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Mister George veut devenir mister President !
Publié dans El Watan le 29 - 09 - 2005

C'est à un exercice périlleux que nous convie Weah qui va s'attaquer, dans quelques jours, à la présidence du Liberia. La tâche est bien plus ardue que les offensives qu'il a menées, souvent avec succès dans les surfaces de réparation adverses.
Adulé dans son pays, dont il est le personnage le plus célèbre, Weah compte sur son aura pour distancer la trentaine de candidats qui se bousculent aux portes du palais présidentiel. Le Liberia, pays dévasté par plus d'une décennie de guerre civile, va en effet renouveler son personnel politique. Son charisme et sa popularité suffiront-ils à l'ancien Ballon d'or international et africain pour décrocher la timbale ?
George Weah, sans doute l'un des meilleurs joueurs africains de tous les temps, a fait ses adieux au football, il y a quelques semaines, après une carrière bien remplie. A 38 ans, le célèbre libérien entend fermer le chapitre football pour se consacrer à la politique. Son ambition est de briguer la magistrature suprême du pays qui l'a vu naître. «Sachez qu'après 2 années de carrière, il était temps pour moi de ranger les crampons et d'aspirer à une autre vie. Le football aura été l'essence même de ma vie. J'ai été très heureux de vous avoir apporté de la joie ,des sourires, à travers mes dribbles et mes buts sur tous les terrains du
monde.»
De Douala à Monaco, Paris en passant par Milan, Marseille, Chelsea et Manchester City, sans compter la parenthèse El Djazira, la route fut longue, jalonnée de moments magiques.
Devenir une star
Né le 1er octobre 1966, Weah a grandi à Monrovia, dans une bicoque faite de bric et de broc, comme il en existe en nombre dans la capitale libérienne.
George sait ce que c'est que de traverser des épreuves, ce que c'est que d'être pauvre, de voir se fermer les portes, explique son beau-frère Koflia Nagbe. Les parents de Weah se sont séparés quand il était bébé, et c'est sa grand-mère qui l'a élevé aux côtés de ses 13 frères et sœurs. Il a appris à jouer au football dans les quartiers lépreux de Monrovia. A 18 ans, Weah était le meilleur joueur des invincibles Eleven. Ce qui lui permettait de gagner de l'argent de de continuer à faire vivre sa grand-mère et ses frères.
Il aurait pu demeurer au Liberia ; il serait resté un joueur talentueux, quoi que sans instruction, mais le président Doe est intervenu personnellement pour l'aider. Le président adorait le foot. Il a fait construire un immense stade à Monrovia et tenait à accompagner l'équipe nationale jusqu'au terrain de foot à bord de sa Cadillac décapotable. Doe nomma Weah capitaine de l'équipe nationale et l'invita au palais présidentiel pour discuter tactique.
Doe alla même jusqu'à envoyer l'équipe au Brésil pour y suivre un stage de haut niveau. «Quand ils ont eu l'idée de les envoyer au pays Carioca, beaucoup de gens ont protesté en disant que nos impôts ne devaient pas servir à ça», se rappelle Williams, le manager et confident de Weah. Doe n'a rien voulu entendre, il les envoya au Brésil. Cela a coûté 100 000 dollars. George dit qu'il est redevable de ça au peuple libérien. Il a une dette envers la société. En 1988, le club français AS Monaco lui a fait signer son premier contrat à l'étranger. Au début, Weah était déphasé, presque perdu. Il avait du talent mais n'arrivait pas à s'intégrer. Mais il finit à force d'abnégation à devenir un buteur redoutable.
«C'est sans doute le plus grand changement que j'aie jamais vu chez un joueur», assure Arsène Wenger, qui l'a fait signer à Monaco. «Il avait très envie de devenir une star et il est arrivé». En 1990, des rebelles captèrent Doe et se firent filmer en train de l'écarteler vivant. Après la mort de Doe, le pays glissa encore plus dans l'anarchie, Weah en garde des souvenirs meurtris.
Fondé par des esclaves américains affranchis, le Liberia est devenu en 1847 la première République d'Afrique. Au cours des vingt dernières années, le pays a sombré dans la dictature, l'économie s'est effondrée et la guerre a éclaté, faisant depuis plus de 150 000 victimes.
La fierté de l'Afrique
Des milliers de Libériens en quête de sécurité et d'emploi se sont réfugiés aux Etats-Unis. Relativement riches, ces expatriés influent sur la vie politique. C'est dire qu'une bonne partie de la campagne présidentielle se joue de l'autre côté de l'Atlantique. Au Liberia, c'est la première campagne d'une célébrité. Mais la candidature de Weah soulève bien des interrogations dans un continent habitué aux soubresauts et à l'instabilité. Une vedette réussira-t-elle là où la force et les idéologies ont échoué ?
Car depuis l'éviction de Taylor aujourd'hui réfugié au Nigeria, le Liberia est sous protectorat de l'ONU.
Quelque 15 000 casques bleus y maintiennent l'ordre.
Les troubles du Liberia ont commencé en 1980 avec le putsch. Mais les origines du drame de ce pays remontent à plus loin, sans doute à la date de la fondation de la République. Les esclaves affranchis qui avaient fui les Etats-Unis pour échapper aux inégalités arrivèrent en Afrique et instaurèrent un régime tout aussi totalitaire et tyrannique que ceux qui sévissaient dans les colonies blanches du reste du continent – avec leur comportement hérité des plantations et leur peau café au lait, les immigrés américains n'avaient que mépris pour les autochtones à la peau plus foncée. La constitution au Liberia ne reconnaît comme citoyen de plein droit que les descendants d'esclaves affranchis. Les colons très minoritaires finirent par former une élite fermée calquée sur le modèle du Sud des Etats-Unis. Autochtone, Weah est mal vu par cette frange de la société qui a pratiquement la haute main sur la politique et l'économie et qui, bien entendu, va tout tenter pour lui faire barrage. Weah aurait pu se contenter d'une vie douillette et fastueuse, mais il a pris un risque insensé en s'attaquant à un domaine qui lui est étranger. Qu'est-ce qui a donc poussé Weah dans cette voie compliquée et complexe ?
C'est tout simplement l'histoire d'une rencontre. En allant jouer un match avec l'équipe nationale du Liberia en Afrique du Sud, Weah y rencontra Nelson Mandela qui salua en lui, «la fierté de l'Afrique».
Cette rencontre, plus qu'une reconnaissance et une marque d'estime, devait éveiller le sentiment politique chez Weah. Lors des interviews sur sa carrière, il n'hésitait pas alors à évoquer la situation calamiteuse que vit son pays. En 1996, Weah donna un entretien à un journal américain, disant qu'il était temps que l'ONU intervienne. Mal lui en pris, car il n'a pas compté avec les seigneurs de la guerre qui sévissaient à Monrovia. Après la publication de cet article, les moins fidèles à Charles Taylor, alors chef rebelle, accaparent la résidence de bord de mer de Weah à Monrovia et y mirent le feu. Ils commirent d'autres exactions au sein de la famille du joueur. Weah comprit la menace. Il s'en tiendrait désormais au football. Pas seulement en jouant, mais en s'impliquant davantage dans le sport libérien en dotant l'équipe nationale d'équipements et d'argent en contribuant à la construction des stades… Tous les Libériens savent ce que Weah a fait pour son peuple. On dit qu'il a avancé 2 millions de dollars à l'équipe nationale de football. Il a financé les bourses d'étudiants brillants, envoyé des sacs de riz, rassuré les petites gens. Si bien que tout le peuple n'en pense que du bien. «Je pense que Weah est le seul à pouvoir apporter le soutien au peuple libérien, il n'est pas impliqué dans le passé tumultueux du pays, bien qu'il ait côtoyé Doe. C'est sûr, c'est un homme qui veut nous aider à reconstruire nos vies.»
Tremblez les politiciens !
Les opposants de Weah, quant à eux, ne cessent d'invoquer son inculture. Mais ces attaques ont un effet inverse, puisque près de la moitié des Libériens sont analphabètes ce qui ne fait qu'ajouter à son aura populiste – voir un des leurs aux commandes de l'Etat ne leur déplairait guère. Weah est furieux lorsque quelqu'un émet des doutes quant à son intelligence. Et les flèches sont toutes décochées par cette élite que Weah exècre.
«Ils font croire au monde que je ne sais ni lire ni écrire, que je ne sais pas parler, j'ai prouvé que je m'exprimais bien. Alors, tous ces gens peuvent bien penser ce qu'ils veulent. Et puis, (d'un ton méprisant) celui qui est un homme trop direct, qui a la peau trop foncée, qui est trop africain cible ces politiciens bardés de diplômes «qui n'ont jamais développé le pays, jamais créé d'emplois, jamais construit d'écoles ou d'hôpitaux et qui ne sont là que pour dilapider les biens du peuple».
Pour Weah, le Liberia a besoin de beaucoup plus de gens avec des qualités humaines, des gens qui veulent rendre leur dignité aux Libériens, qui veulent se mettre au service de leur pays. C'est un peu ça son programme politique, car la plupart de ses partisans ne se soucient pas de savoir comment il va gouverner, mais ce qu'il va leur donner.
«La politique, se contente-t-il de dire, est un jeu. Il faut former son équipe.»
Lorsqu'il est rentré au Liberia après un long séjour en Floride, son arrivée a mis la capitale en ébullition. Dans les rues embouteillées, les commerçants avaient fermé boutique et les étudiants avaient pris d'assaut la route qui mène à l'aéroport en scandant : «Tremblez les politiciens, Weah est là.» Déjà, lors de son retour triomphal au pays après l'annonce de sa candidature, ses sympathisants avaient donné le ton, à leur tête le Redeem Liberia (Sauver le Liberia), un groupe de jeunes citoyens qui avaient publié début septembre un communiqué explicite. «Après plusieurs années qui avaient divisé le peuple, les Libériens ont besoin d'un véritable patriote, d'un humanitaire pour délivrer le pays, et M. Weah est la seule personne en mesure de représenter une force unificatrice pour sauver le pays et réunifier son peuple.»
Les slogans traduisaient l'attachement du peuple à Weah, véritable icone malgré la tare de son manque d'instruction, que ses adversaires brandissent à chaque fois. «Ces gens éduqués nous ont donné des fusils pour tirer sur nos frères et sœurs, mais Weah, lui, est là pour nous apporter le bonheur qu'on attendait.»
Parcours
Né en 1966 à Monrovia où il est élevé par sa grand-mère avec treize frères et sœurs jusqu'au Ballon d'or 1995 pour ses exploits dans les plus grands clubs européens.
150 buts en 300 rencontres. Un record.
Au Liberia, il commence à jouer chez les Yong Survivors. Puis, ce sera le Tonnerre de Yaoundé (1987). Puis Monaco en 1988 jusqu'en 1992. La même année, il fait ses débuts au PSG où il restera 3 ans.
Mais c'est au célèbre club italien Milan AC qu'il effectuera son passage le plus long (1995- 2000), Manchester City puis Chelsea.
Il finira honorablement sa carrière de footballeur à l'O Marseille.
Champion du Cameroun (1988). Champion de France (1994). Trois coupes de France (1991-1993-1995). Deux coupes de la Ligue 1991-1995. Deux championnats d'Italie (1996-1999), une coupe d'Angleterre 1999. Ballon d'or international 1995 et double Ballon d'or africain 1989 et 1994.
Il est nommé ambassadeur itinérant de l'Unicef le 7 avril 1997.«Aujourd'hui, un des mes rêves, faire partie de la famille de l'Unicef est devenue réalité», déclare-t-il le jour de sa nomination. «Je tenais à utiliser mon statut de vedette pour servir d'exemple à suivre et encourager ainsi les enfants à retourner à l'école, surtout dans les pays déchirés par la guerre.»


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