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Quand la population embrasse la cause nationale
Publié dans El Watan le 01 - 07 - 2009

Organisée par l'association culturelle Emir El Hachemi, la 2e édition du Colloque sur l'histoire de Bou Saâda et de sa région s'est tenu le jeudi 18 juin, à l'Institut des techniques hôtelières et de tourisme paré pour la circonstance. En dépit de la canicule particulière, l'assistance fort nombreuse a consenti le déplacement. Venues de tous les horizons, de vieilles figures de la guerre de libération ont tenu à faire le pèlerinage, tels que le commandant Amor Sakhri, le capitaine Mohamed Tahar Khalifa, plus connu sous le nom de Hama Tahar et bien d'autres. Chabane Hamouda et Abderrahmane Chabani, respectivement fils du colonel Si El Haouès et frère du colonel Chabani, chef de la Wilaya VI historique, ont tenu à être présents à l'événement. L'assistance admirative leur a fait un accueil à la hauteur du respect dû aux deux personnages de légende.
Ouverte par Belkacem Maâmeri, président de l'Assemblée populaire de la wilaya, cette manifestation, inscrite dans le registre du devoir de mémoire, débuta par deux communications introductives de Mohamed Houari, sociologue, et Rachid Bou Saâda, professeur de sociologie à l'Université d'Alger, sur le contexte religieux et sociologique de la région au tout début de l'occupation coloniale. L'opposition à la spoliation fut régulière et diverse. La révolte de Cheikh Mohamed Benchabira, chef religieux, et ses khouane opposèrent une vive résistance en novembre 1849, quelques jours avant la révolte des Zaâtcha. Elle fut suivie bien plus tard par les révoltes des Ouled Ameur et des Ouled Fredj. Plusieurs familles du clan Mokrani, exilées, trouvèrent refuge auprès de la zaouïa d'El Hamel. Centre géographique à la croisée des grandes voies menant aussi bien de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud, Bou Saâda constitue un point nodal stratégique de tous les courants, commerciaux, sociologiques et politiques. C'est ainsi que le premier conférencier s'est appesanti sur les nombreuses résistances opposées à l'occupation coloniale depuis 1830 et sous toutes les formes, et ce, jusqu'au déclenchement de la révolution armée.
La vieille communauté d'essence pastorale et citadine a su se prémunir de l'invasion armée de tout temps en lui opposant les bastions cultuels et culturels. La preuve de la résistance religieuse est confortée par Mohamed Tahar Khalifa dans son intervention où il disait : «On ne nous appelait pas révolutionnaires, mais moudjahidine. Il est bien évident qu'un peuple placé sous le joug de la faim, l'analphabétisme et le déni ne pouvait résister que sous l'étendard de la conviction religieuse et de la foi.» Il rappelle, à ce titre, ce déserteur de l'armée française qui rejoint les rangs de l'ALN à Chabaât El Guettara en octobre 1956, mort au combat un mois après. On ne lui connaissait pas de nom, il se faisait appeler «Djab rouhou bi yeddou». C'est-à-dire, recruté sans contrainte. L'orateur responsable de la ville de Bou Saâda et de sa périphérie immédiate, de 1958 à 1961, a longuement parlé du soutien logistique apporté aux unités combattantes à partir des cellules politico-administratives (OPA), au nombre de six, qui activaient au sein de la ville. Elles étaient souvent constituées de personnes au dessus de tout soupçon. Il évoquera ainsi, à titre indicatif,
Mostefa Mohamedi, Ahmed Bensiradj, Smaïl Chaoui et le lieutenant
Baroudi. Ce dernier, officier d'active dans l'armée française, était structuré dans ces cellules clandestines.
Compte tenu du blocus imposé à la région en matière d'armement, les responsables de cette époque ont chargé son épouse, native de la ville, de faire la jonction avec le commandement au Maroc. Elle fera le déplacement par la route jusqu'à Tlemcen, ensuite à Oujda. Le choix et la volonté de ces personnes, qui s'exposaient à un danger certain, participaient de leur apparente proximité avec l'administration française. Ces cellules, qui collectaient les fonds destinés au financement du maquis, étaient de véritables places fortes du renseignement. Tout mouvement de troupe de l'ennemi était signalé, ce qui permettait aux unités combattantes de se prémunir de toute surprise. La communauté mozabite de la ville, relativement importante, a participé financièrement sous la conduite de Ahmed Smaoui. Il n'était pas aisé d'accéder au commerce de ce dernier à cause des nombreux postes militaires ; aussi, le défunt M'Hamed Boutchicha, un djoundi et l'orateur, emmitouflés dans des melhfa (voile traditionnel de femme), ont pu le contacter en plein jour. Il ajoute : «C'est ainsi que nous passions à 9 h du matin à quelques mètres d'officiers en palabre à l'entrée principale de l'hôtel Transat, occupé par le commandement militaire français».
Il rappelle cette autre aventure où, dans le même accoutrement, ils traversèrent de nuit un barrage militaire fortement gardé sous la conduite du jeune Mohamed Salah Mohamedi, la cocarde tricolore bien en évidence sur le pare-brise de la Peugeot 203. Plus que le fait d'armes, l'absence de renseignements et de financement pouvait faire échouer n'importe quelle organisation militaire. Et c'est à ce titre qu'il évoque le hold-up de la recette des contributions diverses de la ville. Planifiée comme coup de force, cette opération fut menée sans risques mortels pour le groupe de choc qui devait être constitué à cet effet. Les jeunes employés de ladite recette, Nourredine Djaballah et le défunt Athmane Benaziez qui avaient la confiance du receveur, se chargeaient de l'opération en douce et rejoignaient le maquis. Le butin était de l'ordre de 12 000 000 de francs. Une fortune pour l'époque. Interceptés par le défunt Kacimi Mohamed au volant de sa voiture, ils traversèrent la ville comme s'ils étaient en mission de perception, pour être ensuite conduits à Roumana. L'orateur ne manquera pas à la fin d'évoquer ce grand moussebel qu'a été le défunt Ziane Essed, dit le «borgne», son domicile dans les Haouamed ne désemplissait pas de djounoud en transit. Il assurait gîte et couvert. Beaucoup de valeureuses femmes perdaient l'usage de leurs mains à force de pétrir le pain pour de pleines katibate.
Il rappelle, non sans émotion et avec beaucoup de fierté, le sacrifice de ces deux sœurs en Kabylie qui se jetèrent dans un précipice. Elles refusaient ainsi une demande en mariage qui leur était faite par deux harkis ! Ne voulant certainement pas contrevenir à la volonté de leur tuteur, soumis sans nul doute à la pression, elles préservèrent l'honneur du clan par le sacrifice suprême. Le silence religieux de l'assistance à majorité juvénile et le peu de questions posées renseignaient, un tant soi peu, sur l'attrait magique de la narration des faits par un des principaux acteurs. Et c'est dans ces circonstances où l'expression «On buvait ses paroles» trouverait sa plénitude. Le commandant Amor Sakhri, responsable de la zone de 1956 à 1958, a, quant à lui, énuméré les différentes étapes du militantisme d'hommes illustres de l'association El Islah autour de Cheikh Ziane Achour dès 1955. Il citera Abdelkader Hamida, Lamouri Fakani, Tahar Meftah dit «Lebkhour», Abdelkader Lebsir. Sur le plan militaire, la zone a été soumise à un déluge de feu à travers d'innombrables batailles, Djebel Zaâfrania, «Fernène» sur la carte d'état-major, a connu à lui seul plus de 12 batailles dont la dernière et décisive contre les hordes de Belounis.
A propos de ce félon, l'histoire retiendra que sa sédition a fait reculer le terme de la guerre de plusieurs années. Sa machiavélique création n'avait pas d'autres buts que de contrer l'ALN et de protéger la route du pétrole récemment découvert au Sahara. C'est au titre des nombreuses batailles menées à Zaâfrania que le défunt Mohamed Boudiaf comptait commémorer la fête de l'indépendance de l'année 1992 à Oued Chaïr (Mohamed Boudiaf actuellement) au pied de l' inexpugnable djebel, siège du commandement général de la wilaya. Le destin en décida autrement, un certain 29 juin de la même année. Les nombreuses batailles menées par l'ALN, inaugurées par celle de Dermel en 1956 et les suivantes marqueront pour longtemps les annales guerrières de l'armée française. Il citera, entre autres, celles de Kerdada, M'Harga 1 et 2, Doukhane, Metalahoutha, Zerga, Mimouna et Djebel Thameur. La Wilaya VI n'a dû sa survie qu'au soutien logistique de Bou Saâda, des Zibans et de Messaâd au pied du Djebel Boukhil. Les notables et beaucoup de chefs religieux ont, en dépit des apparences, constitué les premiers noyaux de l'action politico-administrative.
La ville devenait de plus en plus difficile d'accès, ses trois accès principaux étaient placés sous bonne garde.
C'est grâce à la population, qui prit fait et cause avec la révolution, que les djounoud et fidayine circulaient presque librement à l'intérieur de la communauté citadine. Hamouda Chabane, enseignant universitaire et chercheur, invité à prononcer quelques mots sur l'événement, a eu à exprimer sa fierté devant cette reviviscence de la mémoire et ces initiatives louables pour dépoussiérer des pans entiers de l'histoire commune. Quelques témoignages ont été apportés à l'assistance dont le plus émouvant fut celui de Belkacem Didiche, ancien infirmier de l'ALN. La gorge nouée par l'émotion, il raconta à la salle le martyre à vif du défunt Kaddour El Bahi, victime d'un engin explosif. Les dégâts corporels occasionnés étaient tellement nombreux qu'il était presque impossible qu'il leur survive.
L'amputation de l'avant-bras pratiquée sur lui à vif par le commandant Chérif Kheïredine avec la scie d'un couteau suisse relève plus du miracle que de l'acte médical propre. Après guérison du moignon dont il se moquait lui-même, Si Chérif lui prédisait un appareillage en URSS. Le sort fut ainsi jeté, et l'invalide fut appareillé à l'indépendance en Bulgarie ! Le colloque se termina avec la recommandation d'envisager la création d'une fondation de la Wilaya VI, à l'instar des autres Wilayas historiques.


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