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Aïn El Hammam s'écroulera-t-elle sous le regard de ses habitants ?
Publié dans El Watan le 09 - 08 - 2009

Si le temps de la prise de conscience d'une fragilité déclarée semble arrivé, celui de la mémoire doit s'activer parce que nous assistons vraisemblablement au recommencement de notre histoire et il urge de traiter les conséquences de cette fragilité avec sagesse.
Faute de pouvoir disposer de la colline déjà habitée d'Alqarn Oufella des Aït Sidi Saïd pour la fondation de la future ville d'Aïn el Hamam, la mesure du besoin du moment, avec le devoir de neutralité ou de distance vis-à-vis des tribus ainsi que le respect scrupuleux de l'esthétique de l'environnement offert, avaient fait de ce projet abouti au temps du colonialisme, la création d'une cité au caractère alpin vraiment en harmonie avec le paysage. C'était une véritable perle au toit de corail exposée au fond argenté de la montagne qu'elle nargue. Les architectes s'étaient donné la mission de respecter l'âme du paysage et n'avaient pas manqué de définir ses limites, n'ayant touché ni au sommet du grand Ighil n'Sebt ni à son pied. Ils n'avaient pas chargé la terre du fardeau qu'elle ne pouvait supporter.
Le problème est que le site actuel du marché et son voisinage s'affaisse de jour en jour et il ne cesse de faire entendre aux riverains, comme des plaintes ultimes, le bruit de ses fractures. Trop d'immeubles lourds et mal conçus l'écrasent, risquant d'emporter au plus bas des économies énormes, des investissements perdus et des projets de vie nombreux, envolés. Que faire ? se disent les uns et où aller ? s'interrogent les habitants des immeubles menacés d'enlisement.
Des signes de ce danger étaient pourtant connus puisque déjà tout un bâtiment, squelette de briques et de béton, en vue d'un marché «en dur», avait été abandonné du fait du sol impropre à la construction. Le simple respect des normes d'urbanisation aurait pu faire éviter le danger à ce nouvel agglomérat d'étages, maintenant menacé et privé de fondements. Il suffisait de se rendre à l'évidence que bâtir de la sorte au mépris du balcon naturel de la ville ouvert sur la chaîne de montagnes était déjà la mise à mort du charme de cette ville. S'il pouvait y avoir en plus un petit regain d'intérêt pour la culture et la mémoire, tout le monde aurait pu intégrer et su que les anciens de ce territoire avaient donné aussi des signes et des avertissements à cet égard. Si Ahmed aderouich, qu'on interrogeait sur l'avenir d'Aïn El Hamam (ex-Michelet), répondait : «Michli atsan dhi l'Djemaâ !»
Comme si ce «devin» voulait prédire un avenir sombre en utilisant cette image forte de glissement énorme de tout un pan de la ville allant jusqu'au ravin lointain d'assif El Djemaâ ! Mais le saint Sidi Saïd ou Talev, rassurant quand à lui, signifiait d'un verbe net à son frère Sidi Ali parti s'installer vers l'est, à Koukou : «Tha ssevhith inekh, thamedith inou» ou la matinée est à toi et la soirée sera à moi. C'est-à-dire que le regard de tous se portera, à la fin d'une période, vers l'ouest à Asqif n'Tmana, proche lieu du site menacé et situé juste à l'entrée de la ville, probablement pour tout le symbole de sécurité que ce lieu représente. Après l'activité de l'est vient celle de l'ouest, avant l'arrivée du terme ! Cela rejoint, et il me sied de le rappeler, la parole d'espérance en une vie triomphante laissée par le Prophète qui disait : «Si tu as un arbre à la main et que la fin arrive, prends le temps de planter l'arbre.»
Et comme si les temps d'accomplissement arrivaient, ce qu'avaient prédit les sages se concrétise sous nos yeux ! Certains songent alors jusqu'à vouloir donner, sans en connaître tout son sens, le nom d'asqif n'Tmana à l'actuelle ville de Aïn El Hammam, qui s'appelait jadis El Hammam ou Aqua Flaviana dans l'antiquité !
La question peut-elle se régler seulement par de l'argent, par de nouvelles constructions ou par l'entremise d'une société étrangère techniquement avancée, à même de dresser la réalité de la menace avec un diagnostic de spécialistes ?
Cela est à souhaiter bien sûr, mais en partie seulement, car sans la sagesse dans les décisions, il ne peut y avoir d'équité dans cette affaire. Cet écueil n'est que la partie visible de l'iceberg ! Il s'agit avant tout d'agir dans l'esprit d'un développement réfléchi et durable, dans l'intérêt des hommes et de la terre, avec une place de choix pour un minimum de salubrité physique et comportementale. Et il ne s'agit pas seulement d'appliquer un cataplasme sur une foulure, mais rendre la ville globalement viable et habitable, lui restituer sa capacité traditionnelle et chaleureuse d'accueil sans aucune exclusion. Car tout un processus de destruction avait fini par provoquer cette tempête redoutée. Que sont advenus, par exemple, les cours de l'école du «jardin public», les arbres prospères, les fontaines, la maison de jeunes, la culture, le sport, le cinéma ? De la ruine, faute de pitié pour la vie !
A cela on trouve des excuses, c'est la crise, la faute du système, du terrorisme ou du peu de moyens. Mais là, il ne s'agit plus de démagogie, de parade politicienne, de déni de droits humains ou de séquestration de biens d'autrui.
Il s'agit du hurlement de la terre traduisant la honte du peuple et qui, elle, finia par reprendre ses droits ! Et que dire du massacre en cours à vol d'oiseau du massif montagneux du site de Tizi l'Djamaâ, déjà asphyxié du voile noir des pochettes d'une déchetterie, où l'on n'arrête plus d'extraire la pierre rouge, si ce n'est que cette plaie n'est qu'un cancer apparent d'une gestion aveugle et irrespectueuse d'un patrimoine national classé. Quelle est la solution ? A cette question du glissement de terrain, la réponse devra donc être globale, juste et digne. La vie est cyclique et l'histoire peut recommencer, en bien ou en mal certes, mais l'optimisme doit vaincre le pessimisme distillé dans la rue.
Cette terre qui menace de glisser réclame donc ce à quoi elle est faite. Elle a soif d'accueillir de la vie végétale mais pas seulement du béton, des arbustes mais pas que des piliers, de l'arrosage parcimonieux mais pas que l'ombre des immeubles. Elle pourrait, s'il le faudrait, donner du blé en un an, des arbres en dix ans et verrait même se régénérer plus tard la population qui saura l'entretenir et la sauver !
Un autre pas vers un début de solution serait d'assurer aussi le drainage des eaux de pluies stagnantes qui ne deviennent le lac dérangeant de la ville que pour paralyser la circulation et faire glisser la terre dans les ténèbres, obligeant aujourd'hui les géophysiciens à les étudier. N'est-ce pas là une aubaine pour transformer ce site en lieu verdoyant et spacieux pour les citoyens et citoyennes de la ville avides de verdure, étouffés dans leurs appartements et dans leurs cœurs ? Cela pourrait être une des mesures pour que cette terre ne s'enfonce plus, l'occasion de voir de nouveau dans cette belle ville d'autrefois pousser des mûriers, des châtaigniers, des noyers ou des caroubiers. Dépassant la gerbe de fleurs mortes, déposée sur maintes stèles mortes, c'est faire offrande vivante que de voir pousser aussi des frênes, des oliviers, des chênes ou des figuiers locaux au sein de ce vaste espace allant de la porte est du marché jusqu'à l'extrémité ouest de l'ancien marché à bestiaux et de la Cotrah.
De toute manière, même si la terre s'en ira au pire, faute de pitié pour elle et que nous risquons de redevenir sans ville, comme de par le passé avant son édification, la pression de ce désastre annoncé et le prisme du retour à la règle du colmatage devraient nous obliger au dépassement de nos capacités à gérer sans exagérer.
A cette condition, pour les décideurs d'appliquer cette règle d'or : «Ne fais pas à autrui, ce que tu ne voudrai pas que l'on te fît !» A cette condition donc, pour les cœurs de passer à la station service ! Alors, encourageons à temps la voie de l'écoute et de la réflexion pour espérer et travailler à inverser le cours du mauvais présage, à l'instar du peuple repenti de la cité de Jonas. Agissons avec lucidité, prions et manifestons notre solidarité fraternelle aux victimes démunies du sinistre dans une attitude de miséricorde et d'entraide. Il y a un problème, il doit être intelligemment réglé. Pourvu que l'autorité assume ses responsabilités, fixe des objectifs clairs et fasse appel aux forces vives de la citoyenneté positive et que chacun mise sur l'intérêt de tous, pour que cette épreuve ne soit plus tard que le souvenir d'une dure expérience chargée néanmoins de sens et d'enseignement.
Dans l'attente, avant de relever ce défi, on aura peut-être pris conscience de ce qui est essentiel pour l'homme, que l'argent ne fait pas l'homme, que des forces du bien opèrent de tout temps, que tout ce qui vit est précieux et que tout n'est pas perdu. Il revient à tous de cultiver l'espoir, de s'exposer à la rahma et de sentir ce parfum de protection, ici légué en symbole par la grande autorité spirituelle locale, Sidi Saïd ou Talev, le fondateur et patron d'asqif n'Tmana !


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