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Partir ailleurs et mourir
Publié dans El Watan le 03 - 09 - 2005

«Vivre à Zekri, c'est mourir à petit feu et dans l'anonymat», lance Mourad, 24 ans, chômeur depuis qu'il a quitté les bancs de l'école il y a presque 8 ans. «C'est pour cette raison que j'ai envie d'aller m'installer ailleurs. Un endroit où il y a le minimum de conditions de vie, où je pourrai évoluer», explique-t-il entre deux gorgées de café qu'il partage avec deux de ses amis. Partir à tout prix. S'exiler.
Une pratique transmise d'une génération à une autre depuis des années. Aller vivre sous d'autres cieux plus cléments est en effet le seul rêve caressé par une jeunesse en manque de tout. Une jeunesse qui ne croit en rien dans une région qui a subi les affres du terrorisme. Dix ans de terreur intégriste, où l'on a assisté à l'assassinat de 3 gardes communaux en 2001, auront été largement suffisants pour voir les 32 villages composant la commune de Zekri se vider les uns après les autres.
La plupart des familles, notamment celles qui ont les moyens, ont préféré louer ou acheter des appartements à Azzazga, à Tizi Ouzou et à Alger. Faute de quoi, les familles les plus démunies sont restées sur place. Mais, devant la dégradation de la situation sécuritaire, elles ont cédé sous la pression terroriste.
Une vingtaine d'entre elles, originaires du arch d'Aït Hssaein (composé de 11 hameaux) ont rejoint ainsi le chef-lieu communal au début de l'année 2001. Elles ont laissé leurs terre et maison. Désertés, ces villages ont été transformés en un véritable champ de bataille entre les terroristes et les forces de l'ANP. Quatre familles, vivant auparavant au village de Tala Mala, ont assisté impuissantes à la destruction de leur maison, incendiée par les terroristes. Elles occupent illégalement les 42 logements APC/CNEP, sis au chef-lieu de Zekri et dont un bâtiment a été cédé au profit des éléments de la Gendarmerie nationale.
«Nous avons été contraints à quitter nos maisons, parce que notre vie et celle de nos enfants a été menacée. N'ayant pas où aller, nous avions occupé ces appartements. Mais nous avons informé tous les responsables des autorités locales de notre situation dramatique dans l'espoir de trouver une solution à notre problème», nous explique l'un des squatteurs. Mais les pouvoirs publics veulent les déloger. Les logements en question ont été transférés vers le social, apprend-on de l'administrateur communale qui affirme que «l'Etat est en train de chercher une solution pour les indus occupants». Après dix années de menace terroriste, il ne reste à Zekri que quelque 3700 habitants. Même si la situation sécuritaire s'est un peu améliorée, ceux qui sont partis ne veulent plus revenir. «Revenir, pour faire quoi ?», s'interroge Ramdane, un jeune étudiant à Tizi Ouzou. «Il n'y a rien qui puisse retenir un jeune dans une région dépourvue de minimum de commodités pour une vie décente», ajoute-t-il.
Une commune désœuvrée
L'enclavement de Zekri n'encourage en effet aucune personne souhaitant construire un avenir meilleur pour elle et pour sa progéniture. Pour se rendre dans cette commune, il faut emprunter une route vétuste de 16 km, semblable à une piste en certains endroits. Aucun panneau de signalisation sur le long du trajet, à part celui se trouvant sur la RN12 qui relie Tizi Ouzou à Béjaïa. Seuls des citoyens de la région peuvent vous aider à trouver votre chemin au milieu d'une région montagneuse. Au chef-lieu, il n'existe que quelques infrastructures : un petit siège abritant la mairie, une agence postale qui fonctionne au ralenti et une brigade de la gendarmerie qui semble être désertée elle aussi par ses occupants.
Seules ces institutions sont reliées au réseau téléphonique. «Algérie Télécom prévoit la réalisation d'une centrale téléphonique de 500 lignes. Elle lancera au départ 250 lignes», indique l'administrateur communal. Pour prodiguer des soins aux malades, la région dispose d'un seul dispensaire qui opère avec des moyens dérisoires. Un seul infirmier et deux médecins pour des consultations durant deux journées (le samedi et le lundi) pour 32 villages. Un médecin travaillant à titre privé s'est installé dans la région depuis quelques temps. Ce qui rassure un peu les riverains qui doivent se déplacer à chaque fois et en cas d'urgence à l'hôpital d'Azzazga, distant de plus de 27 km, sachant que le transport fait terriblement défaut. Trois fourgons privés pour assurer la desserte entre Zekri et Azzazga, se plaint-on. Les rares voitures rencontrées sur la route portent des immatriculations autres que celle de la wilaya de Tizi Ouzou. Signe fort d'un exode massif de la population locale, durant les dures années de la guerre de Libération nationale qui ont vu une participation massive de la population locale (plus de 300 martyrs), puis durant la décennie rouge. L'ancien marché hebdomadaire est fermé. Pour effectuer leurs achats, les citoyens s'alimentent chez trois commerçants qui vendent également du Paracétamol et autre médicaments qui ne nécessitent pas d'ordonnance médicale. Les deux cafétérias du chef-lieu ne désemplissent pas. C'est le passe-temps favori des habitants de la région, faute d'autres loisirs. En proie à la drogue et autres fléaux sociaux, les jeunes, qui représentent l'écrasante majorité de la population locale, ne sont pas pris en charge. Pas d'emploi stable pour survivre ni même de maison de jeunes pour occuper leur longue journée. Ce qui explique le taux élevé du chômage qui a atteint plus de 95%, dit-on. Un groupe de jeunes, qui se sont réfugiés sous l'ombre d'un olivier pour fuir un soleil de plomb de l'été, note avec dépit : «Depuis l'indépendance, notre commune n'a bénéficié d'aucun projet, qu'il soit étatique ou privé, capable de générer des emplois pour résorber la crise du chômage, du moins l'atténuer.» Une situation qui les poussent tous à aller à Tizi Ouzou et dans les autres wilayas du pays à la recherche d'un emploi. «Ceux qui travaillent à la mairie dans le cadre du filet social sont sous payés et souvent exploités», dénoncent-on au passage.
L'alimentation en eau potable se fait grâce à des fontaines publiques. La réalisation de réservoir d'eau et d'un réseau d'alimentation en eau potable (AEP) digne de ce nom se fait toujours attendre. Ce sera pour cette année probablement !
La construction d'un réservoir d'eau d'une capacité de 300 m3 et le raccordement en AEP du village Gourrara sont prévus dans le cadre des PCD de l'année en cours. Mais faudrait-il d'abord réparer les anciennes canalisations des hameaux de Taâroust et de Timizar Hend. Outre le problème d'eau, les villages de Bounaâmane, Thizagharine et Amalou sont sans électricité depuis l'indépendance. L'électrification des hameaux se fait par Sonelgaz par ordre de priorité, se justifie-t-on. «L'accès à l'information est un luxe pour nous», dira Rabah, presque la trentaine. Les journaux ne sont pas distribués dans la localité. «Je dois le commander chez un commerçant qui me le ramène de Yakouren tous les matins», ajoute notre interlocuteur. Les intempéries de l'hiver dernier ont coupé les villageois de Zekri du reste du monde pendant plus de 15 jours. «Des familles ont failli périr à cause de la neige qui a atteint 2 m à certains endroits», raconte-t-on avec amertume. «Un éleveur du village de Tighzart a failli lui aussi perdre tout son cheptel n'était la solidarité des citoyens qui lui ont rapporté des bottes de foin malgré les risques encourus», nous disent certains. Les responsables locaux, qui ont brillé par leur absence durant cette période de grave crise, comme cela fut souvent le cas, sont désignés du doigt par des citoyens désarmés et en détresse. Selon l'administrateur communal, l'Etat fait de son mieux pour maintenir la population locale sur place. Pourtant, la réalité est tout autre. Les habitants de Zekri préfèrent partir ailleurs que de rester chez eux.
Pour Hakim, c'est une question de temps. Le temps que les congés s'achèvent. Deux enfants, jouant aux cartes sous un abribus, songent déjà à partir sous d'autres cieux. Comme leurs aînés, ils affirment que «l'avenir sera meilleur ailleurs, mais pas à Zekri».


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