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Sahel/Kabylie : Le grand virage du terrorisme
Publié dans El Watan le 12 - 06 - 2009

Les trafiquants y prospèrent, les populations sont acquises aux réseaux de contrebande qui assurent leur survie, et les convoitises s'aiguisent autour de la découverte de nouvelles ressources : et si, justement, le Sahel était en train de connaître le même sort que la Somalie ? Si comme les chercheurs l'affirment, la menace terroriste est exagérée et a de toute manière, considérablement perdu de l'ampleur, les Etats auraient intérêt à développer des modèles de développement économique alternatifs s'ils ne veulent pas voir le Sahel sombrer dans le chaos. Où commence la comparaison et quelles en sont les limites ?
« L'idéologie a perdu de son poids. La frontière entre le haut banditisme et le terrorisme islamiste est devenue très floue… » Pour Yahia H. Zoubir, directeur de recherches à Euromed Management (Marseille), comme pour Chérif Driss, politologue à l'université d'Alger, cela ne fait aucun doute : « Les groupes terroristes ont perdu du terrain, notamment dans le Sahel, où ils ont maintenant recours à aux enlèvements pour s'autofinancer », relève le second. « Je ne suis pas convaincue que les éléments liés à Al Qaida dans le Sahel représentent plus qu'une petite centaine d'hommes. L'exécution de l'otage britannique Edwen Dyer retenu par le groupe d'Al-Qaïda dirigé par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeid il y a une dizaine de jours est directement liée à l'ultimatum pour la rançon de 8,6 millions de dollars. Les terroristes sont prêts à passer à l'acte et l'expiration de l'ultimatum –à propos mais peut-être délibérément calculée pour coïncider avec la visite d'Obama en Afrique du nord- leur permettait de prouver qu'ils agiraient résolument et selon leurs propres règles du jeu », nous a aussi expliqué Alia Brahimi, chercheuse associée en relations internationales à l'université d'Oxford. Derrière ce crime – le premier dans le genre au Sahel- il faudrait y voir, plutôt qu'un mouvement affilié à une internationale islamiste, une nébuleuse de groupuscules sans idéologie. Pour qui l'argent des rançons sert à financer l'armement, lui-même servant à assurer la sécurité de trafics en tous genres. Comme en Colombie, au Nigeria, ou en Somalie.
C'est sûr, le Sahel n'a pas connu la même histoire que la Somalie, où la débâcle est née de l'effondrement de l'Etat. « La Somalie est, techniquement, un « Etat failli », la région du Sahel comprend aussi de vastes espaces (3,8 millions de kilomètres carrés) où l'Etat est absent », souligne la chercheuse d'Oxford. En particulier au Mali, au Niger et au Tchad. « C'est d'ailleurs dans ces régions que les Etats ne peuvent pas toujours bien contrôler que les groupes djihadistes se sont infiltrés, soulevant une problématique nouvelle, au même titre que l'immigration clandestine, car dans cette zone, le trafic d'armes et de denrées alimentaires a toujours existé », ajoute Yahia Zoubir. « Et les Etats ont certainement des difficultés à combattre parce que leur autorité ne va pas très loin. Donc les gens n'ont pas de raison de se ranger de leur côté. Sans le soutien des populations, comme je le mentionnais, il y a peu d'espoir à combattre ce type de problème sur ce genre de terrain. » Autre point commun avec la Somalie : ces vastes territoires dans lesquels les Etats ont du mal à exercer leur autorité sont dirigés par des sociétés tribales depuis la décolonisation. « Et le fonctionnement de ces tribus, comme le précise Chérif Driss, obéissent à d'autres logiques que celle de l'Etat moderne. Pour eux, l'usage légitime de la violence ne peut pas s'appliquer. » Stratégiquement, le Sahel est aussi une zone largement convoitées pour ses ressources comme l'est la Somalie pour son fer, son uranium, son bauxite ou son pétrole. « On a récemment découvert du pétrole au Mali, souligne Chérif Driss, mais aussi du fer, du zinc, du manganèse et de l'uranium ». De quoi aiguiser la convoitise des puissances et exacerber les rivalités locales. Enfin, et surtout, comme en Somalie, « il existe un mouvement fluide entre les Djihadistes et les réseaux criminels de la contrebande de drogue cigarettes et armes, ajoute Alia Brahimi. En fait, leur « djihad » est souvent financé par le reste. Mais, toujours comme en Somalie, ces marchés noirs représentent une source vitale de revenus pour de nombreuses populations, et il est impossible de rompre avec les réseaux de contrebande sans mettre en place des alternatives économiques viables à leur place. »
Et c'est sans doute sur ce point que tout va se jouer. « Les pays de la région, notamment l'Algérie, le Maroc et la Libye, ne peuvent pas se permettre le luxe de laisser des foyers d'instabilité chronique se développer à leurs frontières sud, assure Chérif Driss, et ils feront tout pour que cela n'arrive pas. Maintenant, il est clair est que la solution militaire n'est qu'une demi solution et que l'endiguement de la contrebande devra passer par le développement économique, qui pour l'instant, n'est pas pris en charge. » Cela laisse, pour Alia Brahimi, la voie ouverte à l'islamisme. « Quelque 60 millions de musulmans vivent dans cette région dans les conditions les plus horribles du monde –les extrémistes sont bien au fait des données démographiques favorables et de la détresse économique, et ciblent activement ces communautés. Sans l'engagement pour le développement, des parties du Sahel pourraient, dans l'espace d'une dizaine d'années, poser les mêmes défis sécuritaires que la Somalie aujourd'hui. » Pour Yahia Zoubir, la dimension idéologique pourrait même prendre de plus en plus d'ampleur avec la présence d'une force militaire étrangère. « Si l'armée parvient à empêcher les trafics, marginalisant ainsi les populations, ces dernières adhèreront sans problème au discours des djihadistes qui leur proposeront une idéologie, mais surtout de quoi survivre. Il n'y a qu'une politique de développement crédible qui puisse résoudre les problèmes de la région. » L'Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme, devait en théorie constituer une nouvelle forme d'association où le développement économique serait prioritaire sur les projets militaires mais le discours, n'a pour l'instant, pas été suivis de faits. Dernier incident en date qui confirme l'inadéquation de la politique américano-britannique : les Britanniques auraient fortement insisté pour que les populations locales, avec l'appui de l'armée malienne, prennent les armes pour traquer les preneurs d'otage et libérer Edwen Dyer. Une stratégie jugée totalement irréaliste par Bamako, peut-on lire dans le magazine Jeune Afrique du 7 juin, où l'on s'indigne également que les principaux responsables sécuritaires maliens aient été mis sur écoute pas le renseignement britannique. »


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