Le calme est revenu hier dans la ville iranienne de Zahedan, après des échauffourées interconfessionnelles et un incendie criminel qui ont fait au moins 10 morts dans la foulée d'un attentat meurtrier. « Le calme est revenu dans la ville, grâce notamment à un message télévisé (des imams sunnites) Abdol Hamid Esmail Zehi et (chiite) Abbassali Soleymani diffusé hier soir (lundi) », a déclaré le directeur du quotidien Zahedan, Mohammad Taghi Rakhshani. Selon lui, outre les 25 morts de l'attentat perpétré jeudi contre une mosquée chiite, « en tout dix personnes ont été tuées dont cinq dans l'incendie criminel d'une société de crédit de la ville ». Selon le directeur du journal, les « cinq morts dans l'incendie étaient des chiites et les autres étaient des sunnites ». D'après M. Rakhshani, il y avait « encore lundi des rassemblements de 20 à 30 personnes ici ou là, mais aujourd'hui (mardi) tous les magasins et les administrations sont ouverts et la vie normale a repris ». La chaîne de télévision iranienne Press-TV avait rapporté, lundi, la mort de cinq personnes dans l'incendie « criminel », selon elle, de la société financière et de crédit Mehr. Aucun autre décès n'a été rapporté. Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Ali Reza Jamshidi, a déclaré hier que « six citoyens ont péri brûlé à un endroit » à Zahedan, sans autres précisions. Un responsable de la police locale, Hossein Sajedi, a précisé qu' « un policier a été tué », selon des propos rapportés mardi par l'agence Fars. Selon M. Rakhshani, l'agence de crédit Mehr « se trouve dans un quartier majoritairement sunnite, et quand elle a été attaquée, son personnel s'est réfugié au sous-sol ». « Une grenade a été lancée à cet endroit à travers une fenêtre et le lieu a flambé », a-t-il dit. M. Jamshidi a ajouté que « pendant les troubles, environ 20 à 30 personnes ont été arrêtées ». En revanche, « 150 personnes ont été arrêtées », selon le responsable de la police cité par Fars. La ville, capitale de la province du Sistan-Balouchistan, abrite une forte minorité sunnite dont est issue le groupe rebelle baloutche Joundallah (soldats de Dieu), qui a revendiqué l'attentat contre la mosquée. Joundallah a affirmé riposter ainsi à l'arrestation par les forces de sécurité iraniennes de plusieurs membres de la minorité sunnite du Sistan Balouchistan et « venger » ceux, parmi eux, qui ont été exécutés par le régime. La province est frontalière de l'Afghanistan et du Pakistan, qui abrite une forte minorité baloutche. Téhéran a accusé à plusieurs reprises Islamabad de ne pas assez s'impliquer dans la lutte contre Joundallah. Le groupe, qui revendique une plus grande autonomie pour la minorité baloutche, a mené de nombreuses attaques contre les forces iraniennes dans la province.
