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« Tous les maux, je les ai remplacés par des mots »
Nouara Naghouche. Auteure de théâtre contemporain
Publié dans El Watan le 06 - 04 - 2009

Dans un one man show d'une heure, Sacrifices, Nouara Naghouche prend à rebrousse-poil les préjugés et clichés en tous genres. Elle est au théâtre du Rond-Point (Champs Elysées) jusqu'au 11 avril.
Vous n'avez pas eu de réactions négatives de la part de téléspectateurs maghrébins du genre « hchouma, qu'est-ce qu'elle nous fait ? », « le linge sale se lave en famille » ?
Pas de « hchouma » encore. C'est avant tout « mon linge sale » que je lave en public. Je suis partie de ma propre histoire, de ma propre souffrance. Je ne trouve pas que mon linge soit si sale que cela. Ma parole est avant tout une prise de position en tant que personne et en tant que citoyenne.
Pourquoi avez-vous eu ce besoin d'expression publique par le théâtre ? Est-ce un témoignage ? Un cri d'une femme blessée ? Révoltée ?
Le théâtre est une thérapie. J'ai voulu, à partir de tout ce que j'ai vécu, vu, et souffert profondément, exprimer un ras-le-bol. Il n'y a rien de militant dans ma démarche. Ce n'est pas une position féministe. Je n'ai à aucun moment voulu faire larmoyer dans les chaumières. Ce que j'ai vécu d'autres continuent à le vivre. Sacrifices est sortie de mes tripes, de mon cœur. A travers ce spectacle, je pardonne. J'avais commencé à pardonner bien avant, mais là, je suis en fin de thérapie et le pardon est aujourd'hui complètement assumé.
Malgré les coups, Zoubida, personnage central de votre spectacle, est attachée à Rachid, son mari. Rachid est important pour Zoubida. Il a été pour elle, pendant 35 ans, un équilibre. Il a été celui qu'elle n'a peut-être pas choisi mais qui a été son support. Elle ne voyait pas que l'enfermement avec Rachid. « Rachid a beaucoup souffert » (elle mime Zoubida). Elle lui trouve des excuses...
Même pas, je crois plutôt qu'elle légitime un certain nombre de choses tout en rejetant la violence qu'il lui fait subir. Elle prend sur elle. C'est une grande dame Zoubida, il n'y a pas de mots pour la qualifier tellement elle est grande ! C'est une école de la vie, elle te donne une leçon de la life que tu prends une grosse claque dans la figure !
La violence faite à Zoubida touche des femmes de toutes les couches sociales, de toutes les origines et confessions religieuses. Marie-France s'en mord les doigts tout autant dans la tronche que Zoubida. Ce n'est pas parce qu'elle est Maghrébine que Zoubida subit le machisme et la violence masculine. Toute femme peut se reconnaître en Zoubida dans cette prise de parole, dans ces mots-là. La souffrance de Zoubida est universelle. Vous renvoyez aussi aux hommes une image qui peut leur paraître dérangeante...
Le personnage de Rachid est réel. Je ne dis pas que tous les hommes maghrébins sont des maltraitants ou que toutes les Maghrébines sont des femmes maltraitées, ce qui n'est pas exact. Il faut savoir qu'en France tous les trois jours une femme meurt sous les coups de son mari. Je ne fais pas une analyse sociologique, sinon j'aurais fait un autre métier, moi je me positionne face à ce mal, à cette souffrance par le théâtre. Je ne fais la morale à personne, je veux juste avec mon spectacle poser un questionnement, donner à réfléchir, à comprendre, à ouvrir, parce qu'il faut arrêter d'être nombriliste. Pour amener les femmes à parler. Des Maghrébines qui ont vu mon spectacle m'ont dit ensuite : « Merci de parler pour nous, nous n'avons jamais osé et on ne veut pas que nos filles vivent ce que nous avons vécu. Nous c'était ça (et elle met la main devant la bouche, pour signifier que celle-ci doit rester fermée). D'entendre cela, je me dis que c'est un grand espoir et que quelques-unes oseront et réussiront à prendre leur vie en main, d'autres l'ont fait, ont réussi à dire : « Je ne suis pas ta serpillière ». Il n'y a pas de raison que la femme subisse le joug masculin sous prétexte d'une religion ou d'une culture. Il faut arrêter de trafiquer le Coran, d'y mettre sa propre sauce. Le plus important, c'est le respect mutuel. Qu'est-ce que cela veut dire être en rupture avec sa communauté ? Moi, je ne suis pas en rupture avec ma communauté, au contraire, je suis en rupture avec la bêtise que peuvent se mettre dans la tête ceux qui croient qu'ils le sont, qu'ils sont de la sorte des vaillants, des « r'jels ». Sois un « rajel » pour te regarder dans la glace, sois un « rajel » à l'extérieur, quand on t'agresse, quand tu te sens malmené, quand tu sens de l'injustice, mais arrête de faire de ta femme un bouc émissaire, un exutoire. Non ! Non ! Moi, c'est cela que je refuse. La femme doit aussi le respect à son mari.
Vos parents, vos proches vous ont-ils vue sur scène ?
Mon père et ma mère ne m'ont pas vue, mon père est très malade, je le préserve, ma mère, je souhaite qu'elle vienne me voir jouer parce que c'est avant tout un hommage que je lui rends, à elle. Ma mère me touche énormément. A chaque fois que j'en parle, une émotion me submerge parce qu'elle a tout supporté. Aujourd'hui, c'est une femme meurtrie, une écorchée vive, seule et elle n'a jamais voulu se remettre avec un homme parce que l'image qu'elle avait eue de son premier homme était une image d'espoir, elle s'est mariée à quatorze ans. Depuis, elle a perdu tout espoir en les hommes et je la comprends, moi aussi j'ai perdu l'espoir avec certains hommes. Ma mère, c'est la gentillesse, la tendresse et on ne lui a pas laissé le temps de s'épanouir, de vivre sa vie. Même si elle n'a pas eu une belle vie je lui souhaite de vivre longtemps pour qu'elle se retrouve à travers moi, yemma laâziza, l'irremplaçable. Je me suis aussi inspirée de cette femme extraordinaire, magnifique et géniale qui a élevé neuf enfants dans la douleur, et qui a fait face à cette violence conjugale causée par l'alcoolisme de son mari, mon père qui, un jour, décida de la quitter pour une femme plus jeune. Ma mère s'est alors retrouvée seule à continuer à élever les derniers enfants dont je suis la benjamine. De mes six frères cinq sont venus me voir sur scène, ils ont été très émus, je crois que je les ai mis face à une réalité qui a été dure pour eux. Deux de mes frères sont sortis en pleurs et m'ont dit : « Petite sœur, on est fiers de toi ».
Vous avez mis les compteurs à zéro ...
Tout à fait, ils l'ont bien compris. C'est aussi un hommage à mon quartier, à ma cité. C'est un hommage du cœur à plein de gens, plein de choses. Smaïn, ce jeune banlieusard, qui ne retrouve pas son chemin, est touchant par sa maladresse quand il écrit un poème à la fille qu'il aime et lui dit « je t'aime, Mirabelle ». Cette apparence de dureté, de vulgarité, chez beaucoup de jeunes des banlieues, ce côté un peu looser cachent énormément de souffrance et de fragilité. Et ce Smaïn qui vient dire : « Je t'aime », se lâche. Des Smaïn, il y en a beaucoup, la banlieue c'est aussi cela. Tomber dans les clichés c'est très facile, ce n'est pas mon dessein. Zoubida, le personnage principal, a la joie de vivre, malgré tout, elle rigole (avec l'accent de l'immigrée, ndlr).
C'est ce qui lui permet de supporter sa malvie ...
Laisse tomber, ses pieds seraient déjà sous terre (toujours avec l'accent, ndlr).
Comment êtes-vous venue au théâtre ?
On n'arrêtait pas de me dire : « Nouara, tu devrais faire du théâtre, tu fais trop rire ! » J'étais un peu le clown de service. En 1999, je suis allée voir l'éducatrice du club de prévention du quartier, je lui ai dit que je voulais monter un projet, que je voulais faire du théâtre et comment elle pourrait m'aider. J'avais 21 ans, je venais de sortir du foyer où j'avais passé dix ans. J'ai travaillé intensivement pendant quinze jours avec Barbara Boichot qui est metteur en scène à Paris, on a créé Nous avons tous la même histoire. C'était très light. Après j'ai été découverte par une compagnie, Quartiers roses avec laquelle j'ai joué des poèmes de Abdelatif Laâbi, Exercices de tolérance. Ensuite, il y a eu la rencontre avec Pierre Guillois avec lequel j'ai travaillé pendant trois ans autour de l'atelier du Rail. Sur ces trois ans, on a monté trois spectacles. Il y a eu le Roi Ubu et Sacrifices.
Pourquoi ce titre Sacrifices et au pluriel ?
Une femme fait beaucoup de sacrifices, le sacrifice de soi, le sacrifice par rapport aux autres. Le titre est aussi spontané que l'écriture du spectacle lui-même.
Avez- vous trouvé votre voie ?
Je l'espère. Le théâtre m'a sorti la tête de l'eau. C'est une bouffée d'oxygène énorme que j'ai eue en découvrant ce métier. Je me sens grandie et réfléchie, attendrie, encore plus sensible, riche de plein de choses et heureuse. Tous les maux, je les ai remplacés par des mots.
Après Paris, où allez-vous jouer ?
En Belgique, ensuite je reviens à Belfort et Montbelliard.
Avez- vous d'autres projets ?
Je suis en train de réfléchir avec deux amies comédiennes et un metteur en scène à un spectacle dont le titre est Dis à ma fille que je pars en voyage de Denise Chalem. C'est l'histoire de deux jeunes filles en prison, l'une d'elles se donne la mort juste avant d'être libérée parce que le monde extérieur lui fait peur.


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