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Faire de la politique
Publié dans El Watan le 09 - 08 - 2007

Même s'il ne reste plus d'idéologie, comme on veut bien nous le faire croire, car c'est devenu une mode, il reste les principes. On nous impose, par contre, une nouvelle idéologie : la mondialisation et le fanatisme des marchés, un concept qui ne veut rien dire et emprunté aux autres.
On ne propose pas aux Algériens une pensée politique qui prenne à bras-le-corps les problèmes fondamentaux. Une grande politique n'a pas été dessinée depuis maintenant longtemps. La pensée des problèmes contemporains n'a pas progressé, elle a, au contraire, régressé. Les hommes politiques n'ont pas joué leur rôle d'éclaireurs. Ils ont plutôt anesthésié. D'où cette crise, née de l'immobilisme, qui fait que les contradictions enflent et se contiennent les unes les autres. On pense qu'ainsi elles stabilisent le pouvoir. Cette crise de société, produit de la crise politique, n'est, évidemment, jamais évoquée. La dégradation des solidarités, le mal-être dans notre société, la pollution politique et les intoxications diverses malmènent les gens et les groupes.
Personne n'évoque le poids de rentabilité-efficacité que l'on applique sur nos vies. Le problème de la qualité de la vie est de plus en plus masqué par les réponses quantitatives qu'on prétend apporter à tous nos problèmes.
La vraie légitimité pour gouverner ne peut s'obtenir qu'en ayant vaincu son véritable adversaire, la pratique de la gestion et des arbitrages.
La politique n'a nullement perdu son intérêt, mais, au lieu d'être l'objectif ultime de la société, elle est devenue le moyen, l'instrument de l'épanouissement de nos vies. Or, nous sommes dans une économie capitalisto-esclavagiste. Le mot «révolution» a disparu du langage. Il est vrai que dénoncer est stérile si l'on est incapable d'énoncer.
L'autre fait réside dans cette nouvelle pensée à la mode qu'est la social-démocratie. Les conquêtes sociales sont aujourd'hui menacées, qu'il s'agisse du travail ou des sécurités sociales.
Il reste, donc, à inventer une politique, une politique de civilisation. C'est là qu'apparaissent les carences.
La société a besoin de fraternité et de solidarité. Mais dire qu'il faut être fraternel ne suffit pas. Les discours philanthropiques au sujet des malheureux, des souffrants, des inégalités, de la fraternité n'indiquent pas quelles réformes pourront diminuer les inégalités et régénérer la fraternité. Il faut créer des dispositifs pour y parvenir. La fraternité c'est la forme suprême de la solidarité. Notre «modernité» a désintégré toutes le s solidarités anciennes et traditionnelles. Elle a créé une solidarité bureaucratique inefficace qui engendre de nombreux problèmes, en l'occurrence, notamment, le chantage politique à cette solidarité.
Tout ce qui constituait les valeurs traditionnelles a été déconstruit. Les avant-gardes de l'économie de marché ont fait table rase du passé au nom de l'innovation absolue. Cette déconstruction a été réellement menée à son terme par ce capitalisme appuyé sur les pivots de la mondialisation libérale qui ne connaît que le commerce en parlant de développement. Les idéaux supérieurs se sont, ainsi, perdus dans la marchandisation car l'idée de mondialisation, qui est avancée comme excuse aux carences, a bouleversé de fond en comble la notion de progrès. La progression qui est attachée à la notion de progrès se fait hors de tout projet. Plus personne ne sait où va l'Algérie, d'où ce sentiment généralisé de dépossession qui alimente toutes les peurs et encourage la violence. L'addition de l'ignorance, de la bêtise et de l'arrogance produit les peurs, les incompréhensions et les affrontements.
D'autant que nos dirigeants politiques vivent dans des systèmes de valeurs qui ne leur permettent pas d'évaluer cette déconstruction.
Comment alors repenser la fraternité dans ces conditions ? Comment redonner sens aux formules creuses ?
On sait ce qui met les gens en colère, ce qui les fait pleurer, ce qui nourrit leur existence. Ce sont les débuts et les fins de vie, l'insécurité, toutes les insécurités, les transports, l'ennui, le chômage, la banalité…
Il faut se demander quelle politique mettre en place pour«dépourrir» la vie des gens. La politique ne peut pas faire l'économie de la réflexion sur le collectif.
Nous sommes, malheureusement, dans un pays où l'Etat est sclérosé. C'est le cas, également, des partis politiques et des structures, toutes les structures. Quel contraste avec l'extrême vitalité qui anime la base ! On ne peut qu'être frappé par le besoin des initiatives des associations, qu'elles s'occupent d'environnement, d'agriculture ou de culture. Mais toutes ces expériences s'ignorent les unes les autres. Aucun organisme n'est en mesure de les centraliser et d'en faire la synthèse.
Pour faire de vraies réformes, il faut un élan et un espoir. Cependant, les politiques ignorent toute cette vitalité. Ils la freinent, ils l'interdisent, ils en ont peur et surtout elle leur démontre l'inanité de leur discours, de leur présence, de leur raison d'être, de leur fonds de commerce. Ils n'aiment pas être remis en question. Ils préfèrent, alors, fréquenter les lobbies et s'associer à l'argent. Ils ne parlent que d'argent et nous, on prend connaissance des dilapidations, de Khalifa dont on ne connaîtra jamais les tenants et aboutissants, des sommes colossales détournées des banques publiques, de la convocation chez le juge du troisième personnage de l'Etat sans que l'Etat n'en parle, du conseiller présidentiel dont l'affaire est jugée la nuit sans sa présence ni celle de ses avocats, mais la mise à la retraite anticipée du procureur général pour ne pas avoir étouffé le délit. Pendant ce temps, le président visite des villes pour être vu et se parler. Il croit nous séduire par l'hypnose. Il dit qu'il peut tout faire parce qu'il sait tout. On passe d'un sujet à l'autre sans avoir le temps d'analyser le sujet précédent. Il développe des clichés mais il dit cyniquement que les gens n'auront rien. Bien évidemment, la richesse a déjà été partagée et cédée. C'est pourquoi on n'apprend plus ce que c'est d'être humain. On n'enseigne pas comment affronter les incertitudes. Il n'y a pas une éducation de civilisation. Tous ces problèmes de la vie sont ignorés. Pour les enseigner, il faudrait faire émerger une nouvelle race d'enseignants cultivés.
Les parents sont angoissés par l'éducation de leurs enfants. Ils n'acceptent pas l'idée que l'avenir de leurs enfants soit hypothéqué d'entrée de jeu, à l'école.
L'autre facette nous montre des adultes s'intéressant à leurs enfants, mais de manière individualisée. Il y a, par contre, une indifférence générale aux générations futures. Le souci du futur existe pour les siens mais il se volatilise lorsqu'il s'agit de la collectivité. Les politiques ne font rien pour inciter à penser au futur, à penser le futur. Il faut donc restaurer des idéaux collectifs dans un pays où les jeunes sont déjà corrompus par la culture de l'argent, où la morale et le respect de l'autre paraissent si dérisoires et contre-productifs.
La promesse de la démocratie est de nous permettre de fabriquer notre histoire. Mais, aujourd'hui, ce qu'on appelle logique des marchés entraîne une dépossession démocratique. On nous objecte la volonté d'instaurer une démocratie à l'échelle planétaire, qui n'est pas possible.
Il faudra, pour cela, des partis et des syndicats transnationaux. Surtout, pas de malentendu. L'Algérie est réformable. Certaines réformes sont plus difficiles que d'autres : ce sont celles qui supposent des sacrifices et qui demandent l'identification des ressorts sur lesquels il faut s'appuyer. Qui est capable de le faire ? Certainement pas ceux qui nous gouvernent aujourd'hui. D'où la question : quand aurons nous enfin des politiques qui soient dignes de gouverner ce pays ? Le probable peut aggraver la situation et c'est l'improbable qui peut être salvateur.
L'auteur est Professeur en sciences politiques à la retraite


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