La commune de Berrouaghia, distante de 25 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Médéa et située à 900 m d'altitude, semble sortir progressivement de sa léthargie. Depuis environ une année, cette localité compte plusieurs chantiers ouverts et plusieurs projets d'utilité publique qui vont être réceptionnés dans quelques mois. Le visiteur de la ville des Asphodèles ou encore la ville des artistes et des héros, connue aussi pour sa grande prison, remarquera, à première vue, qu'un dynamisme sans précédent touche cette commune qui essaie de rattraper son retard dû aux années de terrorisme et d'insécurité. La construction de logements, d'établissements scolaires, d'équipements publics, d'un tribunal, d'un nouveau marché de 160 locaux commerciaux et d'un nouveau siège de daïra, ainsi que le dédoublement de la voie départementale CW20 sont, entre autres, quelques exemples des projets importants qui sont initiés. Le bitumage de plusieurs axes routiers, dont ceux situés en pleine zone rurale, et le raccordement en gaz naturel des habitations de campagne sont aussi à mettre en exergue. Délaissés pendant plusieurs années, Oued Fergan, Aïn El Hdjar et Chaâbat Edefla, des douars agricoles entourant en amont la ville des Asphodèles, connaissent enfin un regain d'intérêt. Certaines familles ont carrément fait une « waâda » pour exprimer leur joie. Des pistes jamais bitumées depuis l'indépendance l'ont été dernièrement. « C'est une manière d'offrir à ces populations plus de commodités, tout en essayant de les sédentariser et même d'encourager le retour des familles vers leurs douars d'origine », dira Korchi Chérif, maire de Berrouaghia. Ce dernier nous indiquera que l'APC de Berrouaghia construit actuellement un relais routier comportant un restaurant, une caféteria ainsi que des sanitaires fonctionnant 24h/24 afin de mieux animer la ville, surtout le soir, et d'améliorer les ressources de cette municipalité, avec la fiscalité émanant la société SKB (Shariket Kahraba Berrouaghia). Cette dernière est une société mixte entre Sonelgaz et Sonatrach, créée en 2003 et chargée de produire et de commercialiser l'énergie électrique. Par ailleurs, un nouveau pôle comportant plusieurs institutions d'utilité publique est en cours de réalisation dans la périphérie immédiate de la ville et devra être prêt dans trois ans. 70% des quartiers de la ville des Asphodèles ont connu une opération de relookage dans le cadre d'une opération globale appelée « Amélioration urbaine ». Peinture des bâtiments, réfection des trottoirs, création d'espaces verts, de stades et des aires de jeux pour les enfants, éclairage public, aménagement de l'ancien cimetière chrétien en jardin sont autant de projets initiés pour améliorer le cadre de vie des citoyens. Faire face au chômage En outre, l'APC de Berrouaghia vient d'aménager un espace de près de 3 hectares pour ériger une nouvelle gare routière. La même localité a connu, il y a quelques mois, l'inauguration d'une belle mosquée pouvant accueillir jusqu'à 12 000 fidèles. « Nous avons bénéficié d'une enveloppe de 120 millions de dinars dans le cadre du programme communal du développement (PCD) pour l'année 2009. D'ailleurs, nous avons tellement de projets à concrétiser que cette somme va être consommée dans sa totalité, avant la fin de l'année », nous dira encore le maire. Il ajoutera : « Notre ambition est d'avoir un nouveau stade communal de football. L'actuel ne répond plus aux normes et il accueille seulement 2000 spectateurs. » Constituant un carrefour important, à égale distance d'Alger (100 km), de Bouira et de Aïn Defla, Berrouaghia connaît, par ailleurs, une activité commerciale débordante qui a fait doubler le prix de l'immobilier, en quelques années seulement. Vu son importance, (Berrouaghia compte 80 000 habitants, ce qui la classe deuxième ville après le chef-lieu de wilaya), cette commune a bénéficié de 340 locaux professionnels à la belle architecture et non de 100 comme cela est prévu officiellement pour chaque municipalité dans le cadre du programme présidentiel. En ce sens, des communes de moindre importance ont vu leur quota baisser au profit de la ville des Asphodèles où le chômage bat son plein. Avant, la zone industrielle de Berrouaghia faisait travailler, à elle seule, plus de 7000 personnes, grâce à l'implantation de grandes entreprises publiques. Le plus grand nombre revenait à la fameuse ex-Sonacome, qui employait près de 4000 travailleurs. Aujourd'hui, le scénario des licenciements a concerné plusieurs salariés et l'entreprise en question a vu son effectif se réduire à 650 employés seulement. Autres situations déplorables à Berrouaghia, l'exiguïté du cimetière communal, le nombre très élevé de demandeurs de logement (16 000) par rapport à une offre toujours « déficitaire » et la prolifération des habitations précaires dont le nombre dépasse les 800 constructions, selon un recensement officiel de 2007. Leurs occupants avaient fui le terrorisme pour ériger leurs demeures de fortune dans des endroits plus ou moins sécurisés. Résorption de l'habitat précaire L'éradication de ce genre d'habitations se fait de manière progressive puisqu'un quota de logements est prévu dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire et en faveur des familles habitant les bidonvilles, nous dira le chef de daïra de Berrouaghia. Par ailleurs, cette localité veut rompre définitivement avec la période où le « couvre-feu » y avait été instauré à partir de 17 h. Autres temps, autres mœurs, les mentalités ont changé, et l'on veut à tout prix que la ville soit animée, même le soir. En ce sens, deux bibliothèques, actuellement en cours de réalisation, seront, une fois opérationnelles, ouvertes jusqu'à une heure tardive de la nuit. La première est située à la cité des 483 logements avec une capacité de 120 places et comporte une salle de lecture ainsi qu'un espace internet. La deuxième est implantée, quant à elle, au niveau du fameux quartier « Dumez », lequel abrite, à lui seul, plus de 20 000 habitants. « Nous avons pensé les ouvrir le soir, car la plupart des familles des lycéens et des étudiants habitent dans de petits appartements. Cela les empêche de réviser ou de préparer leurs cours convenablement », dira Guenniche Mustapha, chef de daïra de Berrouaghia. Autre bonne nouvelle, les sources thermales de Hammam Salhine, situées à 6 km de Berrouaghia, longtemps désertées à cause de l'insécurité, vont être exploitées d'une manière moderne suite à un investissement privé. La route qui relie ces sources à la ville a été aménagée, en attendant la construction de chalets, d'un hôtel et de restaurants au profit des curistes. Les eaux de ces sources sont considérées comme très efficaces pour soigner les affections cutanées. Une fois ce projet concrétisé, Berrouaghia sera, à coup sûr, une ville plus attractive.
