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Les ressorts d'une bombe à retardement
Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2007

Les 22 et 23 mars, des affrontements à l'arme lourde entre la garde présidentielle du président Joseph Kabila et la milice de l'opposant Jean-Pierre Bemba ont fait, d'après les estimations de l'organisation non gouvernementale, Caritas, au moins 165 morts et plus de 150 blessés. Les ambassades de Grèce, d'Espagne et les bureaux de l'Unicef ont été bombardés et des militaires se sont introduits dans la résidence de l'ambassadeur d'Italie. Malgré les premières élections de l'histoire de la RDC, organisées en octobre 2006 et consacrant Joseph Kabila, le processus de démocratisation a du mal à s'enclencher. L'ambassadeur britannique, Andy Sparkes, a même souligné «qu'il avait pris un coup sévère». Après six ans de guerre et quatre ans de combats persistants, dans l'Est, plus de cinq millions de morts et plus d'un million de déplacés, le feu semble toujours couver en RDC. Quelles sont les raisons de cette instabilité ? Pourquoi la communauté internationale, malgré les pressions qu'elle exerce, ne parvient-elle pas à détendre la situation
politique ? Des spécialistes de la région répondent.
Selon la version officielle, les récents accrochages auraient été provoqués par le refus des soldats de Jean-Pierre Bemba d'intégrer l'armée régulière, estimant n'avoir aucune garantie pour leur sécurité. Pour Bruno Miteyo Nyenge, directeur adjoint de Caritas à Kinshasa, «la vraie raison de ces affrontements est ailleurs. Kabila a gagné les élections, Bemba les a perdues alors qu'il est très populaire. Il faut plutôt y voir le règlement de rivalités politiques.» La récente déclaration du gouvernement, accusant Bemba d'avoir voulu fomenter un coup d'Etat alors que la mission des Nations unies au Congo, la Monuc, explique que cela n'aurait pas été matériellement possible, tendrait à valider cette analyse.
D'autre part, la régularité des scrutins fait toujours l'objet de polémiques. «Le nombre d'électeurs a été largement gonflé à l'est, diminué au centre et à l'ouest», note Fweley Diangitukwa. Cette stratégie a permis l'élection de Kabila au second tour, car, on a fait croire aux Congolais de l'est que s'ils ne votaient pas pour lui, ils seraient encore gouvernés, comme sous la 1ère et la 2e République, par une personnalité de l'ouest. Résultat : les Congolais ont aujourd'hui le sentiment que Kabila leur a été imposé pour protéger et servir les puissances étrangères, mais aussi régionales qui l'ont mis en place et le soutiennent contre vents et marées» C'est, également, le sentiment de Bruno Miteyo Nyenge. «Les évêques de la province d'où est originaire Kabila ont, eux-mêmes, décrit, dans une lettre, des tricheries massives !». Les observateurs, dont Louis Michel, commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire, ont, en tout cas, conclu que les élections s'étaient déroulées avec suffisamment de transparence pour être légitimes. «C'est vrai, il y a eu des interférences de la part de la communauté internationale», reconnaît Jean-Claude Willame, ancien professeur de sciences politiques à l'université de Kinshasa et ancien professeur à l'université de Louvain en Belgique(2). «La RDC est un pays qui reste sous tutelle, et le Comité international d'accompagnement à la transition a exercé des pressions pour que certaines modalités soient respectées. Mais il n'y a pas eu de fraude. Tout au plus des difficultés d'ordre technique. Enfin, il faut comprendre que réussir à faire voter 80% des personnes en âge de le faire dans un tel pays est un exploit !» Une armée républicaine forte pourrait contribuer à la reconstruction de la nation, mais cela serait impossible tant que Kabila restera dépendant de l'armée angolaise, la mieux organisée en Afrique centrale. Certes, il a hérité d'une garde républicaine, instituée par la loi de 2004, mais elle ne possède pas encore de statut légal. «Joseph Kabila, pas plus que Jean-Pierre Bemba, ne maîtrise pas ses hommes. Il est un peu coincé par des initiatives prises par son environnement militaire, composé essentiellement de faucons», explique le politologue belge.
Pillage des ressources
Coincé, Kabila l'est aussi par le traité de Sun City, signé en Afrique du Sud, en avril 2002. «A l'occasion de cet accord, qui a conduit à la formation du gouvernement de transition, tous les rebelles, anciens comme nouveaux — Kabila, Bemba et Ruberwa — ont voulu partager le pouvoir tout en gardant chacun ses milices», éclaire Fweley Diangitukwa. Mais, maintenant, le président souhaiterait rester le seul maître à bord. «Le seul crocodile dans la rivière, et il utilise la violence car il craint que la population, mécontente des résultats des élections, ne s'appuie sur les milices de Bemba pour le renverser. Tant qu'il y aura des hommes armés à Kinshasa, Kabila ne pourra pas dormir tranquillement.» La grande force de Joseph Kabila est d'avoir su séduire la communauté internationale. «Il n'est pas du tout comme son père, qui dénonçait l'ingérence des Etats-Unis. C'est un diplomate qui a fait très bonne impression en Occident», résume Jean-Claude Willame. A Kinshasa, Bruno Miteyo Nyenge lui reconnaît «une grande capacité d'écoute et un grand calme qui lui évitent de paniquer devant n'importe quelle situation. La communauté internationale a aimé l'idée qu'il accepte de faire ce qu'on lui demandait.» Voir pour autant dans le jeune président (il a 35 ans) un homme de paix serait, aux yeux des experts, du pur angélisme.
Il lui manquerait un minimum de bagage intellectuel et d'expérience. «Kabila a perdu de sa légitimité en se montrant plus comme le chef de guerre qu'il a longtemps été que comme chef d'Etat responsable», admet Philippe Hugon, membre de l'Institut de relations internationales et stratégiques et auteur de Géopolitique de l'Afrique(3). Coltan, uranium, cobalt, diamants, cuivre, or… et même pétrole : depuis l'époque coloniale, les richesses du Congo ont toujours été ouvertes aux firmes internationales et suscité les convoitises des puissances étrangères et des pays voisins. «Depuis deux semaines, dans le Katanga, 500 camions remorques pleins de minerais ont été vus traverser la frontière en direction de la Zambie», relate un humanitaire congolais. «D'autres, remplis de grumes de bois sortent tous les jours du pays. Dans la province de Kahemba, à l'ouest, les Angolais ont carrément occupé le territoire pour puiser dans le sous-sol. Une commission de députés s'est rendue sur place pour voir de quoi il retournait, mais tout le monde sait quel type de relation unit l'Angola à Kabila. Si le pays soutient le président — certaines théories avancent que les Angolais auraient aidé Joseph Kabila à tuer son père — c'est parce qu'en échange, il attend que la facture soit payée en minerais.» Fweley Diangitukwa ajoute qu' «après les élections, les firmes ont exprimé leurs exigences et obtenu des concessions minières.» Des firmes —dont les pays d'origine ont leur ambassadeur au sein du Comité international d'accompagnement à la transition (Grande-Bretagne, Etats-Unis) qui a qualifié les élections de légitimes, une situation qui interpelle. «La RDC est pillée par des conglomérats composés notamment d'intérêts plus ou moins mafieux, israéliens et autres, et militaires notamment des pays voisins qui payent leur armée grâce à ce pillage (Ouganda, Rwanda)», admet Philippe Hugon. «Kabila est directement concerné mais je ne crois pas à la thèse du complot des multinationales.» Reste que de toutes les transactions entre les firmes et le gouvernement, la population n'en voit jamais les retombées et figure parmi les plus pauvres du monde. Seize millions de personnes ont des besoins alimentaires critiques, 70% de la population n'ont pas accès aux soins et la RDC est le pays d'Afrique où la mortalité infantile est la plus forte.
(1)Ed. L'Harmattan, décembre 2006.
(2)Il est aussi l'auteur des Faiseurs de paix au Congo, éd. du Grip, mars 2007.
(3)Ed. Armand Colin, septembre 2006.


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