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Empreinte : De l'origine des querelles linguistiques
Publié dans El Watan le 04 - 05 - 2006

Souvent, nous constatons «l'inintelligence» des moyens informatiques qui ne peuvent pas toujours répondre aux exigences du cerveau humain. Et l'on reste désemparé devant l'inanité, voire l'idiotie de la technologie. Ces moyens aussi fabuleux qu'ils soient et aussi efficaces qu'ils puissent être ne répondent jamais à la demande de plus en plus exigeante des besoins humains. L'utilisation des langages de l'ordinateur ou des téléphones sans fil a permis de développer une sorte d'illétrisme, à travers l'écriture intuitive ou l'orthographie phonétique. Pour aller plus vite, on oblige l'utilisateur à ignorer l'orthographe, la grammaire et toutes les formes linguistiques. C'est ainsi que sont apparues, simultanément avec le développement des technologies nouvelles, des thèses pédagogiques qui se veulent révolutionnaires mais qui sont en fait très dangereuses pour l'apprentissage des langues et donc pour le développement de l'intelligence chez l'enfant.
Chez l'enfant le rapport entre le phonème et le sens qu'il «colporte» est de l'ordre du dialectique et de «l'intégratique». Ecrire comme on entend, élimine la part d'abstraction qui organise naturellement l'intelligence de l'enfant. Si certaines langues, comme l'arabe, par exemple, ont une orthographie quasiment phonétique (il en est de même de l'espagnol, de l'italien, etc. mais il n'en va pas de même pour d'autres langues comme le français, l'allemand ou le russe, etc.), l' apprentissage des langues (comme celui des mathématiques) développe aussi le savoir ou plutôt les techniques pour y accéder ; et donc il développe le sens de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas.
Dans certains cas, l'enfant éprouve des difficultés à apprendre et à utiliser certains mots, alors qu'il n'éprouve aucune difficulté à apprendre certains autres. Cette difficulté vient de ce que l'enfant «repousse» certains mots parce qu'il n'a pas pu trouver le lien dialectique entre le mot et la chose ou l'objet qu'il désigne. Le linguiste suisse Eric Buisson a présenté une liste de mots que l'enfant a des difficultés à intégrer dans son vocabulaire. Parmi ces mots, il y a les pronoms personnels: «je», «tu», «nous», etc. Ainsi que tous les mots liés à la notion de temps : «hier», «aujourd'hui», «demain», etc. Parce que ces mots nécessitent un rapport et une rupture à et avec l'autre. Ce que l'enfant ne peut faire, puisqu'il est dans la confusion avec les autres, voire dans la fusion. Il n'a pas d'ego, se perçoit comme une autre personne que lui même et utilise la troisième personne pour parler de lui-même et des autres.
Cela parce que la langue est une matière et la connaissance est une abstraction. C'est pour cette raison que nous trouvons dans toutes les langues des règles, mais de nombreuses exceptions à ces règles qui donc, quelque part, «dérèglent» la langue et la rendent à la fois contradictoire et absconse. A la différence des linguistes, les mathématiciens ont mis en place un certain nombre de signes pour codifier leur langage d'une façon stricte. Chez les écrivains, comme nous l'avions déjà signalé, le style passe par la rupture avec le dictionnaire ordinaire et avec la grammaire autoritaire. Donc pour créer, il faut casser et concasser la langue et créer son propre dictionnaire, son propre lexique. Et c'est ce qui fait le vrai écrivain et qui le différencie de l' «écrivant» .L'exemple d'Abou Naouass se moquant de la rigidité de la grammaire en adressant un poème à un grand cadi de son époque est assez éloquent, pour exprimer cette anarchie de la langue, de toutes les langues. Comment, alors, l'enfant peut-il se retrouver dans toutes ces exceptions si nombreuses et si contradictoires, voire illogiques ?
C'est pourquoi, les personnes qui travaillent sur le langage, son apprentissage et son développement poétique, ressentent cruellement, ces décalages et ces manques liés certainement à la non-coïncidence, dans certains cas du phonème avec l'objet qu'il désigne. Et c'est là que le créateur rejoint l'enfant en apprentissage. Humboldt, le philosophe allemand du XIXe siècle et surtout le grand linguiste du XXe, De Saussure, ont bien posé les vraies données de ce dilemme qui n'aura jamais de solution, sinon avec la mort de la langue elle-même. Ce qui est exclu, fort heureusement ! A ce propos De Saussure affirme : «La langue est comme une feuille de papier qui a deux faces : le recto représente l'idée, le sens et l'abstraction ; le verso, lui, représente le mot et son expression phonétique .Et nous ne pouvons pas déchirer le recto sans déchirer le verso. Il en va de même pour toute langue. Nous ne pouvons pas isoler le mot de l'idée qu'il désigne, ni isoler l'idée du mot qui lui donne sa concrétude.»
C'est pourquoi la langue reste l'élément essentiel pour la formation de l'intelligence humaine et pour son développement. Ainsi que pour la formation de la personnalité tant psychique que politique, dans le sens large du terme. Heidegger résume bien cette nécessité vitale lorsqu'il affirme que «la langue est la maison de l'être et l'être ne peut avoir plusieurs maisons». Nous dirons qu'il n'a qu'une seule maison principale mais qu'il peut avoir plusieurs maisons secondaires. Ce qui fait les polyglottes !
C'est ainsi que tout au long de l'histoire humaine, les colonialismes et les impérialismes, ce sont toujours attaqués à cette «maison de l'être» qu'est la langue nationale mise tout de suite sous le boisseau et interdite au profit de la langue de l'envahisseur considérée comme supérieure, comme de bien entendu…
Ainsi, comme quoi, tout est politique et rien que politique dans le sens aristotélicien du terme.


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