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Historiens et universitaires dénoncent «une loi de règlement de compte»
Publié dans El Watan le 14 - 04 - 2005

«Nous avons réagi parce que, historiens, nous ne pouvons accepter qu'une loi nous impose une vérité officielle, quelle qu'elle soit. Nous aurions affirmé le même refus si les parlementaires avaient prétendu nous faire dire que la colonisation a été une réalité négative», affirme Claude Liauzu, professeur émérite à l'université Denis Diderot-Paris 7, un des principaux initiateurs de la pétition demandant la suppression de la loi du 23 février 2005. L'article 4 de cette loi «viole la laïcité, la liberté de pensée», poursuit Claude Liauzu. Et de dire encore : «C'est une loi de règlement de compte. Ce texte, si aberrant qu'il ne peut pas faire autorité, a été adopté par une poignée de députés dans des conditions inacceptables…» «A l'aube du XXIe siècle, on prend en otages d'une guerre de mémoire, qui n'a jamais cessé depuis 1962, les petits-enfants des protagonistes, on prend en otage la nation au profit d'activistes de la nostalgérie. Les auteurs de cet article 4 ne représentent pas les pieds-noirs ni les harkis dans leur ensemble, mais des groupes activistes. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.» Selon Claude Liauzu, ce qui se cache sous ce texte de loi est encore plus inquiétant. «Les élus et le gouvernement devraient s'informer sur certains de leurs conseillers, sacrés historiens pour l'occasion comme par exemple le Cercle algérianiste.» Il explique que ce qui sous-tend aussi cette loi c'est «la volonté d'imposer sa loi à l'Education nationale». «Avec mes collègues, j'estime, comme historien, mais aussi comme citoyen, que nous ne pouvons pas accepter que le pouvoir politique nous dicte le contenu du savoir historique que nous devons enseigner à nos élèves et à nos étudiants. L'autonomie de la recherche et de l'enseignement scientifiques est une dimension essentielle de la démocratie», souligne, pour sa part, Gérard Noiriel, directeur d'études à l'EHESS. Il relève que «de toutes parts, nous voyons émerger des groupes qui tentent de confisquer l'histoire à leur profit». «Les enjeux de mémoire sont devenus des enjeux politiques majeurs dans la société actuelle.» Et d'appuyer : «Si la loi du 23 février 2005 n'est pas supprimée, nous allons mettre le doigt dans un engrenage où l'histoire ne sera plus qu'un champ de bataille livré à ces groupements politiques. Une telle société n'a plus besoin d'historiens.» En tant qu'historien de l'immigration, Gérard Noiriel souligne que «la mémoire est une dimension essentielle de l'identité individuelle et collective. Le fait d'ordonner aux enseignants de mettre l'accent sur les “aspects positifs” de la colonisation ne peut que contribuer au sentiment d'humiliation dont souffre aujourd'hui la majorité des Français issus de l'immigration et dont beaucoup ont subi dans leur chair les violences coloniales. Cette humiliation supplémentaire risque d'accentuer le repli sur soi que l'on constate chez certains d'entre eux». L'historien Mohamed Harbi qualifie l'article 4 de la loi du 23 février 2005 de «manifeste du clientélisme politique qui gangrène la vie politique ici et ailleurs». Il rappelle : «Depuis des années, nous essayons de parvenir à un dégel et de faire travailler ensemble des historiens algériens et français. Cette loi vient au secours du parti de la glaciation ici comme en Algérie. Des hommes ont prospéré sur cette glaciation.» Thierry Le Bars affirme que les juristes sont également «interpellés» par cette loi et «scandalisés», car elle pose un premier problème, celui de la compétence juridique. «Il n'appartient pas au législateur de déterminer le contenu d'un programme scolaire», souligne le juriste. Il ajoute qu'il ne lui appartient pas non plus de dire l'Histoire. «Le législateur se prononce sur quelque chose qui n'est pas évident, soit sur le rôle de la colonisation, il a franchi un pas qu'il n'aurait pas dû franchir.» Pour le secrétaire général du RAP, Mouloud Aounit, la loi du 23 février 2005 est «une marque de mépris à l'endroit des historiens et de leur éthique, un mépris devant la vérité historique, un mépris à l'endroit du corps enseignant, un mépris vis-à-vis des victimes algériennes et françaises, un mépris à l'endroit de ceux qui s'efforcent de sortir des oubliettes des exactions de la colonisation».
«Notre objectif premier était d'informer le milieu enseignant et de lui proposer de prendre position. Ce but a été largement atteint. Nous pouvons dire que nous représentons la grande majorité des historiens de la colonisation et de l'immigration. Nous avons obtenu aussi des centaines de signatures d'enseignants», conclut Claude Liauzu. Pour sa part, la LDH a rendu public un texte «Le mépris de l'histoire et des victimes» signé par de nombreuses associations et personnalités. «En dictant une vision partielle et partiale de l'Histoire, le Parlement tente d'exonérer la République de ses responsabilités… Oublier les centaines de milliers de victimes qu'a entraînées la volonté d'indépendance et de dignité des peuples que la France a colonisés, c'est nier les atteintes aux droits de l'homme qu'ils ont endurées et les traiter, ainsi que leurs descendants, avec mépris», souligne le texte de la LDH.
Les principales dispositions du texte
Article 1er : reconnaissance de l'œuvre de la France outre-mer
«La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française.
Elle reconnaît les souffrances éprouvées et les sacrifices endurés par les rapatriés, les anciens membres des formations supplétives et assimilés, les disparus et les victimes civiles et militaires des événements liés au processus d'indépendance de ces anciens départements et territoires et leur rend, ainsi qu'à leurs familles, solennellement hommage.»
Article 4 : ce rôle positif sera enseigné
«Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite.
«Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.
La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l'étranger est encouragée.»
Articles 5 à 11 : droits des harkis
Article 13 : indemnité forfaitaire (et non imposable) au bénéfice de «personnes […] ayant fait l'objet, en relation directe avec les événements d'Algérie […], de condamnations ou de sanctions amnistiées […]».


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