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«L'Algérie ne peut pas échapper à l'examen de la vérité quelle qu'elle soit»
Publié dans El Watan le 01 - 11 - 2009

– Anouar Benmalek, vous a commis un «délit» majeur littéraire, Le rapt…
(rires). Un délit comme ça, est difficile à commenter. Par rapport à l'Algérie, c'est probablement mon livre le plus important. C'est un livre dont l'idée centrale parlait de la guerre de Libération sans la dénigrer en elle-même. Tout en parlant des pages sombres. Cela est quelque chose d'important. A l'âge que j'ai maintenant, j'ai le droit de parler du passé de l'Algérie. Parce que l'Algérie est mon pays. Je veux pouvoir en parler librement de toute son histoire. Des pages héroïques, et il y en énormément et puis des pages sombres. Ne pas mélanger les criminels avec les héros. Un Mohamedi Saïd est un bourreau pour moi, un Ben M'hidi, un Abane Ramdane sont des héros qui font des valeurs morales en l'Algérie. Quand on mélange les deux, on aboutit au pays qu'on a actuellement où c'est la victoire par la violence qui fait la légitimité. Ce mélange de crimes et d'héroïsme, je ne pouvais plus le supporter.
– C'est une prise d'otage historique…
Exactement, cela ! Le titre du livre peut être lu à plusieurs niveaux. Il y a aussi le rapt de notre histoire, de notre dignité. Nous avons le droit à connaître la vérité.
– Et la rançon de ce rapt…
En gros, disons, le deal est le suivant : vous acceptez que nous dirigions l'Algérie parce que souvenez-vous de ce qui s'est passé pendant la
guerre d'indépendance. Nous pourrions décider que vous êtes devenus brusquement des traîtres à l'Algérie. Et vous pourriez payer le prix fort.
Ce discours a été tenu pendant toute la période post-indépendance. Dès qu'on faisait une petite critique, on était soit soumis à l'impérialisme, soit actionné par Israël, soit… Et en fait, les gens savaient que ces menaces étaient sérieuses. Celui qui avait le pouvoir allait se saisir de vous, vous torturer etc… Et comme il était juge et partie, de toute manière vous étiez perdant.
– Le monopole du nationalisme…
Exactement ! C'est sûr ! Une vue uniforme de la guerre de Libération, cela veut dire la continuation uniforme des règles de pouvoir. Et au nom de cette impossibilité à discuter dans laquelle on s'est retrouvé 50 ans après, on est rendu à avoir le même système au pouvoir. Donc, se battre pour la vérité sur la guerre de Libération, c'est se battre aussi pour une vie plus digne, actuellement. Est-ce qu'il existe un livre en Algérie qui parle de la terrible époque de la bleuite. Nous avons le droit de savoir. Pourquoi devrions-nous être différents des autres peuples mûrs. Ce n'est que dans le monde arabe, qui est régi par des rapports de pouvoir extrêmement violents, qu'on voit cela. Celui qui a le pouvoir a tous les pouvoirs. Ainsi, avons-nous une histoire aussi monocolore, creuse et mensongère en fin de compte.
– Le Rapt est un thriller anachronique, mnémonique et violent entre présent, passé et flash-back…
Quand on regarde l'histoire de l'Algérie depuis plusieurs siècles, la colonisation française était d'une extrême violence.Les enfumades de la Dahra, c'était violent. Et n'en parlons pas de l'indignité du système colonial, le 8 Mai 45… Et puis la torture en 1965, en 1988… A chaque fois, ce malheur ne nous sert pas à mettre les choses à plat. On nous dit : oublions jusqu'au prochain malheur.
– Le moindre mal…
C'est ce qu'on nous dit. Le problème, ce n'est pas le moindre mal. C'est que le mal est pire. Selon les mots du président, il y aurait eu plus de 200 000 morts (victimes du terrorisme). Ajoutez la souffrance des blessés, des parents… Cela fait au moins un million des personnes qui ont été touchées de près ou de loin avec un pays qui a été chamboulé.
– Et le vrai mobile de Rapt…
Ce roman n'avait pas l'ampleur qu'il allait avoir. Au départ, je suis parti d'un vrai rapt. Et j'avais été extrêmement indigné par l'indifférence avec laquelle ce rapt-là avait été accueilli. C'était le rapt d'une écolière à Bir Mourad Raïs, qui avait été violée, tuée et jetée nue sur un terrain vague. Aucune réaction de la population et des autorités. Une réaction étonnante ! Et puis, cette indifférence envers la souffrance des plus démunis. Quelque part, j'ai voulu, entre guillemets, venger cette petite. Ce n'est pas l'œuvre d'un historien. Je voulais montrer comment des êtres ordinaires pouvaient être face à l'innomable, à des choix terribles… Pour moi, le roman c'est de l'expérimentation d'une certaine contrainte sur des gens ordinaires.
– Le Rapt traite d'une vengeance glaciale…
Je dis que j'ai presque de la compassion pour le ravisseur. Parce que son âme a explosé cinquante ans auparavant. Et la nation ne lui a pas fait le don de consolation. Jusqu'à présent, parler de Melouza est quelque chose de pratiquement interdit. Mettez-vous à la place des descendants des gens de Melouza. Leurs ancêtres ont été tués parce qu'on leur a dit que c'étaient des traîtres.
Et eux doivent vivre avec la honte et le chagrin. Certains étaient proches du MNA et après ! Est-ce une raison pour tuer des adolescents de 12 ans et toute la population mâle. Rien ne saurait expliquer cela. Si on veut expliquer, alors on accepte que les Américains bombardent tout un village pour punir une seule personne. Je veux pouvoir parler de Guantanamo avec le cœur libre. Cela veut dire parler d'abord de ce qui se passe dans mon pays et ça me donne le droit de parler des autres.
– Et la délivrance de ce rapt…
Je crois que l'Algérie a suffisamment payé le prix fort pour que maintenant elle fasse un retour sur elle-même. Elle ne peut pas échapper à l'examen de la vérité quelle qu'elle soit.
– C'est un devoir de vérité…
Voilà, c'est un devoir de vérité. Nous, dans le monde arabe, nous sommes trop habitués au mensonge, aux légendes. Nous avons droit à la vérité, la simple vérité.
– Dans le Harvard Review, on dit de vous : «Anouar Benmalek prend où Camus lâche !» Une précieuse caution…
(rires). Je le prends modestement comme un compliment. Mais la comparaison n'est pas raison. Je pense connaître ma société. Je suis indigène. Je comprends mieux les réactions devant l'indignité du fait colonial. Le fait positif n'existe pas parce que vous êtes méprisés.Le mépris écrase tout ! Donc, je laisse la responsabilité de cela à l'auteur de cette phrase (in Harvard Review). Je souris. Je ne peux pas dire que cela me déplaît. Au contraire !
– Alors bonne chance pour le Prix France Télévision 2009 où vous êtes sélectionné pour Le Rapt.
Merci. Etre sélectionné pour un prix, c'est vraiment le hasard. Ensuite ça ne dépend absolument plus de vous. En fait, il vaut mieux se taire.
Il y une telle production à la rentrée. Je veux dire qu'il y a 700 romans. Et puis, il y a des stratégies éditoriales. Bon, je le prends comme une très bonne chose. C'est comme vous jouez au loto. Si vous gagnez, vous n'allez pas dire que vous êtes plus intelligent que celui qui a perdu. C'est le hasard.(Rires).
|Bibliographie|
|– Cortèges d'impatiences, poésie, Ed. Naâman, 1984, Québec
– La Barbarie, essai, Ed. Enal, 1986, Alger
– Rakesh, Vishnou et les autres, nouvelles, Ed. Enal, 1985, Alger
– Ludmila, roman, Ed. Enal, 1986, Alger
– Les amants désunis, roman, Ed. Calmann Lévy, 1998, Paris ; Ed. Livre de Poche, 2000 ; prix Mimouni 1999 (traduit en 10 langues, sélections Fémina et Médicis).
– L'enfant du peuple ancien, roman, Ed. Pauvert, août 2000, Paris ; Ed. Livre de Poche, 2002
– L'amour Loup, roman, Ed. Pauvert, février 2002, Ed. Livre de Poche, 2004, Paris
– Chroniques de l'Algérie amère, Ed. Pauvert, janvier 2003, Paris
– Ce jour viendra, roman, Ed. Pauvert, septembre 2003
– Ma planète me monte à la tête, poésie, Fayard, janvier 2005
– L'année de la putain, nouvelles, Fayard, janvier 2006
– Ô María, roman, Fayard, septembre 2006
– Vivre pour écrire, entretien avec Y. Merahi, Ed. Sedia, février 2007
– Le Rapt, roman, Ed. Fayard, septembre 2009|
Le Rapt/ Anouar Benmalek
Editions Sédia
523 pages
Prix : 1000 DA
Vente-dédicace Sila 2009
Complexe olympique du 5 Juillet
Stand Sédia.
Cet après-midi à 16h
Anouar Benmalek dédicacera son
livre Le Rapt


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