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Alliances et mésalliances
Cinéma. Villa Jasmin de Ferid Boughedir
Publié dans El Watan le 21 - 05 - 2009

A partir de la vie du père de l'animateur télé Serge Moati, le réalisateur tunisien propose un éclairage sur les Juifs de Tunisie.
Le Mémorial de la Shoah à Paris, a projeté le 27 avril dernier, en avant-première, le film Villa Jasmin, du Tunisien Férid Boughedir, adapté d'un extrait du roman autobiographique (de même titre) de Serge Moati, Français, juif d'origine tunisienne et célèbre animateur de l'émission Ripostes de France 5. Henry Moati (c'est le vrai prénom de Serge Moati qui a pris celui de son père), pris de nostalgie pour la Tunis de son enfance, s'y rend, trente plus tard, accompagné de sa femme enceinte. A la mort de ses parents, à l'âge de 11 ans, il avait quitté cette ville pour la France, un an après l'indépendance de la Tunisie (1956). On le voit visiter la tombe de son père, puis la maison familiale, Villa Jasmin, où il est né et a grandi. visite ce qu'il reste de la salle de son père, le théâtre Rossini, où celui-ci avait travaillé comme metteur en scène. C'était surtout le lieu où ses parents se sont rencontrés. La mère Moati avait commencé par s'opposer à la liaison de son fils avec une femme, certes juive, mais de basse extraction. Il existait en effet deux communautés juives en Tunisie, qui se haïssaient au point d'avoir chacune ses rabbins, ses synagogues, ses quartiers, et même un mur entre leurs tombes au cimetière juif ! Les « Livournais », originaires d'Italie et descendants des Séfarades, chassés de la prestigieuse Andalousie aux confins du XVe siècle, considéraient comme des va-nu-pieds, les Scemamas, « indigènes » dont la présence au Maghreb remonte à la nuit des temps. Les Scemamas n'en pensaient pas moins des premiers.
Serge Moati (le père donc) sera ensuite journaliste dans une gazette, Tunis Soir, puis au Petit Matin, journal officieux des Juifs de Tunisie, avant d'en être licencié du fait de ses audaces politiques. Il écrivait parallèlement dans Tunis socialiste, organe central du parti socialiste, dont il sera l'un des députés dans les années 1930. Son parti luttait contre le capitalisme colonial et ses potentats locaux, contre le racisme à l'encontre de la population « indigène » et se battait pour l'égalité des droits entre les colons et les « autres », dans le giron de la France des Lumières et des droits de l'homme. Cette position divergeait de celle des nationalistes (comme d'ailleurs en Algérie, et peut-être au Maroc) sur la question suivante : le système colonial était-il réformable ou non ? L'histoire a donné raison aux nationalistes maghrébins. L'engagement anticolonialiste et progressiste de Serge Moati lui vaudra d'être emprisonné une première fois, pour six mois, par les autorités coloniales. Parallèlement, il était entré dans la Franc-maçonnerie qui rassemblait, selon lui, l'élite éclairée de son époque, une élite imbue des idéaux universalistes des Lumières. En 1943, les Allemands occupent la Tunisie, avant d'y être délogés six mois plus tard par les alliés. Cette occupation donna lieu à un nouveau débat (d'envergure maghrébine) entre la gauche tunisienne qui prônait une alliance antifasciste, et une minorité de leaders nationalistes du Néodestour, qui, partant du principe que l'ennemi de mon ennemi est mon ami, croyaient qu'une alliance avec les nazis les aiderait à se débarrasser du joug colonial français, comme le promettait la propagande de Radio Berlin aux peuples des colonies, et non par adhésion à l'idéologie aryenne nazie, comme le précisera l'auteur du roman, après la projection.
Dans le film, Serge Moati en fait le reproche au notable Benromdane, dirigeant du NéoDestour. Cela d'autant plus que leur leader, Habib Bourguiba, y était opposé. L'intéressé lui répliqua : « Et vous [les Juifs] ? Vous avez bien accepté le décret Crémieux ». Ce décret avait accordé la nationalité française à tous les Juifs du Maghreb, ce que la France avait refusé jusqu'au bout aux populations musulmanes. Il fit grief aux Juifs tunisiens de s'être détachés ainsi de la population autochtone, dont ils faisaient partie. Dès l'avènement du régime de Pétain, les autorités coloniales abolirent ce décret et promulguèrent des lois antijuives. Des spectateurs et Serge Moati rappelleront que Moncef, bey de Tunisie, régnant mais ne gouvernant pas s'était (comme le roi Mohamed V du Maroc) opposé au port de l'étoile jaune par ses sujets juifs. Lorsque la villa des Moati fut réquisitionnée pour l'ambassadeur d'Allemagne, c'est tout naturellement que le leader nationaliste, Benromdane, hébergea la famille Moati. Odette habitera ensuite avec ses parents dans un hammam. Auparavant, Serge Moati et 16 militants juifs, qui avaient mis sur pied un réseau de la résistance, avaient été arrêtés par la milice colonialiste pronazie et déportés dans le camp de Saxsenhausen, en Allemagne. Il fut l'unique survivant, parce qu'on l'avait pris pour un Italien. Villa Jasmin est un film beau et émouvant qui nous fait connaître un aspect oublié de l'histoire du Maghreb, notamment de sa population juive.


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