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Fahrad Khosrokhavar. Sociologue, directeur d'études à l'Ecole des Hautes études en Sciences sociales (Paris)
Publié dans El Watan le 22 - 04 - 2007

–Quelle lecture faites-vous des attentats terroristes qui ont frappé Alger le 11 avril dernier ?
– Ces attentats se sont produits dans une société algérienne doublement traumatisée : d'une part le traumatisme lié à dix ans de guerre civile où plus d'une centaine de milliers de personnes ont trouvé la mort, d'autre part le traumatisme lié au fait qu'aucune réforme de structure ne s'est faite au niveau de l'Etat et que seul le rejet des islamistes radicaux par la société algérienne, leur amnistie par l'Etat (du moins ceux qui n'ont pas été impliqués dans des massacres massifs) ont pu rétablir momentanément une paix fragile. Le recommencement des meurtres et des explosions refait vivre le traumatisme d'une société qui ne trouve pas d'issue, de voie de sortie : doublement victime d'une fatalité qui l'assaille sans qu'on ait le sentiment de pouvoir faire changer radicalement la situation. Les islamistes radicaux semblent, par ailleurs, s'être unis au niveau du Maghreb, mais pas les Etats maghrébins dans leur lutte contre l'islamisme radical : la méfiance mutuelle au niveau des Etats continue à perdurer, malgré des ébauches timides de coopération sous l'instigation des Etats-Unis. Une lutte active de la société algérienne contre l'islamisme radical implique une restructuration du rapport société-Etat dans le sens de l'ouverture de ce dernier aux revendications politiques et économiques du corps social.
– Qu'annonce, selon vous, l'adoption, par les auteurs de ces attentats, du suicide, pourtant formellement prohibé par le sunnisme malékite dominant en Algérie. est-ce, en d'autres termes, le passage de l'islamisme armé à l'islamisme mortifère ?
– L'islamisme radical dépasse les clivages entre les quatre «madhaheb» sunnites. La référence fondamentale est «al wala wal bara» qui pose que la reconnaissance de l'unicité divine implique la lutte active contre le Shirk et le Taqhut (le pôle négatif : la elaha ) conjugué au pôle positif (illalâh), reconnaissance d'Allah.
En d'autres termes, l'activisme islamiste prône une vision méta-malékite, méta-shaféite, méta-hanbalite etc, de l'Islam : une unification par la lutte à mort contre ce qu'il qualifie de Taqhut et qui est, avant tout, la modernité. Mais comme la modernité est incontournable et irréversible, la vie se mue insensiblement, dans sa vision en la mort.
Il y a une sous-culture de la mort dans cette vision de l'Islam qui fait de l'héroïsme dans la mort, de l'abnégation dans la mort, du dépassement de la vie «minable» (entendez : la vie quotidienne), dans un martyre héroïque la culmination de la vie. Tout se conjugue dans le registre d'une religiosité mortifère qui fait de l ‘inflexibilité devant la vie «souillée» par une modernité associationniste (mushrik), une constante de son rapport au Sacré. Les etats autoritaires musulmans facilitent la tâche de cette vision mortifère : en rendant la vie comme une fatalité (pas de vraie participation des citoyens à la vie politique), ils confirment du coup le caractère répréhensible de cette vie ici-bas : à quoi sert de vivre, alors que toutes les portes sont fermées ? Il vaut mieux mourir en héros et tuer en héros plutôt que vivre l'insignifiance d'une vie dépourvue d'horizon d'espérance. Dans ce sens, les Etats clientélistes et «fermés» du monde musulman sont complices de cette vision mortifère du religieux et de son succès dans des couches importantes de la jeunesse : tuer et se faire tuer pour promouvoir un Sacré qui ne peut se réaliser que dans un bain de sang.
– Qu'est-ce qui motive les candidats au martyre ? Comment et sur quel mode idéologique s'opère la radicalisation ?
– La radicalisation se fait d'autant plus aisément que la perspective d'un avenir ouvert et d'un horizon d'espérance pour nouer avec la vie moderne est quasi-inexistante.
Dans la cruauté des islamistes radicaux et surtout, dans celle des islamistes algériens qui battent tous les records (à côté des islamistes irakiens de nos jours) il faut voir l'enfermement dans une vision politico-religieuse léthifère qui prétend offrir la mort comme solution aux maux de la vie : la mort en martyr pour les héros et la mort ignominieuse en victimes pour ceux qui refusent de les rejoindre. Il faut tenter de sortir de ce cercle vicieux mais pour ce faire, encore faut-il que la société offre une alternative et que le politique soit le lieu de débat et d'échange des projets de société. On est loin du compte.


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