Dans un coin sont entreposés des dizaines de documents de sensibilisation sur les accidents de la route. Des affiches sur le même thème tapissent les murs de la salle. «Protégeons nos enfants», implore presque un slogan. «Déterminés à conduire moins vite», proclame un autre. Sur le terrain, la situation est tout autre. Athmane, membre de l'association, fouille dans un tas de paperasse et retire des photos de quatre membres d'une même famille morts dans un accident de la circulation à Bouira. «La situation est dramatique. Plus de 4000 personnes périssent chaque année sur les routes en Algérie, sans compter les milliers de blessés», commente le président de l'association Chérif Keddam en faisant défiler des bilans macabres sur son PC. «Il y a une moyenne de 11 deuils par jour. La prévention est l'affaire de toute la société. Notre association n'est qu'un maillon de ce dispositif. Pour que l'action soit efficace, les structures de jeunes, l'école et la famille doivent jouer leur rôle. Il y a lieu de les sensibiliser pour qu'ils y adhèrent. Il y va de l'intérêt général», renchérit Chérifi Mohamed, un autre adhérent. La wilaya de Tizi Ouzou n'est pas épargnée par cette tragédie nationale. Les services de la sécurité publique de la sûreté font état de 18 décès durant l'année 2007, contre 23 en 2006. On dénombre également 424 blessés enregistrés dans 459 accidents. La vitesse excessive est considérée comme la première cause des accidents de la route dans notre pays. Comment limiter les dégâts ? A chacun ses propres propositions mais tout le monde s'accorde à dire qu'il est vraiment temps d'agir efficacement pour stopper l'hémorragie. «L'Etat doit décréter 2008, année de la prévention routière mais en parallèle, les pénalités liées à la violation du code de la route doivent être revues à la hausse», dira M. Keddam qui préconise par ailleurs l'implication des concessionnaires automobiles et des assurances dans les campagnes de prévention. Il affirme : «Les sociétés d'assurances perdent 100 milliards de dinars/an mais ne déboursent aucun centime dans la prévention routière.» Athmane Targa, membre de l'association, abondera pratiquement dans le même sens : «Les concessionnaires et les assurances doivent mettre la main à la caisse et s'investir dans la prévention et la sensibilisation contre les accidents de la route. C'est un fléau qui cause des dégâts humains et matériels considérables.» Son collègue, Seddiki Abderrahmane, estime pour sa part que le ministère de l'Education doit intégrer la prévention routière dans le programme scolaire. Les médias, ajoute-t-il, doivent s'impliquer aussi dans ce domaine. Sur un autre plan, nos interlocuteurs déplorent le manque de plaques de signalisation et l'état dégradé du réseau routier. «En l'absence de plaques de signalisation, les agents de l'ordre disent éprouver des difficultés pour l'application de la loi alors que le parc communal de l'APC croule sous un stock de panneaux», affirme le président de l'association. Agréée le 1er juin 2005, l'association de prévention routière de la wilaya de Tizi Ouzou Les amis de la route a pour but la coopération avec les organismes publics et privés, la coordination des efforts déployés dans la prévention des accidents de la route, la sensibilisation du citoyen sur la nécessité du respect du code de la route en organisant des journées portes ouvertes et caravanes de prévention routière, et l'information des usagers de la route sur les risques des accidents par des rencontres, des séminaires, des prospectus et des dépliants sur le thème. Elle contribue également à la sensibilisation des enfants et des élèves dans les établissements scolaires par des campagnes et des concours de dessin. Les amis de la route ont pris part à des rencontres nationales et internationales. En décembre 2007, l'association a participé au Festival international des campagnes de sensibilisation sur la prévention routière qui s'est tenu à Tunis. Sans subvention, elle n'active que grâce à la contribution de ses adhérents.
