un adversaire qu'ils acclamaient encore hier. Mais, l'expédient ne marche pas, puisque l'homme résiste et rend la fin de l'histoire caduque, presque impossible.
Le hiatus est gros et la panique s'installe surtout dans le camps des… offenseurs. C'est le «scandale» du siècle dans les travées de l'Assemblée, qui n'a jamais connu à ce jour une situation aussi tumultueuse, elle qui a toujours été habituée à un ronron royal. Pourquoi le FLN et le RND se sont-ils accordés pour faire tomber un apparatchik de la trempe de Bouhadja qui jouissait jusque-là de toute la confiance du président de la République, qui l'a d'ailleurs lui-même placé à ce poste sans tenir compte des référents statutaires ?
Pourquoi le serviteur zélé qui a servi le régime avec loyauté depuis son installation au perchoir est-il devenu subitement indésirable pour les deux partis du pouvoir ? Que cache vraiment cette tentative de destitution, somme toute illégale, qui vire au combat de rue avec les méthodes classiques du FLN passant des visiteurs de la nuit et de la politique des dobermans, au «baroud» et au cadenas ?
Et, question centrale : pourquoi la Présidence, maître du jeu, n'intervient-elle pas, ne serait-ce que par diplomatie parallèle pour trouver une solution à une situation qui a drôlement écorné l'image de l'Algérie à l'international ? Les supputations des journalistes n'ont pas réussi à démêler l'écheveau, tandis que les spécialistes et les experts en politologie se perdent en conjectures devant un non-événement devenu, compte tenu du vide sidéral qui caractérise la vie politique nationale, une vraie-fausse affaire d'Etat.
Une grave crise institutionnelle, argue-t-on, qui n'obéit à aucune norme, si ce n'est une vulgaire querelle de personnes. C'est sans aucun doute le but recherché depuis le début, puisqu'en dépit des appels directs et indirects pour apporter des clarifications à un conflit monté de toutes pièces qui vire de plus en plus au pourrissement, et malgré des SOS insistants pour déminer le terrain, rien de positif n'est apparu.
Mais c'est dans l'opacité la plus totale que le pouvoir s'en sort le mieux. C'est au demeurant son mode de fonctionnement le plus efficace pour durer et dicter sa loi. Que vaut la carrière d'un apparatchik au perchoir devant les intrigues du sérail qui se réserve le droit du silence pour laisser venir et réagir quand il le jugera nécessaire. Pour l'heure, on en est encore à la politique spectacle de bas de gamme, avec des acteurs qui prennent au sérieux leurs rôles pour se prouver qu'ils existent réellement dans la nomenclature des décideurs.
Bouhadja incarnant, bien malgré lui, le rôle vedette, veut démontrer que la pression exercée sur lui est une atteinte à l'esprit démocratique qui doit régir l'institution. Comprendre que le chef du FLN n'a nullement le droit de le débarquer, alors que lui-même avait trouvé tout a fait normale sa nomination au perchoir intervenue sur simple décision des… décideurs. La règle démocratique pour les autres. Ould Abbès, quant à lui, a surtout voulu affirmer une autorité qu'il n'a pas par ailleurs au niveau des vrais centres de décision.
Sa confrontation directe avec le président de l'APN, qui est toujours en place malgré une offensive redoutable pour le destituer, a été, en fait, un très mauvais test de notoriété pour lui, car il encourt désormais le risque de se voir discréditer totalement si le premier magistrat ne vient pas à son secours. C'est donc une affaire abracadabrante que le FLN nous a donné de suivre pour masquer d'autres affaires, comme celle des généraux qui se sont retrouvés en prison pour… affaires de corruption et enrichissement illicite. Vou-s voyez bien qu'il y a une affaire dans une affaire en repensant à la fameuse élucubration de Charles Pasqua.
Plutôt une suite dans les idées pour s'engager dans les chemins sinueux et détourner l'opinion des vrais problèmes qui gangrènent le pays. On remarquera qu'aussi bien pour l'affaire de l'APN qui défraie la chronique que pour celle de l'incarcération de hauts gradés de l'armée, une première dans les annales militaires depuis l'indépendance – c'est dire si c'est un fait grave mais exceptionnel ­–, les médias publics sont restés muets comme une carpe.
Pas un mot, pas la moindre allusion dans les journaux télévisés ou parlés. La presse publique s'est ainsi faite violence en s'infligeant un motus qui ne l'honore guère, en dépit de la volonté qui anime ses journalistes de pouvoir remplir eux aussi correctement leur mission. Si le pouvoir interdit aux organes d'information étatiques de parler des affaires qui font du bruit, et autorise les médias privés à vocation officieuse de le faire parfois avec éloquence, c'est qu'il a toujours des manigances à faire valoir. Tout est trouble. Tout est flou. Tout est faux. Alors lorsque Ould Abbès déclare la vacance du perchoir comme un haut fait d'armes, on se demande s'il faut en rire ou en pleurer.


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