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Rivés aux métiers d'art
Les métiers disparaissent au fil du temps
Publié dans El Watan le 22 - 02 - 2009

Tapi tel un reclus dans son espace artistique en son domicile à Baïnem (Hammamet), le peintre nonagénaire, Abderrahmane Sahouli, continue à s'adonner à sa passion : la peinture sur toile. L'espace d'une qaâda à bâtons rompus, il convoque des fragments de vie de son parcours artistique.
A 94 ans, le peintre du figuratif qui engrange une riche expérience dans l'art pictural refuse de prêter le flanc à la résignation. Il donne du cœur à l'ouvrage en taquinant, chaque jour que Dieu fait, l'art du chevalet. Il nous reçoit chez lui à Baïnem, plus précisément au n°37, rue Abou Moussa El Ach'ari (ex-Foucault). Une rue dont la dénomination nous renvoie à une image. Il nous rappelle le père de Foucault reclus dans le mont de l'Assekrem, un lieu qui, soit dit en passant, lui donnait matière à méditer. Ammi Abderrahmane Sahouli ne puise pas moins aussi son inspiration plastique du contrefort du massif forestier de cette bourgade littorale où est nichée sa petite villa de type colonial. Le poids des ans n'a pas eu raison de sa passion à laquelle il reste rivé depuis plus de 80 ans. Au contraire, l'activité plastique lui permet d'être plus ou moins alerte dans ses mouvements. Affable, il nous invite dans la courette ombragée de sa maison, après nous avoir fait faire le tour de son petit atelier dans lequel il évolue en ermite. Il meuble son temps en réalisant des tableaux autour du terroir : des scènes volées au détour du dédale des régions d'Algérie. Notre virée chez lui coïncide avec la mise en châssis d'un tableau présentant un site oasien béchari, une œuvre qui côtoie d'autres compositions comme celle « embrassant » une partie du front de mer à Bologhine qui force le regard du spectateur à une halte. D'autres travaux picturaux déclinant la nature morte tapissent le moindre recoin de son réduit. Notre regard est apostrophé dans la foulée par des compositions de miniatures et d'enluminures, quelques œuvres esquissées dans l'art de l'abstrait, sans omettre les châssis de bois posés en fatras à même le sol ou encore les tableaux de reconnaissance en guise d'hommage rendu par des organismes, pour le parcours artistique effectué depuis qu'il a intégré l'école de peinture, située à la rue de la Marine, alors qu'il venait de quitter l'école primaire Brahim Fatah à La Casbah. C'est d'ailleurs dans cette cité qu'il a vu le jour le 9 février 1915. C'est dans cette antique médina aussi qu'il a côtoyé les artistes peintres comme les regrettés Mostefa Ben Debbagh (art appliqué) et le miniaturiste Mohamed Temmam ou encore M'hamed Issiakhem, Mohamed Bensemmane, ou encore l'homme de lettres, Boudali Safir, qui dirigea la Société des beaux-arts dans les années soixante du siècle dernier. C'était l'époque où nous trimballions le chevalet. Les artistes peintres cherchaient les meilleurs plans avant de poser le trépied, support de la toile. Muni de sa valise, il déambulait tout jeune, dit-il, avec Mohamed Temmam, à travers les venelles de La Casbah ou le lieudit Les Tagarins pour immortaliser les paysages et décors d'El Djazaïr. Ammi Abderrahmane Sahouli se remémore, non sans peine, des souvenirs. Un itinéraire fécond où la mémoire lui fait parfois défaut. Plusieurs événements se bousculent au portillon de son esprit. Beaucoup de souvenirs émergent à la surface que sa femme et son fils confirment, sur la base d'un fonds documentaire. Il secoue sa mémoire avant d'égréner des fragments d'histoire, notamment les années de son service militaire et sa mobilisation lors de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle il purgea une peine de deux années de prison. Une période qui contribua relativement à sa formation de plasticien. Il nous raconte aussi l'atmosphère qui régnait au sein du milieu des arts plastiques dans la vie civile où les artistes avaient peine à subvenir à leur pitance. En 1946, Abderrahmane Sahouli rejoint, en sa qualité d'artiste peintre affirmé, la Société des beaux-arts dirigée alors par l'artiste Camille Leroy, et ce, parallèlement à l'activité professionnelle qu'il mena dans son atelier à Bab El Oued (Nelson). Il acquit un autre atelier au Champ de Manœuvres qui fut plastiqué par l'OAS en 1962. Il assura des travaux en tant qu'artiste spécialisé dans la création d'affiches de cinéma comme l'œuvre cinématographique le Vent des Aurès et la décoration des fonds de scène du TNA lorsque Mahieddine Bachtarzi le sollicita, dit-il. Lors du festival panafricain, en 1967, le comité d'organisation lui faisait appel pour la réalisation de grandes fresques. Ses élèves ont été Hamchaoui, Douadi ou encore Bencheikh. Soulignons que l'artiste Abderrahmane Sahouli ne quitta la Société des beaux-arts, créée en 1851 qu'en 1997, en sa qualité de président pour laisser place à Mustapha Belkahla qui la dirige depuis.
La Casbah et le vieil artisan
A La Cabah, seuls quelque vieilles personnes tiennent le cap et font perpétuer la mémoire. Il n'est pas étrange de voir toute la vieille médina transformée. Point d'échoppes d'artisans, comme on en voyait tellement. Les métiers, qui ont fait connaître La Casbah, sont remplacés par des commerces autrement plus juteux. Sauf que parmi ce fatras de commerces tout aussi dépenaillés l'un que l'autre, des artisans subsistent, font de la résistance, malgré les ans et la bêtise des hommes. Et ils sont nombreux à ne pas trop faire attention à ses ombres furtives qui se trouvent dans une Casbah qui se dégrade dans l'indifférence générale. Dans la Basse-Casbah, l'on remarque un vieil atelier d'ébénisterie d'art, tenu par un vieil homme qui y exerce avec patience son métier depuis 1940. Ammi Abdelkader a une échoppe à la rue Benachère (Ben'achir pour les nostalgiques), en face du premier cercle du Mouloudia, parallèle à la rue Souiqa. Cet espace, qui respire une atmosphère monacale, comme l'affirme son fils, un mordu des arts comme son géniteur, la fibre artistique se révèle à travers une « kuitra » suspendue dans un coin de mur, sur lequel une pendule centenaire égrène la mesure du temps. Pour son fils Madjid, le bois reste cette matière sacrée qu'utilise notre artiste : bois des Landes, eroco, sapili, cyprès, frêne, acajou, eucalyptus et bien d'autres pièces de bille comme le thuya ou le genévrier dont l'essence titille les narines. Des pièces de bois qu'il garde jalousement dans la soupente depuis plus d'une cinquantaine d'années. Les guéridons aux pieds graciles, les tables de salon aux colonnes cannelées et à l'encadrement galbé, ventru et sculpté dénotent d'un travail minutieux et d'un savoir-faire indéniable. Ammi Abdelkader continue à se frotter aux essences des derniers copeaux qu'il découpe, dégauchit, façonne, ajuste, colle, ponce, sculpte, cire et teinte avant de passer la pièce au vernis au tampon. « L'artisan est appelé de par son statut professionnel à ne pas verser dans la bataille de la production ou dans le produit factice. Le principe même de son activité repose, affirme-t-il, sur le diptyque : tabler sur le peu de production et la mise en valeur du produit ». Et de poursuivre : « Mon credo doit relever seulement et uniquement de la faculté de mettre en relief la valeur artistique. » La main experte, l'artisan s'affaire à fignoler l'œuvre, un dessus d'un meuble. Les gabarits qu'il applique et les nombreux compas qu'il fait intervenir pour la réalisation des différentes formes nous renseignent sur sa maîtrise et son amour pour l'art de l'ébénisterie. Cela ne nous édifie pas moins aussi sur le temps qu'il met pour donner naissance à une pièce d'œuvre, qu'il dit ne pas vouloir vendre n'était-ce pitance qu'il fallait assurer… Sur le peu de considération qu'a l'Etat pour les artisans, Ammi Abdelkader répond de manière péremptoire : « Dois-je vous dire que les gens ne préfèrent plus s'investir dans ce type d'activité qui n'assure pas de gain immédiat. » A bon entendeur…
M. Tchoubane, Nadir Iddir


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