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Un autre regard sur le bilan du gouvernement
Publié dans El Watan le 13 - 01 - 2009

La déflation mondiale allait profiter au pouvoir d'achat des salariés, la concurrence engendrant la baisse des prix en faveur des consommateurs, en prime, le marché apporte la démocratie. «Une mondialisation heureuse» selon certains, «une grande désillusion», estime le prix Nobel d'économie R. Stiglizt, «un pays qui gagne, l'Algérie», affirme un auteur algérien.
1) L'échec de la politique néolibérale
L'Algérie a lâché la proie pour l'ombre. Elle a ouvert grand ses marchés, vendu ou laissé péricliter ses grandes entreprises, concédé des avantages importants aux sociétés étrangères, sans véritable stratégie, à la différence de la Chine, de l'Inde ou de la Tunisie voisine. Une libéralisation trop rapide, estime un rapport de la Cnuced des Nations unies, «on a poussé les Africains à ouvrir leurs frontières avant que leur économie ne soit compétitive».
Le bilan négatif de l'ouverture est sans appel. Les importations ont chassé la production domestique de nos marchés. Confrontées à la concurrence externe, nos entreprises n'ont pas tenu le coup. Il est plus profitable d'importer que de produire. L'industrie manufacturière a reculé, des entreprises cessent de produire pour se tourner vers l'importation. Dans le monde des affaires, on est plus préoccupé de prélever de la richesse que d'en créer. L'investissement productif, celui qui crée de la richesse, est quasiment à l'arrêt. «Quand le pays a besoin de quelque chose, écrit l'économiste Ahmed Henni, il ne cherche pas à la produire, il l'achète. Nous importons à peu près tout ce que nous consommons et nous avons quasiment cessé de produire pour nos besoins».
Nous n'importons pas que des biens, mais aussi des services et le savoir-faire des entreprises étrangères, faute d'entreprises locales d'envergure et de main-d'œuvre qualifiée. Les entreprises étrangères construisent pour nous des routes, des ponts, des ouvrages hydrauliques… Les services s'étendent également à la gestion des infrastructures réalisées : aéroports, ports, hôpitaux, réseau de distribution d'eau…
Ces services nous coûtent chaque année des milliards de dollars transférés à l'étranger. Notre capacité à assimiler un éventuel transfert technologique est à l'aune de notre système éducatif et de formation obsolète. Les IDE, support attendu de notre insertion à la nouvelle DIT, n'ont pas tenu leurs promesses. L'Algérie est le pays, au Maghreb, qui reçoit le montant le plus faible IDE 1,06 milliard en 2005, 1,076 en 2006. Les délocalisations se font au Maroc et en Tunisie, pas chez nous. La stratégie industrielle basée sur les IDE a échoué. Les mesures intervenues dernièrement, participation majoritaire de l'Etat au capital, taxation des profits exportés à 15%, semblent indiquer de nouvelles exigences à l'égard des IDE. «Haro sur les fonds étrangers en Algérie», titre le journal Le Monde du 2 septembre 2008, en écho aux critiques ouvertement portées par le chef de l'Etat. Les transferts à l'étranger, au titre des revenus du capital et du travail, dépassent les 7 milliards de dollars chaque année, autant que le service de la dette au début des années 1990 qui avait conduit à une situation de cessation de paiement. En Afrique du Sud, au Gabon, les sorties de bénéfices ont dépassé les apports d'investissement étranger, note le rapport des Nations unies sur les IDE, qui rappelle, fort justement, que l'investissement étranger «suit le développement plutôt qu'il ne le stimule».
2) Croissance sans développement
Le bilan du gouvernement se présente comme le compte-rendu d'un Etat rentier à ses clients. Voila comment est dépensé l'argent du pétrole, tant pour les routes, le logement, que pour l'emploi, etc. Il passe sous silence la question du développement, des voies et moyens mis en œuvre pour nous sortir de l'impasse du tout-pétrole.
Ce bilan ne saurait en effet dissimuler, d'une part, notre extrême dépendance vis-à-vis des exportations d'hydrocarbures et le fait que nos besoins essentiels, nourriture, autres biens de consommations, sont fournis par les importations, d'autre part. En d'autres termes, nous consommons ce que nous ne produisons pas. Il est incontestable que la situation s'est aggravée de ce point de vue là. Les importations sont passées, en quelques années, de 9,2 milliards de dollars à 32 milliards en 2008 et l'on prévoit 35 milliards pour 2009. Le gouvernement n'a pas su trouver une issue, une alternative, pour réduire la part du pétrole dans l'économie, de passer d'un système rentier à un système productif. Notre horizon social est toujours borné par le prix du baril, notre information quotidienne, rythmée par le montant des recettes réalisées par le volume des réserves de change et la capacité d'importation. Le pétrole détermine tous les indicateurs économiques et sociaux du pays. Et après le pétrole qu'est-ce qu'on fait ? Il n'y a pas à aller chercher bien loin les raisons qui motivent le départ de l'élite professionnelle et intellectuelle du pays ni la volonté des jeunes harraga à gagner d'autres territoires. Rien n'indique en effet qu'une dynamique nouvelle s'est mise en place pour nous sortir de l'économie du tout-pétrole. Le développement, c'est le changement apporté à la structure productive de l'économie et à celle de l'emploi : élargissement et diversification des productions en relation avec les besoins sociaux, montée de la main-d'œuvre dans l'échelle des qualifications. On ne peut soutenir qu'un tel processus soit en cours et que l'économie ait gagné en efficacité. Le pronostic vital de la société est engrangé à long terme. La réponse du gouvernement à la crise de développement tient dans la mise en œuvre d'un programme d'investissements publics dans les infrastructures : route, logements…
Il n'y a pas encore d'évaluation fiable du 1er plan mis en œuvre. L'annonce est déjà faite d'un nouveau plan de 100 à 150 milliards de dollars pour la prochaine période quinquennale 2009/2014, dont on ne connaît pas encore la réalité. Le programme de relance économique par les grands travaux, un classique néo-keynésien, n'a pas eu d'impact sur le système productif. La croissance est fondée sur le bâtiment et les travaux publics, les hydrocarbures et les services. La part de l'agriculture et de l'industrie dans la richesse créée (le PIB) est en recul : 9% pour l'agriculture, 6% pour l'industrie, 15% au total, dans les années 1960, respectivement 20% et 17% soit, 37% au total. Le gouvernement s'est engagé dans un programme de développement de l'emploi dans les services non productifs pour réduire le chômage, des emplois qui ne créent pas de richesses supplémentaires. «Vous ne pouvez pas faire tourner une économie en vous vendant des hamburgers les uns aux autres», déclarait un patron américain en s'adressant à ses compatriotes. Le travail productif, c'est celui qui crée de la richesse supplémentaire, qui accroît un capital. Le pétrole et le gaz constituent un stock fini de ressources. A l'actif, les recettes réalisées, au passif, les quantités prélevées sur le stock. On ne s'enrichit pas en extrayant du pétrole et du gaz pour les vendre sur les marchés. Bien avant, Adam Smith et Marx, Ibn Khaldoun énonçait la loi de la valeur : «L'exercice des métiers et des arts est la vraie source de richesse.» Adam Smith renchérissait avec : «Le travail est la substance commune à toutes les marchandises.»
3) Les retombées de la crise du capitalisme central
Avec des réserves de change importantes, un fonds de régulation de l'ordre de 20% du PIB, on pourrait se croire à l'abri des convulsions de l'économie mondiale. Nos banques sont déconnectées des marchés financiers, le dinar n'est pas convertible, on ne risque donc pas des transferts massifs de capitaux et de chute de la monnaie, nos réserves de change sont placées en bons du Trésor américain. Pour autant, sommes-nous à l'abri de la crise économique mondiale, comme l'affirme le gouvernement ? La crise des pays capitalistes centraux est une crise de la demande sanctionnée par des fermetures d'entreprises et la montée du chômage, 2 800 000 emplois ont été perdus aux USA pour l'année 2008.
Elle est le fruit d'une suraccumulation du capital et du rapport capital/travail instauré depuis les années 1980. La part des salaires dans la valeur ajoutée (VA) est passée de 69% en 1980 à 61% en 2005. Elle a perdu 8 points de PIB dans l'ensemble des pays développés. Si la richesse mondiale s'est accrue de 4% en moyenne par an, elle n'a pas profité aux salariés. En Algérie, la part des salaires a reculé dans les mêmes proportions depuis les années 1980, 26% du PIB en 2003, contre 36% du PIB en Tunisie. Le gouvernement algérien a joué les bas salaires avec un SMIG inférieur de 40% au SMIG marocain et tunisien pour attirer, en vain, les capitaux étrangers et favoriser l'investissement.
Le surendettement des ménages et de l'Etat américains et sa politique monétaire ont ouvert la crise financière et bancaire dans tout le monde capitaliste développé. La politique anticrise mise en œuvre est une des politiques de la demande. Obama aux USA propose une réduction d'impôts en faveur des classes moyennes, un investissement massif dans les énergies nouvelles pour la création de 2 à 3 millions d'emplois, au total une facture de quelque 1200 milliards de dollars, soit 8 à 10% du PIB. La RFA annonce déjà un 2e plan de soutien, créant un fonds de garantie de 100 milliards d'euros en faveur des entreprises et une baisse d'impôts pour les moyens et petits revenus. Ces mesures seront-elles suffisantes ?
Il est probable que les pays en crise chercheront par une promotion de leurs exportations, notamment vers les pays émergents, une solution à la crise qui ne remet pas en cause d'une manière significative le rapport capital/salaire. On peut donc s'attendre à une pression accrue à l'OMC pour ouvrir davantage les marchés du Sud.
La promotion des exportations pourrait s'accompagner d'une guerre des monnaies, d'une dévaluation en cascade des monnaies et d'une forte déflation (baisse des prix). La livre sterling et le dollar ont annoncé une forte baisse par rapport à l'euro. Depuis le début 2002, la dépréciation du dollar a atteint 22% en taux de change effectif réel. La livre sterling valait 1,06 euro, contre 1,30 au début octobre. La monnaie chinoise, contre toute attente, a également dévalué. La baisse du dollar avantage les exportations américaines au détriment de l'Europe, dont la monnaie sera surélevée par rapport au dollar.
Quelles sont les conséquences pour l'Algérie des politiques anti-crise, mises en œuvre par
les pays capitalistes centraux ?
La première conséquence porte sur nos recettes d'exportations d'hydrocarbures, déjà moins 6 milliards de dollars pour 2008. Tous les pays centraux sont entrés en récession plus ou moins sévère. Cette récession, selon l'OCDE, se prolongera encore durant 2009, mais il n'est pas exclu qu'elle se transforme en dépression sur une plus longue période, entraînant un effondrement de la demande et une forte pression à la baisse du prix du baril de pétrole. Le mécanisme d'ajustement de l'OPEP n'a pas fonctionné. Les prix ont reculé malgré la baisse des quotas de production. Avec un prix du baril à 35-40 dollars, le budget de l'Etat est en déficit. Il devra recourir au fonds de régulation des dépenses de l'Etat. La baisse des recettes d'exportation aura nécessairement un impact sur la dépense publique qui a eu tendance à s'accroître fortement ces dernières années.
La guerre des monnaies et la dévaluation du dollar entament par ailleurs la valeur des réserves de change investies en titres du Trésor américain, une baisse de leur valeur et «last but not least», la concurrence accrue des importations sur notre marché, mettront davantage en difficulté la production domestique et l'investissement.
Le défi pour les prochaines générations sera de passer de l'économie de rente actuelle à une économie de production fondée sur le travail productif des femmes et des hommes de notre pays, sans quoi pas de futur possible.
La génération historique, celle du mouvement de libération nationale a échoué à le faire. Que se passera-t-il dans 20 ou 30 ans, lorsque les hydrocarbures ne seront plus en mesure de financer l'économie ?


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