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Père Denis Gonzalez. ancien vicaire général du cardinal Duval
Publié dans El Watan le 15 - 05 - 2006

Vous étiez, pendant longtemps, vicaire général du cardinal Duval. Quand l'avez-vous vu pour la première fois ?
J'ai connu le cardinal Duval pour la première fois en 1947. Il venait de débarquer à Alger avant de rejoindre Constantine où il était nommé évêque. J'étais adolescent et je fus étonné de le voir sans barbe alors que tous les ecclésiastiques en portaient. Je l'ai revu évidemment en 1954. C'était un 25 mars, et il venait d'être transféré au siège archiépiscopal d'Alger. Il était arrivé de Constantine par train. C'était, je m'en souviens, un jour où il y avait un grand vent et le ciel était très couvert. Il a été accueilli à Alger avec un certain faste. De sa voiture découverte, le nouvel archevêque bénit la foule. J'avais bien sûr assisté à la cérémonie de son intronisation. Dans son discours radiodiffusé, il avait déclaré : «La vraie civilisation doit être conçue en fonction des êtres les plus déshérités de la société, des plus pauvres, des plus souffrants, des malheureux.»
Mgr Duval a toujours défendu les pauvres et dénoncé l'injustice coloniale…
A la veille de la révolution, je me rappelle, un grand colloque a été organisé à Alger sur les Algériens et les problèmes de la faim. Mohammed Dib était présent.
Lors des travaux de ce colloque, Mgr Duval avait pris la parole pour dire : «Un pays où sévit la misère peut jouir d'un certain calme, mais ce calme n'est pas la véritable paix.» Il croyait profondément que l'une des conditions de la paix est la justice sociale.
Comment a-t-il vécu la guerre d'Algérie ?
Mgr Duval a vécu au plus intime de lui-même ce conflit entre la nécessaire présence auprès des Européens d'Algérie, dont il était l'évêque, et la compréhension des militants algériens en lutte pour leur indépendance. Tout au long des années de guerre, il a eu le courage de s'exprimer pour défendre la paix, la justice et la liberté.
Dès le déclenchement de la révolution, il s'est prononcé sur la nécessité de donner progressivement satisfaction à la volonté d'autodétermination des populations d'Algérie et ce dans le respect des personnes et des communautés.
Selon plusieurs historiens, le cardinal Duval était le premier à dénoncer fermement la torture…
Deux mois et demi après le début de l'insurrection, alerté par des amis chrétiens et musulmans sur des cas de torture, Mgr Duval prend nettement position dans un communiqué, lu dans toutes les églises et les chapelles du diocèse. Son souci majeur était le respect de l'intégrité et de la dignité de la personne humaine. Il déclarait souvent que «c'est un déshonneur pour un homme que de faire souffrir injustement un innocent». Le 15 février 1957, alors que la bataille d'Alger entre dans sa troisième semaine, il s'adresse à Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, pour lui exposer des cas de torture et d'arrestations massives de «suspects». «Des musulmans sont cruellement frappés sans aucun motif que celui d'être musulmans ; il en est même qui ont été mis à mort sans aucun jugement», a-t-il écrit dans cette correspondance. Le 25 novembre 1958, malgré les déclarations officielles du ministre André Malraux, les exactions qui frappaient les musulmans n'ont pas cessé. Mgr Duval écrit alors au général de Gaulle pour qu'il mette fin à ces pratiques abominables. Le 10 août 1959, il rédige une autre correspondance à Delouvrier qui fut délégué général pour protester contre l'usage de méthodes condamnables. Mgr Duval avait toujours défendu le principe selon lequel l'instruction judiciaire devait exclure la torture physique et psychique.
Peut-on dire que Mgr Duval s'intéressait à la politique ?
Le cardinal disait souvent qu'il était un homme de religion et qu'il n'était pas de son ressort de proposer des solutions politiques. Par contre, avait-il observé, «quand la politique touche à la morale et à la dignité des personne, j'interviens». Le 15 septembre 1955, il a fait paraître un important document dans lequel il parle de problèmes politiques. Ce document est intitulé «Les chrétiens et la paix en Algérie». C'est une lettre collective de l'épiscopat algérien. Le paragraphe intitulé Les Problèmes politiques a été particulièrement cité et commenté dans la presse.
Comment ont été accueillies ses positions par les populations d'Algérie ?
Il était, bien entendu, admiré par les uns et violemment contesté par les autres. En août 1956, le FLN, réuni en congrès (congrès de la Soummam, ndlr ), a souligné l'attitude réconfortante de l'archevêque se dressant courageusement et publiquement contre l'injustice coloniale. En revanche, ses prises de position ont contribué grandement à renforcer son impopularité auprès d'une grande partie de la population européenne. On l'appelait Mohamed Duval. Le 30 décembre 1956 au soir, des bombes ont explosé dans la cathédrale et dans trois autres églises.
Puis vint l'indépendance nationale…
Oui, après l'indépendance, Mgr Duval est élevé par le pape Paul VI à la dignité de cardinal. A cette occasion, l'Etat algérien lui octroie la nationalité sans qu'il l'ait sollicitée. Le cardinal reprend alors son bâton de pèlerin pour plaider en faveur de l'Algérie nouvelle.
Le droit au développement, l'évolution des relations Nord-Sud et les droits des immigrés algériens étaient entre autres causes défendues par Mgr Duval. Ses positions au sujet du Sahara-Occidental et du conflit israélo-palestinien étaient également claires.
Tenez-vous un secret du cardinal Duval ?
J'aurais aimé parler de son admiration pour saint Augustin qui était l'une de ses sources d'inspiration.
Un dernier mot ?
Oui, le cardinal Duval était mourant au moment où la violence déchirait l'Algérie. Alité, il m'avait dit avec beaucoup de tristesse : «Que de souffrances ! Il faudra bien que cela finisse. Vous, vous le verrez, moi non. Un jour, l'Algérie étonnera le monde !»


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