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L'illusion de la croissance(1re partie)
Publié dans El Watan le 03 - 07 - 2004

Les taux de croissance économique enregistrés par notre économie en 2002 et 2003 (respectivement 4,1% et 6.,8%) et celui escompté en 2004, de l'ordre de 6 à 7%, s'ils constituent des sujets de satisfaction pour ceux qui ont en charge l'administration économique du pays, n'en véhiculent pas moins une profonde illusion quant au contenu de cette croissance. Beaucoup de commentateurs ont relevé son caractère éphémère et coûteux.
Elle ne résulte pas en effet d'une dynamique propre aux différents secteurs d'activité (à l'exception comme on le verra des secteurs des hydrocarbures et de l'agriculture), mais d'une très forte augmentation des dépenses publiques d'équipement liée à la mise en œuvre du Plan de soutien à la relance economique (PSRE) et permise par la très bonne tenue, depuis 4 ans, des prix des hydrocarbures exportés dont dépendent en très grande partie les recettes fiscales de l'Etat. Pour apprécier objectivement le contenu de cette croissance, il convient de rappeler, au-delà de l'augmentation du flux annuel des richesses nationales qu'elle indique, la signification et la portée de cette notion. La croissance économique est bien sûr une augmentation en volume, année après année, du flux des richesses produites par l'ensemble des agents économiques résidents. Elle est extensive lorsqu'elle résulte d'un accroissement proportionnel de l'emploi et du stock de capital. Elle est intensive lorsqu'elle résulte d'une amélioration de l'efficacité dans l'utilisation des ressources productives, c'est-à-dire d'une augmentation de la productivité. Mais qu'elle soit extensive ou intensive, la croissance n'acquiert de dynamique propre et n'est par conséquent durable que si elle constitue dans le même temps un accroissement des capacités productives nationales, seul garant du maintien, année après année, du niveau de production de richesses atteint. Au-delà de l'horizon du court terme, le principal sinon exclusif déterminant de la croissance est l'investissement. Lorsque ce dernier est réalisé par le secteur des entreprises (qu'elles soient publiques ou privées), il s'accompagne toujours d'une augmentation des capacités productives du pays et/ou de la productivité. Inversement, lorsqu'il est du seul fait de l'Etat (administration publique), il n'augmente pas toujours et directement les capacités productives de la nation en biens et services marchands (comme on le verra plus loin) bien qu'il améliore la dotation en infrastructures de base du pays. Celles-ci ne concourent qu'à long terme et indirectement à l'amélioration de la productivité du système productif. Il est donc insuffisant de caractériser la croissance enregistrée en 2003 par le simple fait qu'elle soit extensive... et finalement bienvenue. De même, pour apprécier le bien-fondé d'une politique économique de relance de l'activité par l'augmentation des dépenses budgétaires, rappelons dans quelles circonstances et dans quelles conditions cette politique peut porter ces fruits et posons la question de la pertinence de sa mise en œuvre dans le cas de l'économie algérienne. La formalisation sous forme de discours scientifique cohérent de la pertinence des politiques budgétaires contra-cycliques de relance de l'activité économique a été finalisée par J. M. Keynes. Sans remonter aux circonstances historiques de sa mise en œuvre, la politique d'augmentation des dépenses publiques, même au prix d'un déficit budgétaire, a été appliquée (et l'est encore aujourd'hui) à des économies en récession et disposant d'un système productif diversifié et relativement compétitif vis-à-vis de la concurrence étrangère, mais souffrant d'une atonie de la demande globale (insuffisance de la consommation, inadéquation entre la répartition des revenus et la structure de la production, incertitude sur l'avenir...). Accroissement de la demande globale En outre, l'effet recherché par l'augmentation des dépenses publiques n'est pas l'effet capacités de production mais l'effet revenu pour stimuler la demande et relancer la machine économique. Dans ces cas précis, l'augmentation des dépenses budgétaires induit un accroissement de la demande globale et se traduit par une augmentation de l'offre, puisque les capacités de production de biens et services existent et n'étaient qu'insuffisamment utilisées en raison de la faiblesse de la demande globale. L'enjeu n'est pas l'augmentation des capacités de production mais l'intensité de leur utilisation pour relancer l'activité économique à court terme et lutter contre la récession (l'augmentation de la production n'est pas obtenue par l'accroissement des capacités de production mais par l'accroissement du taux de leur utilisation). Là se trouvent les limites de ce type de croissance. Dans les pays dotés d'un système productif performant, cette politique conjoncturelle de court terme est mise en œuvre lors des périodes de récession ou de croissance très faible. Elle permet de maintenir une croissance de l'activité et de l'emploi durant les phases dépressives des cycles économiques. Comme ce type de croissance n'augmente pas (ou accroît très peu), les capacités de production de biens et services, dès que le niveau des dépenses publiques d'équipement revient à son niveau initial, la production de richesses (mesurée par le PIB réel) et l'emploi reviennent aussi à leurs niveaux initiaux (toutes choses égales par ailleurs). Autrement dit, au-delà de la période d'amortissement de la dépense supplémentaire, c'est la récession qui se profile à l'horizon. Dès lors, pour simplement maintenir le PIB au niveau qu'il a atteint au bout de la période, il faut maintenir le même niveau de dépenses publiques. Ce que l'on ne peut faire, dans le cas de notre économie que si le niveau des recettes fiscales de l'Etat se maintient au niveau où il est actuellement. Mais ce serait encore ... une fuite en avant. Au demeurant, l'effet multiplicateur de l'accroissement des dépenses publiques sur l'accroissement du PIB sera probablement très faible à la fin de la période de la mise en œuvre du PSRE en raison de la rigidité de l'offre de biens : entre 2001 et 2003, cet effet multiplicateur n'a été que de 1,1. On perçoit immédiatement dans le cas de l'économie algérienne que la politique de relance de l'activité économique par l'augmentation des dépenses publiques ne débouche principalement que sur un supplément de dotation du pays en infrastructures de base (ce qui est positif en soi), donc de l'activité du secteur du BTPH et... en augmentation des importations de biens ! (en inflation si nos capacités d'importation étaient limitées). La faiblesse de notre tissu industriel privé et l'atonie du secteur public interdisent à l'offre domestique de biens et services de répondre à une augmentation de la demande. L'économie algérienne a besoin d'une politique économique qui débouche sur une augmentation de l'offre de biens et services ayant une valeur internationale de préférence et non d'une relance de l'activité qui ne débouche que sur une relance... des importations et une excroissance des services qui leur sont liés. La nature de la croissance en 2002 et 2003 Examinons maintenant le détail de la croissance enregistrée en 2002 et 2003 pour éprouver notre hypothèse qu'elle ne débouche pas de manière significative sur une augmentation des capacités de production de biens, seule garante du maintien de la production de richesses et de l'emploi au niveau qu'ils ont atteint sans le maintien de l'injection massive et continue d'argent. Les taux de croissance du PIB en 2002 et 2003 (respectivement 4,1 et 6,8%) constituent objectivement les arbres qui cachent la forêt comme en témoigne la répartition sectorielle de la croissance du PIB : La croissance dans le secteur des hydrocarbures ne doit, bien évidemment, pas faire illusion. Le fait que les hydrocarbures aient une valeur internationale ne tient ni à la qualité du produit ni à sa compétitivité. A l'instar des autres pays pétroliers (ou miniers), la croissance dans ce secteur tient de la répartition mondiale des réserves de matières premières et donc du monopole que détiennent nos pays sur ces produits leur permettant de moduler en partie l'offre mondiale et la fixation des prix. De plus, en dépit de la place centrale qu'occupe le secteur des hydrocarbures dans l'économie algérienne, il ne participe que très peu, en tant que client, à la dynamique de l'offre interne de biens et services des autres secteurs. La croissance dans l'agriculture est erratique comme on peut le constater et tient des caprices de la pluviométrie qui détermine, année après année, les volumes de la production agricole. On signalera cependant que hors céréales, la production agricole enregistre des taux de croissance positifs et appréciables depuis un certain nombre d'années. C'est un des rares secteurs qui possèdent une réelle dynamique de croissance. La mise en œuvre d'un véritable plan de développement de l'agriculture n'est, très probablement, pas étrangère à cette dynamique. Ainsi, à l'exception de ces deux secteurs dont les capacités de production augmentent réellement, l'ensemble du secteur public industriel connaît une décroissance de son activité de l'ordre de 0,5% en moyenne sur la période 1999-2003 et 3,3% en 2003. En son sein, seul le secteur des ISMME (sidérurgie, construction mécanique et électricité) enregistre un taux de croissance moyen de 6,7% sur la même période (la sidérurgie a été privatisée en 2000) ; les autres secteurs enregistrent une décroissance continue de leur activité depuis au moins 1999 (en fait depuis 1989, puisque la production industrielle manufacturière du secteur public ne représente plus que 63% en 2003 de ce qu'elle était en 1989 !). Comme le montre le tableau ci-après, les secteurs industriels manufacturiers qui ont le plus souffert de cette décroissance sont les secteurs de l'agroalimentaire, des textiles, des industries du cuir et chaussures et enfin celui du bois, papier, liège et imprimeries. Les autres industries du secteur public qui arrivent à maintenir leur activité, par rapport à 1989, sont ceux liés au BTPH à qui ils fournissent ses imputs (matériaux de construction et dans une mesure moindre, les mines et carrières bien que leurs taux de croissance respectifs en 2003 aient été négatifs et quasi nuls). En ce qui concerne la croissance des industries du secteur privé, il est vrai qu'à l'inverse des industries manufacturières du secteur public,
elles ont enregistré un taux moyen de croissance de 5,16% entre 1999 et 2003 (4,4% entre 2000 et 2003 et « seulement » 2,9% en 2003). Toutefois, cette croissance des industries manufacturières du secteur privé n'est pas générale et uniforme. Sans nous étaler sur le détail des chiffres disponibles (source ONS), il convient de rappeler que par rapport à 1989, il y a eu régression (en termes de production physique) des activités industrielles privées dans les secteurs suivants : mines et carrières, ISMME, chimie-caoutchouc-plastique, textiles-bonneterie-confection et cuirs-chaussures ; par contre, dans les secteurs des matériaux de construction, de l'agroalimentaire et des industries du bois-liège-papier-imprimeries, le niveau de production physique en 2003 est supérieur à ce qu'il était en 1989. (A suivre)


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