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Des centaines de tonnes de dattes attendent d'être exportées
TOLGA Un véritable gâchis
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2005

Un gâchis ! C'est sans doute le seul mot qui convient pour qualifier ce qu'on a constaté de visu à Tolga, premier pôle algérien de production de dattes avec un gisement riche de 350 000 palmiers de Deglet Nour. La récolte de cette année, exceptionnellement abondante, est en train de pourrir dans les frigos et les magasins de stockage pleins à craquer.
Des centaines de tonnes de dattes, de très bonne qualité de surcroît, sont abandonnées dans l'attente d'une exportation qui ne vient pas. Première source de devises fortes après les hydrocarbures, l'exportation de dattes en Algérie est loin d'avoir obtenue l'intérêt mérité. Sinon comment peut-on expliquer une telle situation d'abandon ? C'est tout le discours officiel et pompeux sur l'encouragement des exportations hors hydrocarbures qui perd sa consistance et se brise ainsi telle une vague sur le rocher à la lumière de la réalité du terrain. La colère des exportateurs de Tolga est entière. Mais elle en dit long sur les difficultés qu'ils rencontrent. C'est le cas du PDG de la plus importante société d'exportation de dattes de Biskra, la Société de dattes et des produits agroalimentaires (Sodapal) de Tolga, ex-Office national des dattes (OND), El Hadj Haddoud Mohamed-Salah qui, visiblement dépité, nous lance à la figure sur un ton plein d'amertume : « Qu'est-ce que vous voulez ? Je ne répondrai à aucune de vos questions. Je ne crois en rien dans ce pays. » « Quel est ce responsable qui peut tolérer cela ? », s'exclame-t-il en désignant du doigt les centaines de cartons de dattes empilés à l'enceinte même de l'usine. Invité à citer les problèmes auxquels il est confronté, M. Haddoud aura, à notre grande surprise, cette réponse : « Nous n'avons besoin de rien. Qu'ils me laissent tranquille et qu'ils fassent seulement leur travail convenablement. » « Vous trouvez normal qu'une marchandise périssable comme les dattes passe plus de trois mois au port ou à l'aéroport en attendant d'être exportée ? Ce problème nous a obligés dernièrement de refaire le triage, boîte par boîte, de 240 tonnes de dattes qui commençaient à pourrir », révélera-t-il avec véhémence. La raison ? Il indiquera que nos ports et aéroports ne disposent pas de frigos et de magasins de stockage adéquats pour conserver des produits périssables. D'une capacité de production de 5000 tonnes par an, Sodapal exporte annuellement, selon son PDG, plus de 2000 tonnes à destination de la France et de certains autres pays européens. « Nous avons des commandes à longueur d'année. Nous demandons seulement de nous faciliter la tâche. » Le transport est la principale contrainte à laquelle font face les exportateurs algériens de dattes. « Il faut compter sur ces relations personnelles pour voir sa marchandise quitter le port ou l'aéroport », révèle Kamel Benayad, cadre dirigeant à l'Etablissement Haddoud, une autre société privée d'exportation de dattes, sise à Tolga, et dont la capacité de production avoisine les 1000 tonnes par an. Au lieu de multiplier les moyens de transport et des rotations d'avions et de bateaux, les pouvoirs publics, fait-il savoir, « ont revu à la baisse l'aide à l'exportation ».
Professionnaliser la distribution
C'est le cas notamment pour ce qui est de la prise en charge des frais du transport à l'exportation. « Avant, les frais de transport étaient supportés par l'Etat à hauteur de 80%. Ils ne le sont actuellement qu'à hauteur de 25% », indique notre interlocuteur. Cette baisse de l'aide vient s'ajouter à la hausse des prix du transport aérien pratiquée par la seule compagnie aérienne nationale. En position de monopole, Air Algérie dicte sa propre loi aux exportateurs. Autour de 28 DA le kilo, les prix du transport aérien sont jugés très élevés. Pourtant, ces mêmes prix vont encore connaître une hausse prochainement selon les informations parvenues aux exportateurs. « Ce n'est pas comme cela qu'on encourage l'exportation en Algérie », font-ils remarquer, eux qui assimilent toutes ces contraintes à un « sabotage caractérisé de l'économie nationale ». L'autre « aberration » relevée, c'est l'obligation de passage par le port ou l'aéroport d'Alger pour l'exportation des dattes, alors que l'aéroport de Biskra est à quelques kilomètres des unités de production. Les exportateurs de Biskra, première wilaya en matière de production de dattes en Algérie, avec plus de 3,8 millions de palmiers, doivent rallier Alger pour exporter. Ce détail se passe de tout commentaire ! En attendant, l'Algérie avec ses 16 millions de palmiers, dont 6 millions de Deglet Nour, est en train de « perdre d'importantes parts sur les marchés extérieurs y compris même ceux qui étaient traditionnellement acquis aux Algériens », avertit M. Benayad, qui ne s'étonne nullement du fait que la Tunisie puisse surclasser l'Algérie sur les marchés internationaux. « Le client de l'exportateur tunisien reçoit sa marchandise dans les heures qui suivent la commande », affirme-t-il. L' Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), ex-Promex, est également décriée par nos interlocuteurs. On reproche à l'institution sa lenteur dans le traitement des dossiers administratifs des exportateurs de dattes. « A chaque fois, on nous ressort l'histoire du manque de fonds », témoigne M. Benayad. Créée justement pour faire entendre la voix de cette communauté d'opérateurs économiques auprès des pouvoirs publics, l'Association des exportateurs des dattes semble ne pas donner satisfaction. « Elle ne se réunit qu'une fois par an. Elle est surtout minée par les conflits d'intérêts », regrette l'opérateur. Du côté des paysans, la situation n'est guère différente. Les centaines de milliers de palmiers de Tolga cachent en fait un marasme plus profond. Si le soutien de l'Etat à cette région a été plus que généreux - en témoignent le nombre important des fellahs qui ont bénéficié du PNDA et celui des nouvelles implantations des palmiers -, il est reproché cependant aux pouvoirs publics de ne pas prévoir une prise en charge en aval des besoins des producteurs. La commercialisation des récoltes est l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de dattes à Biskra. Boostée par le soutien de l'Etat, la production des dattes a presque doublé durant les cinq dernières années à Tolga. Ce qui aurait pu être une aubaine s'est vite transformé pourtant en véritable tracas fondé par l'angoisse permanente de ne pas trouver acheteur. « Les fellahs s'improvisent aujourd'hui pour vendre leurs récoltes », révèle Amine Khelifa, fellah et producteur de dattes à Tolga. En l'absence d'une régulation de marché et de chaînes de distribution, c'est la spéculation qui fixe les prix. Sinon comment peut-on expliquer la cherté des prix de la datte en Algérie, notamment au nord du pays, au moment où l'offre dépasse de très loin la demande ? L'autre contrainte majeure des fellahs à Biskra, c'est l'épineuse question de la propriété. La plupart des fellahs, souligne M. Khelifa, « ne sont pas des propriétaires de leurs terres, mais seulement des exploitants. Les terres qui appartenaient aux différents archs (tribus) ont été nationalisées durant les années 1970 et distribuées aux fellahs pour les exploiter ». Cette contrainte a eu comme conséquence fâcheuse l'état de délabrement actuel de la plupart des terres « publiques » dites terres archs. Des milliers de palmiers sont envahis par les herbes sauvages et infestés par différents parasites. Ce problème est d'autant plus grave chez les petits paysans en mal de moyens. C'est le cas d'El Hadj Othmani, rencontré sur son champ de palmiers, en train de mettre le feu aux herbes sauvages qui gangrenaient ses dattiers, et ce, faute de pesticides. « Les pesticides sont très chères. A 800 DA la bouteille d'un litre, je ne peux pas m'en sortir », avoue le fellah en surveillant de près le feu. A tout cela vient s'ajouter le problème de l'électrification dont souffre une bonne partie de paysans de la région. Si dans certaines localités de la wilaya, l'électrification est tout simplement inexistante, dans d'autres l'alimentation en électricité est de faible tension. La région de Biskra est certes un véritable eldorado agricole, mais du côté des exportateurs comme de celui des producteurs, le constat est le même : un vrai gâchis !


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