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Guide subjectif du SILA
Publié dans El Watan le 26 - 10 - 2018

Ce qu'il ne faut pas rater lors de cette 23e édition du Salon international du livre d'Alger du mardi 30 octobre au samedi 10 novembre 2018.
En vérité, «ce qu'il faut essayer de ne pas rater» car, vu la densité et la diversité du programme, il sera difficile de tout voir et tout entendre, sans compter qu'au même moment, peuvent se dérouler deux, voire trois activités. De toutes les façons, chacun a des centres d'intérêt et des préférences et suffisamment de frustrations livresques pour aller courir dans les rayons et faire provision de bois culturel pour l'hiver et même l'année.
Ici, je vous propose de vous prendre par l'esprit pour vous conduire vers ce qui me semble intéressant et pourrait l'être pour vous. Mais retenons déjà que le programme culturel du SILA ne se limite pas à celui de ses organisateurs. Sur plus de mille stands, plusieurs proposent des activités in situ soutenues, à commencer par la traditionnelle séance de dédicaces jusqu'à des débats pour ceux qui ont aménagé des espaces à cet effet. Leur animation constitue l'âme du salon si l'on peut dire.
1 jusqu'en chine !
On m'a récemment appris que le fameux hadith prophétique, «Cherche le savoir jusqu'en Chine s'il le faut», ne serait pas authentifié en tant que tel. Mais rien n'empêche de le garder en tant qu'adage profane d'une belle sagesse. La présence de la Chine en tant qu'invitée d'honneur du SILA l'illustre bien. Elle coïncide avec le 60e anniversaire de la création du GPRA que ce pays fut le premier non arabe à reconnaître.
Personnellement, j'adore la littérature chinoise, bien que la disponibilité des traductions ait limité ma fascination. Elle est apparue il y a plus de 4000 ans et, il y a environ 2000 ans, on publiait déjà en Chine des ouvrages de critique littéraire ! J'espère qu'on trouvera au SILA des traductions des Quatre livres extraordinaires : Les trois royaumes, Au bord de l'eau, Le voyage vers l'Ouest et Le rêve dans le Pavillon rouge.
Ces romans classiques volumineux incarnent toute la richesse d'un patrimoine littéraire exceptionnel porté par l'invention de l'imprimerie six siècles avant Gutenberg. Aujourd'hui, la Chine est devenue la première puissance éditoriale dans le monde. En 2017, elle a publié 9 milliards d'exemplaires avec plus de 250 000 nouveaux titres. En 2011, le chiffre d'affaires de ce secteur atteignait plus de 8 milliards d'euros. Et on arrête là pour vous éviter le vertige !
Dans ses bagages, la Chine ramène 43 éditeurs qui occuperont 500 m2 de surface et une délégation de plus de 150 personnes. Parmi eux, le premier prix Nobel que le Salon d'Alger accueille depuis sa création, le fameux Mo Yan que j'aurais l'honneur de présenter avec mon confrère et ami d'El Khabar, Hamid Abdelkader. L'auteur du célèbre Le Clan du Sorgho fera connaître aussi son immense humilité.
Mais on comptera aussi d'autres écrivains chinois remarquables : Alaï, bardé de prix prestigieux dont le prix Maodun du roman historique en 2000 ; Cao Wenxuan, dont les livres pour enfants ont fait le tour du monde dans près de 70 langues, l'un d'entre eux réédité 300 fois (!) ; Xu Zechen, symbole d'une nouvelle génération d'auteurs talentueux centrés sur l'adversité et les espérances du monde urbain ; enfin Zhao Lihong qui fut ouvrier agricole sur une île isolée et dont le parcours littéraire est tout simplement inouï. Et encore bien d'autres rendez-vous avec la Chine du livre !
2 noces d'or de costa-gavras.
Mais que fait un cinéaste dans un Salon du livre, passible de concurrence déloyale avec les écrivains ? D'abord Costa-Gavras est un lecteur passionné et une grande partie de son œuvre est inspirée de la littérature. La plupart de ses chefs-d'œuvre sont d'ailleurs des adaptations. Ensuite, l'immense réalisateur vient présenter ses Mémoires intitulées «Va où il est impossible d'aller» (Seuil, 2018).
Enfin et peut-être surtout, il a tenu à fêter avec les Algériens le cinquantenaire du tournage de «Z» qui avait eu lieu à Alger en 1968. Il n'a jamais oublié l'aide que lui a apporté notre pays et c'est sous son drapeau qu'il avait reçu deux Oscars, le Prix du Jury de Cannes et quantité d'autres distinctions. Dans ses bagages, il ramène aussi la version numérique de «Z» qui vient d'être réalisée.
L'or, il le connaît déjà avec au moins la Palme d'Or qu'il a obtenue pour «Missing» (1982) et l'Ours d'Or emporté avec «Music Box» (1990). Mais celui qu'il vient chercher à Alger, c'est celui de ses noces d'or, cinquante ans de mariage avec Michèle qu'il a épousée sur le tournage de «Z» selon le journaliste people bien connu, Ahmed Bedjaoui.
3 cuba si ! connelly yes !
Une visite du pays éloigné le plus voisin de l'Algérie, Cuba, avec cinq personnalités : le directeur de l'Institut cubain du Livre et responsable de la Foire internationale du Livre de La Havane, Juan Rodriguez Carbera ; l'écrivaine Adelaïda Fernandez de Juan ; la critique littéraire Iyaimi Tania PalomaresMederos ; le grand libraire et responsable des exportations du livre cubain, Alberto NegrinColina, et l'historien R. Manuel Sanchez Porro, spécialiste de l'Afrique et du Moyen-Orient.
Leur plateau permettra de découvrir la littérature et l'édition à Cuba et de préluder à la participation de l'Algérie, en tant que pays invité d'honneur, à la 28e Foire internationale du Livre de Cuba (février 2019) qui a accueille plus de deux millions de visiteurs.
D'un pays voisin mais éloigné de Cuba, nous vient l'historien américain Matthew Connelly, professeur à l'université Columbia. En 2002, il a publié un livre-événement sur la guerre de Libération algérienne récompensé par des prix prestigieux. Publié en France en 2011 sous le titre «L'arme secrète du FLN. Comment de Gaulle a perdu la Guerre d'Algérie»(Payot), il montre comment la diplomatie, l'information et la communication ont pris le relais de l'action militaire fortement ébranlée. Pour lui, cette «révolution diplomatique» des Algériens est à «l'origine de l'ère de l'après-guerre froide».
Sa conférence suivra une table-ronde magistrale sur le GPRA avec les historiens algériens, Mohamed Abbas et Abdelmadjid Merdaci (qui vient de sortir un livre sur le sujet), leur confrère chinois, XinDeyong, et Mohamed Khelladi, ancien diplomate et témoin actif de cet événement. Bref, du lourd et du profond en perspective sous la houlette de notre confrère Noureddine Azzouz.
4 classes vides, estrades pleines.
Le SILA coïncide avec les vacances scolaires d'automne ce qui augure d'une grande fréquentation, notamment si le reliquat d'été persiste. Les Estrades consacrées traditionnellement aux écrivains, poètes et essayistes sous forme de «cartes blanches» font le plein avec 17 propositions.
On y rencontrera des auteurs d'Egypte (Djaber Asfour), de Grèce (Stavroula Dimitriou), du Pérou (Grecia Cacerès), du Mexique (Eduardo Ramos Ezquierdo), de Tunisie (Choukri Mabkhout), du Maroc (Charadfine Majdouline), d'Espagne (Pedro Enriquez Martinez), de Palestine (Yahia Yekhlef) et d'Italie (Paola Caridi).
Les organisateurs ont innové en reliant des estrades entre elles en duos ou trios centrés sur des territoires : un continent avec Bonjour à l'Amérique latine, une région avec Maghreb en lettres et un pays avec Palestine au cœur.
Les écrivains algériens ne sont pas en reste avec Maïssa Bey, Waciny Laredj, Mohamed Magani, Rachid Boudjedra, Habib Sayah et Aïcha Kassoul, talentueux représentants de notre littérature contemporaine qui viennent présenter leurs dernières créations.
Mais les Estrades ne sont pas les seules occasions de rencontrer des auteurs algériens. On les retrouve aussi sur les scènes thématiques qui regroupent des plumes confirmées mais aussi de nombreux jeunes écrivains émergeants. Abdelkader Djemaï, Mohamed-Lamine Bahri, Yahia Belaskri, WassilaSennani et Brahim Tazaghart viendront discuter sur «Le roman et l'Histoire».
Abdelhafid Ben Djallouli, Amier Bouadouad, Abdelkader Difallah, Abdallah Kerroum, Djamel Mati, Djamila Taïbaoui seront de la partie pour la rencontre Sahara je t'écris. Quant au thème «Prix littéraires : consécrations ou tremplins ?», elle réunira plusieurs lauréats de distinctions littéraires : Amine Aït Hadi, Lynda Koudache, Sofiane Mokhnache, Rafik Taïbi, Ahmed Tibaoui et Mustapha Zaarouri.
5 si vous vous interessez…
Difficile d'énumérer tous les moments de cette 23e édition. Si vous vous intéressez à la culture amazighe, vous pourrez notamment assister à la Journée d'étude sur la littérature organisée par le Haut Commissariat à l'Amazighité ainsi qu'à l'hommage à Taos Amrouche.
Si vous vous intéressez à la religion, notez cette conférence d'Ahmed Djebbar sur la science et la rationalité en pays d'Islam ou encore celle de Mustapha Chérif et Bouzid Boumediene sur le dialogue des civilisations ou encore celles proposées par le Haut Conseil Islamique et le Ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, lequel clôturera par une lecture de poèmes soufis en trois langues.
Si vous vous intéressez aux profondeurs de l'écriture littéraire, allez à la 10e Rencontre euromaghrébine des écrivains qui abordera le souvenir comme source de la création. N'oubliez pas de passer à l'espace Esprit Panaf si c'est la littérature et la culture africaines qui vous intéressent.
Des rencontres passionnantes y sont programmées ainsi qu'une pièce de théâtre d'Aimé Césaire, La tempête dans la salle du SILA. Si c'est l'histoire qui vous interpelle, outre tout ce qui a été cité à ce propos, ne ratez pas la conférence de l'historien Gilles Manceron, paradoxalement d'actualité puisqu'elle s'intitule «Maurice Audin… et les autres ?» Maintenant, si c'est le football qui vous passionne, dans sa version livresque, ne ratez pas la rencontre avec Hamid Zouba, Mustapha Dahleb et notre confrère Ahmed Bessol sur leurs livres parus aux éditions Anep.
A voir également, Alice Schwarzer, la grande journaliste allemande et figure du mouvement féministe mondial qui viendra parler de son livre «Ma famille algérienne» à l'initiative de l'Ambassade d'Allemagne en Algérie. N'oublions pas la rencontre intitulée «Algérie, terre de philosophie ?» avec Djamel Belkacem, Samia Ben Akouche, Bouzid Boumediène, Omar Mehibel et Farah Messarhi animée par le Pr Ali Ziki. Pour moi, la réponse est non mais à savoir…
6 le salon digital.
Pendant des années, le Salon a souffert d'un manque d'informations et d'orientation. Si la signalisation s'était améliorée, on restait encore en deçà de l'énorme demande de visiteurs de plus en plus nombreux et exigeants. L'an dernier le SILA, en partenariat avec Netfer, une start-up de jeunes informaticiens, avait lancé une application mobile Androïd qui s'était avérée efficace mais n'avait pas été assez découverte par le public.
Fonctionnant en langue arabe ou française, elle revient cette année avec des améliorations et de nouvelles fonctionnalités. Disponible sur Google Play, elle permet de localiser un livre, un stand, d'obtenir des plans du Salon, les programmes culturels, etc. Cette année, elle permet en outre de mémoriser des favoris.
Pour le retardataire numérique que je suis, c'est une belle avancée et, pour l'avoir essayé l'an dernier, je peux vous confier une astuce pour obtenir toutes ces informations sans autre appareil que les relations humaines. Quand je voulais repérer un livre, je demandais gentiment à n'importe quel jeune de passage avec son bel appareil. Et ils étaient tout heureux de me renseigner entre deux selfies. Ce qui me donne une transition parfaite vers ma conclusion.
7 la dimension humaine.
Bien sûr un Salon du livre se mesure à son organisation, à sa fréquentation, au nombre et à la qualité des livres qu'il expose, aux activités culturelles qu'il propose, etc. Mais son atmosphère est certainement un indice d'appréciation non négligeable. Et de ce point de vue, le SILA, sans doute critiquable par bien des aspects, demeure un formidable creuset sociologique.
Je n'ai raté qu'une seule de ses 23 éditions et, d'aussi loin que je m'en souvienne, même quand il s'est déroulé aux pires moments de l'histoire récente du pays, l'ambiance qui y régnait dégageait un grand sentiment de tolérance. Des dizaines de milliers de personnes s'y croisent, différentes par les âges, les sexes, les niveaux socioculturels, les occupations et surtout les styles de vie avec une fluidité et une sérénité que l'on est loin de trouver dans les espaces publics urbains notamment.
Aussi, le Salon du Livre m'apparaît toujours comme un exercice à grande échelle ou une simulation collective de la société dans laquelle nous aimerions vivre et où chacun se contenterait de laisser l'autre respirer et mener son existence sans gêner, ni nuire, ni prétendre imposer ses choix. Cela ne dure que dix jours mais il ne faut pas se priver de ce spectacle humain où nos compatriotes se comportent avec une grâce de civilités rarement troublées.
Je peux rater un livre ou une conférence, mais pas ce formidable spectacle de paix et de partage. Est-ce que la présence de tant de livres concentrés en un seul endroit dégage des ondes positives ? Est-ce plutôt parce que ceux qui aiment les livres sont plus nombreux en ces lieux ? Le livre ensemble, oui. Dix jours pour nous prouver que nous pourrions…


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