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Jihadisme et islamisme
Publié dans El Watan le 21 - 04 - 2007

Le jihad, contrairement à une idée reçue, n'est pas idéologiquement étranger à l'islamisme ; si les deux phénomènes ne se confondent pas, ils n'en entretiennent pas moins des liens étroits. Il suffit pour s'en convaincre de revisiter l'édifice doctrinal de ce courant politico-religieux ; la centralité du jihad y est clairement affirmée dès les premières fondations. Deux idées rectrices balisent sensu eminenti la vision du monde islamiste : la jahiliyya et le jihad, l'état d'«ignorance» des Arabes d'avant la Révélation islamique et l'effort de guerre dans la voie d'Allah. Le couple de concepts est omniprésent dans les écrits des idéologues de l'islamisme. Prenons les plus influents d'entre eux : le Pakistanais Abu Al Ala al Mawdoudi, l'Egyptien Sayyid Qotb.
Mawdoudi (1903-1979) occupe par ses écrits pionniers une place prépondérante dans le corpus doctrinal islamiste. Publiciste et politicien pakistanais, il critique sans concessions les oulémas traditionnels, dénonce l'Etat indépendant «irréligieux» et jette la flétrissure de l'impiété (kufr) sur le nationalisme musulman. Son premier livre, Le jihad dans l'Islam, coïncide avec la création de l'Association des Frères musulmans en Egypte sous la houlette de l'instituteur Hassan al Banna – au sortir des années 1920. L'auteur y prône l'édification de «l'Etat islamique» qui se soumet à la «hakimiyya li Allah», la souveraineté de Dieu – notion au demeurant inexistante en tant que telle dans le droit canon (fiqh). Pour cet idéologue islamiste, les cinq piliers de l'Islam ne font en définitive que préparer le jihad, la lutte contre les usurpateurs de la hakimiyya d'Allah devant arracher les musulmans à la obudiyya («l'adoration»), l'antithèse de la hakimiyya.
Une souveraineté revendiquée par le peuple, comme cela est le cas dans le régime démocratique, relève, selon cette vision, de l'Idolâtrie et est, de ce fait, contraire à l'Islam : d'où sa condamnation par Ali Benhadj. Pour légitimer cette perception foncièrement activiste de la religion qui fait de la politique – pour reprendre ses termes – «une composante intégrale de la foi islamique», Mawdoudi renvoi à l'«âge d'or» de l'islam symbolisé par la cité de Médine au cours duquel, le Prophète incarnait le pouvoir à la fois religieux et politique. Cette perception est en nette rupture avec la Tradition, qui, dans sa majorité, considérait la période médinoise comme définitivement close, et en tant qu'aurea aetas, demeure inaccessible au commun des mortels…
La réinterprétation islamiste de la religion, qui fait de l'Islam l'idiome unique de l'identité sociale, politique et culturelle à l'exclusion de tous les autres, va se radicaliser davantage encore avec Sayyid Qotb, un des idéologues assurément les plus influents des Frères musulmans. Son commentaire du Livre intitulé A l'ombre du Coran constitue un, une source doctrinale dans laquelle vont s'altérer plusieurs courants islamistes. Dans cet opus classicum de l'islamisme, l'auteur y expose le contenu programmatique de l'islamisme radical que l'on peut subsumer dans le triptyque : jahiliyya-takfir-jihad. Sayyid Qotb reprend dans ses écrits le couple conceptuel de obudiyya-hakimiyya («adoration»-«souveraineté») forgé par Mawdudi : la dichotomie, qui convoque l'imaginaire de la rupture opérée par le Prophète avec la jahiliyya, lui permet de tracer le critère discriminant, la summa divisio qui sépare à jamais le Bien du Mal, le Vrai du Faux, les véritables croyants des musulmans hypocrites (munafiqin).
Plus qu'un paradigme, le couple conceptuel fait office de Loi ex cathedra : tout pouvoir non soumis à la souveraineté de Dieu est impie ; toute société (fût-elle musulmane) non soumise à la juridiction d'Allah est semblable à la société qui vivait dans l'état de barbarie antéislamique. Dans l'Islam, la souveraineté doit, selon cette lecture, revenir à Dieu ; chaque fois que la souveraineté est revendiquée par une «idole» (le Peuple, le Parti, le Raïs, etc.) et que celle-ci fait l'objet d'une «adoration», la chute dans la jahiliyya est alors inéluctable. Pour Sayyid Qotb, qui passera plusieurs années dans les geôles égyptiennes avant d'être pendu par le régime de Nasser en 1966, tous les pays musulmans sont dans la jahiliyya. Cette notion a une implication lourde de conséquences : le takfir, condamnation pour impiété, est selon la shari'â, l'acte par lequel les oulémas déclarent impie quelqu'un qui se dit musulman.
Une personne impie n'est pas seulement exclue de la umma ; son «sang est licite» et est passible de la peine capitale. Là où les oulémas, par peur de la fitna, restreignaient considérablement l'usage de cette disposition de la shari'â qui n'a, au demeurant, aucun fondement coranique, les émules de Sayyid Qotb vont en faire le b.a-ba de la ré-islamisation. Le rôle dévolu au jihad devient ainsi instrumental et stratégique : il est l'unique moyen pour luter contre la obudiyya, mettre fin au règne des hommes et établir la souveraineté d'Allah sur terre.
Or, dans la perception radicale de cet intellectuel islamiste, le jihad n'est plus défensif, comme cela était le cas dans la tradition islamique, mais désormais offensif. Son disciple Abdesselam Faraj poussera la logique qotbiste jusqu'à ses ultimes conséquences : l'idéologue de Tanzim al Jihad – le groupe qui a assassiné Sadate et auquel appartenait Ayman al Zawahiri, l'idéologue d'al Qaïda -, va faire du jihad une obligation personnelle au même titre que les cinq piliers de l'islam.


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