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L'illusion de la croissance
Publié dans El Watan le 04 - 07 - 2004

La croissance des services (hors services des administrations) concerne particulièrement les transports-communication et le commerce dont les parts cumulées dans la valeur ajoutée totale HH sont passés de 30,9 % à 40,2 % entre 1990 et 2001. La croissance des services au cours de la dernière décennie – résultat de la libéralisation du commerce extérieur et domestique – est confortée, notamment pour les transports-communication et le commerce sur la période 1999-2003 (3,9 % de croissance en moyenne), par l'explosion des importations qui ont crû de 21,6 % en volume entre 2000 et 2003. Mais les secteurs du BTPH et des services produits en Algérie ont une double particularité : celle de ne pas produire de biens et services ayant une valeur internationale (ils ne sont pas échangeables sur les marchés internationaux) et celle qui fait que leur activité est fortement dépendante, dans notre pays, des dépenses publiques d'équipement pour le BTPH et de l'augmentation de l'offre de biens disponibles grâce à l'augmentation des importations pour le commerce et les transports. C'est la raison pour laquelle la croissance dans ce type d'activité ne concourt qu'à la reproduction du schéma de fonctionnement de notre économie fondée sur « l'excroissance » d'activités liées principalement, à la redistribution de la rente pétrolière.
Croissance et économie de rente
Un ex-gouverneur de la Banque d'Algérie s'est ouvertement posé la question de savoir s'il existait une économie algérienne. Loin d'être une boutade, la question mérite d'être prise au sérieux et à la lettre. Jugeons-en. Entre 1999 et 2003, la part du secteur des hydrocarbures dans la valeur ajoutée totale de l'ensemble des secteurs d'activité (hors services des ADM) représente en moyenne 43,1 %. Certes, la bonne tenue des prix du pétrole depuis l'année 2000 a considérablement gonflé cette part; il n'en reste pas moins qu'elle est prépondérante, y compris lorsque les prix du pétrole se situent à des niveaux modestes. Plus encore, l'activité dans les hydrocarbures entretient peu de relations d'échanges avec les autres secteurs d'activité si ce n'est leur approvisionnement en produits pétroliers. Ce secteur est très peu consommateur (relativement au niveau de son chiffre d'affaires) de biens et services domestiques. Loin de «tirer» la croissance de l'économie comme se plaisent à le signifier les rapports officiels de nos institutions, l'activité dans ce secteur est juxtaposée à celle des autres secteurs sans entretenir de relations d'échanges susceptibles d'élargir et de stimuler leur activité. Mais c'est du côté des revenus et de la demande globale que la place qu'occupe le secteur des hydrocarbures est inquiétante parce que déterminante pour l'ensemble de l'activité économique nationale. Plus de 95 % de nos recettes d'exportations proviennent de ce secteur et couvrent non seulement la totalité de nos importations en biens de consommation et d'équipement mais aussi les déficits de nos balances des services et de capital avec le reste du monde. Plus préoccupant encore, la part des recettes fiscales provenant des hydrocarbures sur le total des recettes de l'Etat atteint une moyenne annuelle de 66,3 % sur la période 1999-2003. A partir de 2000, la totalité des dépenses courantes de l'Etat (dont plus de 60 % sont constituées par des revenus distribués, salaires des fonctionnaires, pensions des moudjahidine, autres transferts…) est couverte par les recettes fiscales des hydrocarbures. Par ailleurs, la part des dépenses de l'Etat dans l'absorption (consommation + investissement), alimentées par les recettes fiscales provenant des hydrocarbures qui est un indicateur de la part de la demande globale en biens et services alimentée directement par les revenus tirés des hydrocarbures, est en moyenne annuelle sur les cinq dernières années de 27,6 %. Au total, l'activité économique nationale est totalement dépendante des exportations d'hydrocarbures (qui constituent l'essentiel du chiffre d'affaires de Sonatrach) :
– Par les importations de biens intermédiaires et d'équipement sans lesquelles la quasi-totalité des entreprises du secteur manufacturier fermerait ses portes ;
– par les importations de biens de consommation durables et non durables qui alimentent en très grande partie les activités de services (commerce, transports…) ;
– par les revenus issus de la fiscalité sur les hydrocarbures et distribués directement par le biais des dépenses de l'Etat qui alimentent pour près d'un tiers la demande globale de biens et services et indirectement par les revenus générés par les activités des entreprises dont l'activité est fortement liée aux autres dépenses de l'Etat (en particulier le BTPH)…
Quelle politique économique ?
C'est au regard de cette situation de dépendance totale de l'activité économique du pays de la rente pétrolière qu'il faut juger la croissance, et notamment celle obtenue par l'injection massive d'argent dans les circuits économiques. En l'occurrence et comme on l'a vu précédemment, qu'il s'agisse de la croissance modeste des années 1998 – 2001 ou de celle plus élevée des années 2002 et 2003, le jugement est sans appel . Elle n'a pas encore été amorcée dans les secteurs manufacturiers et de services qui sont les seuls secteurs susceptibles :
1- De produire (avec l'agriculture) des marchandises ayant une valeur internationale et donc d'aboutir à une diversification des exportations;
2- d'augmenter les capacités productives du pays en biens et services et donc de maintenir le niveau atteint par le PIB réel même si l'investissement diminue par la suite. Ce qui n'est pas le cas de la croissance obtenue par l'augmentation des dépenses publiques qui, dans le cas algérien, ne stimule que le BTPH, les services (commerce et transport-communication)… et les importations et se traduira par une baisse du PIB réel (toutes choses égales par ailleurs), lorsque le niveau des dépenses publiques actuel ne pourra plus être maintenu. La mise en œuvre du programme d'ajustement structurel (1994/95 – 1998) – après l'expérience des conséquences économiques et sociales dramatiques nées des déséquilibres des années 1986-1994 – a contribué à introduire un minimum d'orthodoxie dans la gestion macro-économique et financière du pays.
L'incontournable stabilité macrofinancière qui en a résulté (inflation très modérée, viabilité de la balance des paiements, équilibre des comptes publics…) – à mettre à l'actif de nos gestionnaires – ne saurait cependant devenir un substitut à une politique économique de relance par l'offre au lieu et place de la politique actuelle de pseudo-relance par la dépense. Mais la relance par l'offre, synonyme de croissance durable, passe par une accélération des réformes structurelles. D'abord celle touchant le secteur public dont le poids dans les industries manufacturières reste plus élevé que celui du secteur privé. L'accélération de la privatisation et/ou la restructuration des entreprises publiques caractérisées par une très faible productivité et un désinvestissement avéré constituent le fondement de la libération de l'initiative pour la relance de l'investissement et l'amélioration de l'efficacité dans l'utilisation des ressources productives . De surcroît, devant l'étroitesse du champ d'activité du secteur privé industriel, une augmentation, même très importante de l'investissement en son sein, aura un impact très réduit sur les capacités de production nationale et la croissance globale. Cette accélération des réformes structurelles doit être accompagnée d'une vision à long terme par la mise en œuvre de politiques de développement sectoriel (industrie, tourisme… à l'image des pratiques aussi bien des pays émergents que des pays développés) – dans le cadre de l'économie de marché – ciblant les activités et créneaux dans lesquels notre pays dispose d'avantages comparatifs (coûts de la main-d'œuvre, de l'énergie, avantages naturels…). La réussite du programme national de développement de l'agriculture témoigne de l'efficacité de ce type de démarche. Le second volet relatif aux réformes structurelles concerne le secteur bancaire. Certes, des projets d'une importance capitale pour le secteur ont été engagés ou finalisés : – Modernisation de l'infrastructure des systèmes de paiement de masse et mise en place du système de règlement de gros montants qui aboutiront à terme à une réelle amélioration de certains services bancaires ;
– renforcement du cadre réglementaire de la supervision bancaire et des moyens de son application pour mieux prévenir (et traiter avec célérité) les risques de crises bancaires. Mais au regard des besoins du financement d'une économie en croissance et de l'amélioration de l'efficacité de l'intermédiation bancaire, beaucoup sinon tout reste à faire.
A titre révélateur, en dépit de la disponibilité des ressources au sein des banques, les crédits à l'économie rapportés au PIB se situent autour de 30 %, alors qu'ils atteignent 66 % en moyenne sur la période 1997-2000 en Tunisie. C'est dire la faiblesse de notre système de financement de l'économie.
L'accélération des réformes structurelles dans le secteur bancaire et financier se traduirait par une concurrence accrue porteuse de transformations grâce à l'ouverture du capital de banques publiques au professionnalisme et aux capacités d'innovation de partenaires étrangers intéressés.
Enfin, l'amélioration du climat des affaires, processus de longue haleine, doit couvrir des domaines aussi divers que le fonctionnement des ports, les douanes, le foncier industriel, l'administration fiscale, la réduction de la corruption, du secteur informel… Bref, non seulement le sentiment que l'on peut faire des affaires dans le cadre des lois en vigueur, mais aussi et surtout que cette possibilité soit effective sur le terrain. C'est à ce prix que le partenariat avec les entreprises étrangères et les investissements directs étrangers pourront se développer. Mais cela, les responsables de l'administration économique du pays le savent plus que tout autre.


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