Le calcul a été fait par l'institut français d'études démographiques, l'INED. La Terre comptait 6 milliards d'êtres humains en 2000, 4 en 1987, 3 en 1960 et 2 en 1930. Les démographes pensent que le seuil des 6,5 milliards a déjà été dépassé. Selon les statistiques de l'ONU, ce chiffre devait être atteint le 19 décembre dernier. «Le nombre des êtres humains est connu à quelques pour cent près, il est donc possible que le seuil de 6,5 milliards ait déjà été franchi il y a un ou deux ans, ou qu'il le soit dans un ou deux ans», précise un responsable de l'INED, cité récemment par Le Monde. En six ans, la population du monde a grimpé de près de 500 millions d'individus, à raison de 95 millions par an. Cela est cependant loin d'être effrayant. Les études faites par les spécialistes en la matière et les analyses des données chiffrées ont, bien au contraire, démontré qu'il y a eu une véritable décélération de la croissance démographique dans le monde, deux fois plus qu'attendue. Cela au point que toutes les statistiques d'il y a un demi-siècle ont été démenties. La propagation effrénée du sida – qui continue à faire des ravages au sein des populations de l'Afrique centrale et subsaharienne – s'ajoutant aux diverses épidémies qui ont frappé de plein fouet le continent noir et notamment l'Asie, ainsi que les conflits armés interethniques ont fait que le nombre de décès augmente plus vite que le nombre de naissances. L'INED estime que cette décélération est également le résultat de la baisse de la fécondité dans tout le globe, due essentiellement à des facteurs d'ordre socioéconomique. Par exemple, en Chine, l'Etat encourage les couples à ne pas avoir plus d'un enfant en leur octroyant des primes et d'autres avantages. En même temps, il applique des mesures dissuasives contre ceux qui osent franchir ce seuil. Il faut savoir que l'Asie compte 57% de la population mondiale. Le reste de la population se concentre à hauteur de 26% en Afrique, 9% en Amérique latine, 5% en Europe, 3% en Amérique du Nord et moins de 1% en Océanie. La Chine demeure le pays le plus peuplé au monde avec 1 269 000 000 d'âmes, suivie de près par l'Inde, classée deuxième avec 1 000 800 000. Viennent ensuite les Etats-Unis d'Amérique en troisième place, l'Indonésie en quatrième place et le Brésil en cinquième place. En Europe, l'Allemagne occupe la première position avec 80 400 000 habitants. En Afrique, le Nigeria se distingue avec ses 110 000 000 d'habitants, suivi de l'Egypte avec 67 millions. Les pays qui connaissent une progression importante sont, entre autres, le Pakistan (5,74%), Andorre (5,5%), la Jordanie (5%), le Yémen (5%), la Gambie (4%), le sultanat d'Oman (4%) et le Mozambique (4%). La tendance de certains autres pays est à la baisse, parfois inquiétante. C'est le cas du Rwanda, qui a enregistré en 2005 une diminution de sa population de 6%. La même tendance a été enregistrée au Koweït (-5%), au Liberia (-4%) et en Estonie (-1%). D'autres pays, tels que la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Italie et le Japon ont un accroissement de zéro pour cent. Projections Selon les prévisions de démographes, la Terre compterait 8 milliards d'êtres humains dans les 25 ans à venir et près de 40 milliards en 2100 si, bien sûr, la tendance démographique actuelle reste la même. La population africaine, quant à elle, doublera dans les 25 prochaines années. Elle est actuellement de 900 millions. Gilles Pison, directeur de la communication dans un magazine français, estime, dans des déclarations à des journaux français, que le continent noir aura ses 2 milliards d'habitants en 2050. Aussi juge-t-il que la croissance démographique que connaissent les pays asiatiques est très lente par rapport aux anciennes prévisions. La Chine devrait atteindre le 1,5 milliard dans 30 ans, avec une progression annuelle de 1%. Si l'on tient compte de son taux d'accroissement – qui est de 2% -, l'Inde prendra inéluctablement la première place d'ici 30 à 40 ans. Les projections des démographes indiquent que ce pays aurait en 2050 plus d'un milliard et demi d'habitants. Plus que la Chine donc. Toujours selon le chercheur Pison, le vieux continent arrivera à maintenir son équilibre et gardera la même tendance, à savoir plus de naissances que de décès. Deux milliards… de logements Avec l'accroissement démographique, la planète sera confrontée, dans les 20 ans à venir, à deux véritables défis : l'eau et le logement. D'ailleurs, la réflexion politique mondiale se concentre d'ores et déjà sur ces deux problèmes majeurs. Dans son dernier rapport annuel, le programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU Habitat) a estimé que 2 milliards de personnes vont avoir besoin d'un logement dans les 25 années à venir. «Il faudrait construire 96 150 logements chaque jour, soit 4000 par heure d'ici à 2030», a alerté cet organisme onusien. Actuellement, 50% de la population mondiale vit en zone urbaine. En 2025, 70% de terriens vivraient dans les villes. Si la population du globe va tripler dans les 40 prochaines années, le besoin en eau va sextupler. Et l'on parle déjà d'«une prochaine crise de l'eau» dans le monde. Déjà, il y a actuellement 31 pays d'Afrique et du Proche-Orient qui vivent dans des difficultés liées à l'approvisionnement en eau. Certains pays de l'Afrique subsaharienne, traversés par une longue période de sécheresse, connaissent une grave pénurie d'eau. Vers la fin du quart de siècle entamé, au moins 17 autres pays seront confrontés à de sérieux problèmes d'approvisionnement en pétrole bleu. Ces problèmes toucheraient près de 2,1 milliards d'êtres humains. Selon un rapport de «Population Information Program», organisation humanitaire basée en Amérique, d'ici à 2025, 48 pays, représentant 35% de la population mondiale prévue pour cette date, seront touchés par des difficultés liées à un manque d'eau. Neuf autres pays, dont la Chine et le Pakistan, seront proches d'une situation difficile. Ce besoin supplémentaire est expliqué aussi bien par la croissance démographique que par le développement industriel et l'intensification de l'agriculture irriguée. Outre cela, d'autres problèmes liés à l'accès aux soins de santé, à l'éducation et à l'emploi vont s'accentuer. Certains spécialistes en la matière craignent une surpopulation de la Terre, qui rendrait inéluctablement difficile la satisfaction des besoins essentiels de l'homme. Les disparités vont s'exacerber et les habitants des pays du Nord continueront à accaparer les trois quarts des ressources du globe. Les pays du Sud se disputeraient, quant à eux, le quart restant.
