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Hommage à Claude Liauzu
Publié dans El Watan le 10 - 06 - 2007

Disparition d'un des plus grands spécialistes français de la colonisation.
Au « devoir de mémoire », Claude Liauzu, décédé le 23 mai, préférait le « devoir d'Histoire ». L'historien Claude Liauzu, professeur émérite à l'université Paris VII, est mort pendant son sommeil, le 23 mai dernier. Il était l'un des plus grands spécialistes français de la colonisation et a été à l'origine de la mobilisation contre l'article 4 de la loi du 23 février 2005 prônant l'enseignement du « rôle positif de la présence française outre-mer ». L'historien avait également demandé, en vain, l'abrogation de l'article 3 de la même loi relatif à la création d'une Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie. Son dernier combat a été la dénonciation de la création, par le président Nicolas Sarkozy, d'un ministère associant « immigration » et « identité nationale ». Dans sa dernière contribution dans El Watan — il y en a eu plusieurs — , le 8 mai dernier, intitulée « L'histoire de la colonisation otage des présidentielles : et ensuite ? », Claude Liauzu écrivait : « Les historiens doivent crier casse-cou. Casse-cou contre l'article 3 de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, qui crée une Fondation pour la mémoire de l'Algérie et des combats d'Afrique du Nord, dont les fonctions prévoient des interventions dans l'enseignement. Singulier, si l'on pense aux guerres de mémoire qui continuent à opposer rapatriés, harkis, anciens du contingent, activistes de l'OAS, immigrés et anticolonialistes ! Singulière fondation sur laquelle un rapport, déposé en juin 2005, n'est toujours pas publié. Le risque est grand de voir les maigres crédits attribués aux universitaires détournés vers cette fondation, où des associations représentant des nostalgiques extrémistes de l'Algérie française chercheraient, comme pour le Mémorial de la France d'outre-mer à Marseille, à imposer leur point de vue et leur pouvoir. ». En conclusion de son texte, Claude Liauzu affirmait : « Le gouffre entre les études historiques et la crise des mémoires de notre société (comme de la société algérienne) appelle un effort de notre métier, et d'abord l'exigence de la liberté totale de la recherche et de l'enseignement, d'un travail en commun des spécialistes des deux rives. » La recherche historique doit être libre. « Une des raisons de combattre pour la liberté de l'histoire, c'est l'arrivée de jeunes chercheurs d'origine métropolitaine ou descendants d'immigrés de la colonisation : ils prendront la suite en posant leurs questions et ils n'auront pas la même dépendance que notre génération qui a vécu les décolonisations. Ils n'auront pas le même regard ni d'un côté ni de l'autre de la Méditerranée. » (interview à El Watan, édition du 31 mars 2007). Avec plusieurs historiens, Claude Liauzu s'était élevé contre la proposition de Nicolas Sarkozy, alors candidat à l'élection présidentielle, de créer un ministère de l'« Identité nationale et de l'Immigration » (Appel publié par Libération le 13 mars). « Ce qui est inacceptable, c'est le lien fait entre une crise de l'identité nationale et l'immigration présentée comme une menace. Cette attitude revient de manière classique lors de chaque grande crise de la société française ou ‘'l'étrange étranger''(juif, Italien ou Polonais, Arabe ou musulman...) devient le bouc émissaire, cause de tous nos malheurs… Ce qui est nouveau (et grotesque mais inquiétant) est de lier, dans un même ministère, les problèmes de l'identité nationale et une réalité qui a constitué la France, depuis un siècle, l'entrée des étrangers qui représentent, aujourd'hui, un bon tiers de la population française » (interview à El Watan, édition, du 31 mars 2007). Deux ans avant la création du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration, Claude Liauzu évoquait « la crise d'identité » de la société française, sous-jacente à la remontée de mémoire : « La mémoire de la société française, c'est un capital que des forces très opposées, de l'extrême droite à l'extrême gauche, cherchent à utiliser. C'est dangereux, il faut réfléchir à cela. Comment prendre en charge cette question ? Aujourd'hui, la nation a submergé la République. » (interview à El Watan, édition du 25 avril 2005). Le retour de mémoire pose, selon l'historien, des questions nouvelles. « L'un des buts est de constituer un collectif, un groupe de réflexion qui pourrait d'abord creuser tous ces problèmes et puis apporter des éléments de réponses. Il faut aussi transformer en profondeur l'enseignement de l'histoire dans la société française. L'enseignement de l'histoire ne peut plus être fondé sur la nation, tel que cela s'est fait au XIXe siècle ; une redifinition doit être réalisée du fait qu'aujourd'hui, les sociétés sont de plus en plus interdépendantes et, qu'au lieu de cultiver les ethnicismes et le passé, il faut prendre en charge le phénomène de métissage, qui n'a pas été beaucoup étudié. Il faut aussi que les sociétés du Tiers-Monde, au lieu de considérer l'héritage de la culture française comme un fait honteux, en fassent un enrichissement » (interview à El Watan, édition du 25 avril 2005). « Notre souci d'historiens, je pense à Meynier ou à Noiriel, est de considérer que notre travail doit être utile aux dominés. Notre logique n'est pas celle des politiques », ajoutait Claude Liauzu dans la même interview. Il a été, notamment, l'auteur de Colonisation. Droit d'inventaire (in La plus grande France revisitée, ouvrage collectif, Armand Colin, 2004) ; la Société française face au racisme - De la Révolution à nos jours (Complexe 1999 ) ; Aux origines des tiers-mondismes : colonisés et anticolonialistes en France -1919-1939 (mai 2000), Quand on chantait les colonies : colonisation et culture populaire de 1830 à nos jours (mars 2002). Sous sa direction un Dictionnaire de l'histoire de la colonisation, auquel ont contribué 70 historiens français et étrangers, dont des Algériens, a été publié par les éditions Larousse, en mars 2007. Biographie :
Claude Liauzu est né le 24 avril 1940 à Casablanca (Maroc). Avec sa femme, Josette Liauzu, également historienne, il a enseigné dix ans en Tunisie comme coopérant. Le couple milite à l'Union des étudiants communistes (UEC) et au Parti communiste français, et s'engage fortement pour l'indépendance de l'Algérie. Professeur à l'université de Paris VII (Denis-Diderot), Liauzu a notamment coordonné l'ouvrage Colonisation. Droit d'inventaire (Armand Colin, Paris, 2004).


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