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Le pétrole, le Dollar, le Yuan, des paradigmes
Publié dans El Watan le 04 - 12 - 2007

Le litige est complexe, car s'il pose des questions de droits de l'homme, des affrontements religieux et des tendances sécessionnistes, il y a, en arrière -fond, le problème du contrôle des ressources pétrolières. Le Darfour et le Sud du Soudan, peuplés de populations chrétiennes, animistes ou musulmanes modérées, sont en état de sécession vis-à-vis de Khartoum qui ne peut admettre la moindre velléité d'indépendance et même d'autonomie. Le Nord, le Centre et l'Est ont un peuplement se rapprochant du fondamentalisme islamiste, il en découle une guerre civile dont la ressource pétrolière concentrée dans le Darfour est un enjeu principal. Les Américains, après avoir été présents au Darfour, tant par le prosélytisme de leurs associations évangélistes que par leurs ONG et encore plus par leurs compagnies pétrolières, ont été contraints à l'évacuation. Le risque et les pertes devenaient trop forts, alors que la guerre en Irak mobilisait un potentiel trop important.
Dans le vide ainsi créé, se sont engouffrés les Chinois, soutenant Khartoum, en exploitant la richesse pétrolière locale dont ils tirent 6% de leurs importations annuelles. Leur coopération porte sur les domaines civils et militaires (fournitures d'armement). Les Chinois repoussent l'embargo américain décrété contre le Soudan, ils s'opposent au renforcement ou au remplacement d'une force d'interposition. En accord avec les Russes, ils menacent d'imposer leur veto à une résolution du Conseil de sécurité pas trop contraignante à l'égard de Khartoum. On comprend alors pourquoi l'Iran avec superbe toise les Etats-Unis et Israël et ce, au moins pour cette raison : la Chine est devenue un partenaire stratégique (premier client pour l'Iran) comme elle l'est pour le Soudan et un concurrent acharné pour l'Amérique en matière de contrôle des régions pétrolifères ; la Russie n'est pas en reste, elle vient compléter le tableau en apportant son soutien à l'Iran (l'assistance de la Russie dans la construction de la centrale nucléaire d'une puissance de 1000 MW à Bushehr), raisons commerciales obligent !En ouvrant une parenthèse sur l'Iran, on ne peut douter que le programme nucléaire, en l'occurrence l'usine de transformation de l'uranium d'Isfahan, la centrale de Natanz et tous les autres sites iraniens qui avaient déjà fait l'objet d'un programme ambitieux du temps du Shah, n'a pu se faire sans l'appui des puissances opposées à la domination américaine. De plus un véritable «partenariat stratégique» lie Moscou à Pékin dans le cadre d'une nouvelle coalition régionale, l'Organisation de coopération de Shangaï, l'OCS. Ce partenariat stratégique, complétant le partenariat commercial, fait ressortir la place imprenable qu'occupe l'Iran en Asie centrale, un véritable «cheval de Troie» dans les plans américains. En outre, la doctrine d'endiguement, le «containment» utilisé par les Etats-Unis, s'est paradoxalement retournée contre ceux-là mêmes qui l'ont pensée et mise en œuvre. D'où l'importance de la position géographique, économique et militaire de l'Iran dans la stratégie de l'OCS en Asie centrale.
– 5. L'arrière-fond de la stratégie pétrolière et gazière chinoise
Cela étant, il faut maintenant comprendre ce que la stratégie pétrolière et gazière chinoise renferme en arrière-fond, c'est-à-dire les conséquences induites de ces prises de marché sur un problème bien plus redoutable pour les Etats-Unis : le dollar et sa pérennité en tant que monnaie de compte et de réserve centrale dans le monde. Du fait même du rôle international du dollar, les marchés internationaux de capitaux et les marchés de change sont fortement dépendants du système américain. Cependant, avec le système actuel de changes flottants, et bien que le statut international de cette monnaie n'est pas encore remis en question sa position s'effrite de plus en plus, surtout depuis les années 2000. Les deux leviers, causes de cet effritement, sont le lancement de l'euro en 1999 qui a bouleversé l'ordre monétaire mondial et la montée en puissance inattendue de la Chine. Pour tenter de comprendre les risques encourus par le dollar américain, il faut préciser que ce n'est pas seulement la volonté tenace de la Chine de pénétrer les marchés des matières premières surtout énergétiques, et donc les gisements, mais surtout de donner une «aura positive» aux relations particulières qu'elle tisse avec ses partenaires surtout d'Afrique et du Proche et du Moyen-Orient. Comme par exemple, l'octroi de facilités considérables aux Etats, l'«effacement de la dette» — La Chine a jusqu'ici effacé la dette de 31 pays — ou «d'accorder des prêts préférentiels, voire des remboursements par des exportations futures de pétrole», etc. Et enfin, le mode mis en place pour financer les achats de pétrole par des compensations, c'est-à-dire des réalisations d'infrastructures, des exportations de biens et services à bas prix, des investissements bien plus favorables que ceux des Occidentaux, des contrats à long terme portant aussi bien sur le civil que sur le militaire.Les Chinois ont une préférence pour le troc, car celui-ci leur évite l'usage du dollar qui, par ses fluctuations à la baisse ou à la hausse, parasite les échanges. Et ces fluctuations sont commandées par la loi de l'offre et de la demande de cette monnaie sur les marchés internationaux. Plus la partie des déficits américains non couverte par les capitaux étrangers augmente, plus le dollar US faiblit. Le dollar étant en surquantité sur les marchés monétaires suite à la monétisation des déficits, il déprécie. Par ailleurs, plus le prix du pétrole augmente, plus la demande de dollars américains est grande. Les prix des autres matières premières (or, blé, lait, acier, etc.) suivent cette spirale haussière. Si la Chine opte massivement pour le troc avec ses partenaires commerciaux africains ou proche et moyen-orientaux au coût bien entendu du cours du baril de pétrole, une partie de la masse monétaire américaine dans les marchés financiers, comme on l'a déjà expliqué, reste sans acquéreurs ; par conséquent, le total des excédents des pays exportateurs de pétrole libellés en dollars qui doit retourner aux Etats-Unis se trouve réduit. A cela, il faut ajouter encore les exportations pétrolières de la Russie, du Venezuela, de la Norvège, à la Chine, à l'Europe, à l'Amérique du Sud. ces pays vendent aussi en partie, soit en monnaie autre que le dollar, soit par le troc. Il va de même pour l'Iran et le Soudan qui sont en conflit avec les Etats-Unis. Tous ces pays pour des raisons politiques ou économiques ne sont pas astreints à vendre leur pétrole en dollars.
Conséquence : les Etats-Unis sont privés en quelque sorte d'une bonne partie du droit de «seigneuriage» sur le monde, privilège que seul possède jusqu'à présent le dollar. On comprend pourquoi cette stratégie est bien plus redoutable que la création de l'euro, qui lui aussi s'érige en rempart pour l'Europe monétaire contre les attaques spéculatives du dollar. Cette stratégie est susceptible de remettre en cause la pérennité du dollar en tant que monnaie unique de facturation du pétrole. Tout compte fait, si l'on prend en compte les préjudices causés par les fluctuations d'un dollar instable, la vente des matières premières au cours des autres devises ou en troc est considérée bien plus saine que par son intermédiation. C'est ce qui ressort un peu de la politique du «gagnant-gagnant» dans le «partenariat stratégique» prôné par la Chine. Les échanges donc doivent être basés, selon les normes internationales et sur le principe de l'égalité et du bénéfice mutuel. De là, on comprend l'impact de la stratégie chinoise dans le retournement du dollar. Le problème aujourd'hui dans la nouvelle conjoncture qui se dessine appelle deux questions fondamentales : «Quel sens donner à cette baisse rapide du cours du dollar US ? Et à cette hausse continue du cours du pétrole ?»
– 6. Quelle stratégie pour les Etats-Unis ?
A. Sur le plan économique
Forcément, ces deux mouvements rapides et continus du cours du dollar et du pétrole ont une signification précise d'autant que la situation des Etats-Unis aujourd'hui laisse perplexe. Des déficits jumeaux abyssaux, un dollar en baisse, un pétrole à des cours toujours plus élevés et une Amérique mise à mal sur le double plan économique et géostratégique. Donc, quelle vision attribuer à cette équation touchant à la fois l'économique et le stratégique ? L'avenir est-il si sombre pour les Etats-Unis ? A vrai dire, les réponses parlent d'elles-mêmes dans cette dynamique engendrée par l'incertitude qui pèse sur la situation économique des Etats-Unis. Pour la première fois depuis près d'un siècle, les Etats-Unis sont devenus des payeurs nets de revenu de facteurs, ce qui veut dire que malgré le silence sur la dette extérieure, les déficits américains sont déjà insoutenables et nécessitent une solution urgente. Le «système de crédit fournisseur» ou «je vous crédite pour que vous m'achetiez», surtout de la Chine, s'essouffle ; il est particulièrement instable d'autant qu'il y a des frictions sur le yuan. Les Américains accusent le gouvernement chinois de maintenir artificiellement sa monnaie très basse, afin de se procurer un avantage compétitif sur les marchés mondiaux et de soutenir les exportations nationales. De même, depuis la récente hausse très rapide de l'euro en octobre 2007, les ministres des Finances de la zone euro exhortent eux aussi la Chine à réévaluer le yuan. Tous sont unanimes à dire que le yuan ne reflète pas les fondamentaux économiques et appellent la Chine à plus de flexibilité sur sa politique de change. Certes le boom économique de la Chine aurait dû faire grimper le yuan sur le marché des changes, mais la fragilité du système financier chinois et la crainte qu'une forte réévaluation ne handicape ses exportations et donc sa croissance poussent les autorités chinoises à mener avec prudence la politique de change. Si le yuan s'est apprécié ces deux dernières années, cette hausse cependant reste très mesurée.Cette situation est évidemment préjudiciable pour l'économie américaine, un déficit commercial record est atteint en 2006, 764 milliards de dollars dont 232 milliards de dollars, soit plus du quart avec la Chine. Avec le Japon, un déficit record à 88 milliards de dollars, un chiffre qui devrait réactiver aussi les craintes de sous-évaluation du yen. Vis-à-vis de l'Union européenne en revanche, les Américains ont réussi à réduire leur déficit à 116,6 milliards de dollars. Et ni les négociations ni les compromis n'ont pu prévaloir pour aplanir les frictions monétaires avec le géant asiatique. En réalité même avec une réévaluation plus adaptée du yuan aux fondamentaux, il n'est pas dit que la Chine n'ait pas le dernier mot en matière de concurrence commerciale. Au moins pour trois facteurs. Tout d'abord, l'avantage de la Chine se situe dans le prix de la force de travail, 1 pour 32 soit 3,125 % seulement de la force de travail américaine. Selon des données occidentales, le salaire horaire moyen en Chine est de 0,5 dollar, contre 4 dollars au Mexique et 16 dollars aux Etats-Unis. L'autre facteur est la faiblesse de l'épargne des ménages aux USA, ceci est vu et connu et explique d'une certaine façon la crise immobilière américaine. Enfin l'autre facteur tout aussi important, c'est le budget défense, on se doute bien que 737 bases outre-mer nécessitent un budget faramineux. Sans compter les guerres menées depuis 2001. Donc, on ne peut tout mettre sur le compte des manipulations monétaires par la Chine. Il y a une grande part de réalisme dans tout conflit qui oppose les puissances, et puis rien n'interdit à l'Amérique de mener à sa guise sa propre politique monétaire.
Cela étant, on entre de plain-pied dans la stratégie des Etats-Unis face aux défis en cours. Qu'observons-nous depuis janvier 2006 ? Le dollar ne cesse de se déprécier et le cours des matières premières d'augmenter. Et si les Etats-Unis ont opté pour un dollar faible, quelles conséquences peut-il entraîner un dollar de plus en plus faible et un cours de pétrole toujours en hausse ? Il est clair que les importations de pétrole vont devenir pour la Chine plus onéreuses, de même un taux de change très faible du dollar va pénaliser ses exportations. Pour deux raisons au moins. Un taux très faible du dollar réduit les importations américaines, et par conséquent les excédents commerciaux chinois. La deuxième raison, la Chine sera obligée de vendre une partie de ces réserves de change en dollars pour ne pas perdre accuser une grosse perte de change. Ce qui accentue encore plus la baisse du dollar. Comme les réserves de change se montent à 1443 milliards de dollars en 2007, les pertes chinoises, tout compte fait, seraient dérisoires par rapport aux avantages que leur aura procurés leur solide croissance économique basée sur l'exportation. Il en va de même pour tous les autres pays d'Asie et des pays arabes pétroliers ayant cumulé des réserves de change depuis au moins cinq années. Evidemment, ce rééquilibrage financier mondial ne va pas se faire en quelques mois, mais prendra quelques années au cours desquelles le dollar peut aller à 2 euros et plus, et tout dépend encore du cours du baril de pétrole qui peut lui aussi monter à 150 dollars, voire plus. C'est précisément le couple taux de change du dollar/cours du pétrole qui peut contribuer indirectement à amoindrir le déficit de la balance des paiements courants américains. Mais la stratégie américaine n'est pas acquise, il faut encore compter sur la nouvelle dynamique enclenchée par la Chine. Avec «l'initiative de Chiang-Maï», un nouveau cadre qui combine à la fois un renforcement des capacités de surveillance et une augmentation de capacité de financement de l'Asie, plus une incontestable percée en Afrique, en Amérique du Sud, au Proche et Moyen-Orient sur tout ce qui touche le pétrole, la Chine devient un concurrent de poids à la puissance économique américaine. A titre d'exemple, la Chine pratique une politique de contournement au dollar, monnaie de facturation des matières premières, à travers des accords bilatéraux. De plus «l'initiative de Chiang-Maï» s'érige en concurrent en tant que fonds capable d'influer sur les rapports de force avec le FMI (et les USA, son principal actionnaire). Sans compter qu'un affaiblissement de l'économie mondiale peut survenir et compliquer encore plus les relations internationales.
Ce qu'on peut dire sur ces nouvelles donnes, c'est que le monde est à la veille d'un nouveau paradigme. L'économie mondiale fait sa mue, les géants d'hier ne sont pas les géants de demain. Le nouveau paradigme est celui de l'ouverture à de nouvelles forces grandissantes, l'ultralibéralisme avec la mondialisation prend à contrepied les puissances occidentales. De plus en plus, dans les institutions même qu'ils ont pensé et créé, à savoir l'OMC, le FMI… jusqu'à la création de l'euro, l'Occident s'est enferré, voire assujetti à des réalités économiques qu'il n'a pas prévues. Et s'il est difficile de prédire ce qui va advenir, il est cependant certain que ces nouvelles donnes vont peser à moyen terme sur les rapports Nord Sud et Est Ouest.
B. Sur le plan géostratégique
Au vu des enjeux en cours, les Etats-Unis commencent à renouer avec le pragmatisme,pa donc à comprendre que cette situation est périlleuse à terme. Un changement d'attitude est intervenu dans le dossier du Proche et du Moyen-Orient. Déjà, le deal conclu avec l'Iran se traduit par une baisse notable de la violence en Irak. Les Etats-Unis tout en cherchant à ne pas perdre la face sont en train d'appliquer à la lettre les recommandations du rapport Hamilton-Baker de janvier 2007 avec une volonté, bien que timide, de diminuer les troupes en Irak en 2008. En Afghanistan, on assiste également à une baisse de violence malgré la reprise de l'offensive des talibans en 2006 et poursuivie en 2007. De plus, les Européens aujourd'hui rechignent à envoyer des troupes malgré la demande pressante américaine. Déjà les pays de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – l'Iran, le Pakistan et l'Inde ont le statut d'observateurs –, vu les difficultés rencontrées par les 40 000 hommes de l'OTAN (ISAF) et les 7000 marines américains, projettent de prendre la relève. L'OTAN risque un revers sérieux en Afghanistan. Sans compter la Somalie, le Darfour.
Il est clair que l'Amérique doit pour sa crédibilité financière et monétaire abandonner des créneaux qui mettent en danger son économie. Bien que d'ordre stratégique, elle ne peut plus financer des campagnes de guerre, la guerre avec l'Iran serait non seulement non rentable mais surtout catastrophique sur les plans financier et économique. On comprend dés lors le revirement de sa politique étrangère. Il existe certes des velléités de guerre avec l'Iran même au moyen d'armes tactiques nucléaires, mais un conflit de cet ordre n'accélèrera que ce qui fut déjà par le passé : elle abandonnera l'Irak et le Moyen-Orient comme cela a été au Vietnam en 1975. On comprend pourquoi aujourd'hui l'intérêt subit par le Centcom pour l'Afrique… et la fin de non-recevoir par la plupart des pays africains. Et le changement politique des Etats-Unis dans le problème palestinien. La configuration géostratégique et géoéconomique étant bouleversée, Israël ne pourra plus constituer un appui sérieux à très moyen terme dans les changements en cours pour la superpuissance.En Asie, la Corée du Nord est en train de démanteler ses installations nucléaires, la coopération a remplacé l'invective, ce qui est de bon augure pour la dynamique en cours.Toutes ces donnes nous indiquent qu'une configuration majeure est en gestation, à l'instar même de la donne économique, et les Etats-Unis y jouent un rôle central. Tout dépend du mode opératoire retenu par l'Amérique et de l'intelligence stratégique pour gérer ses échecs, car il s'agit bien d'échecs pour la superpuissance face aux soubresauts d'un monde en transition.
L'auteur est Chercheur


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