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"C'est la mort annoncée de la viniculture et la voie ouverte à l'importation"
Publié dans El Watan le 06 - 08 - 2010

– A la veille des vendanges 2010, la situation ne continue-t-elle pas d'être lestée par les mêmes enjeux politiques que dans les années 1970, à savoir la pression des islamistes, avec cette fois, d'une part, une très forte demande sur le raisin de cuve et d'autre part, des producteurs qui se font dicter le prix par les transformateurs ?
La situation est effectivement très grave. Pour prendre le cas de Témouchent, les structures de la filière, c'est du vent. A commencer par la coopérative viticole. Ses gestionnaires passés et actuels sont en guerre devant les tribunaux pour la captation de la rente. Les uns et les autres ont désossé la coopérative, loué les caves, et à la place du monopole étatique, ils ont intronisé le monopole d'un transformateur privé avec quelques autres installés comme satellites. Ainsi, on est arrivé à une situation incroyable : d'un côté, la mafia du vin qui s'enrichit – n'importe qui fabrique du vin, des gérants de bar se sont institués négociants en vin – et de l'autre, les viticulteurs deviennent de plus en plus pauvres. Il faut savoir qu'un entretien raisonnable du vignoble revient à 70 000 DA/ha. Autrement dit, si vous ne réalisez pas plus que
50 q/ha, cela rapporte zéro. Or, la moyenne tourne actuellement autour de 25q/ha ! Calculez ce que gagne un viticulteur qui, comme c'est le cas de la majorité, ne dispose pas de plus
5 ha, sachant que le quintal se vendait l'an passé à 3000 DA. C'est, à terme, la mort annoncée de la vitiviniculture et la voie ouverte à l'importation du vin. Première conséquence : faute d'argent, les paysans ne peuvent plus se permettre de respecter les bonnes pratiques de culture. Du coup, un dangereux phénomène est apparu cette année, celui de la flavescence, une maladie de la sécheresse dont les traces sont visibles à travers le jaunissement du vignoble. Cela n'est pas normal, car il a bien plu cette année. L'explication réside dans le fait que les paysans n'ont pas fait les labours profonds nécessaires, qui permettent au sol d'emmagasiner l'essentiel des précipitations. Deuxième conséquence : les vendanges vont débuter avant que le raisin n'arrive à maturité (1).
– Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
On veut se précipiter pour livrer les vendanges. Il faut en chercher la cause dans la concurrence ONCV/privé avec, coincés au milieu, les viticulteurs. La catastrophe de 2006 est toujours dans les esprits des paysans. Pire, ils vont livrer le raisin bien avant que les prix soient arrêtés, comme cela s'est passé en 2009. Les agriculteurs vont être d'autant plus perdants qu'une vendange immature, c'est 25% de poids en moins qu'un raisin à maturité. C'est donc 25% de gain en moins. Par ailleurs, la vinification d'un raisin immature sera plus compliquée pour les transformateurs, malgré le recours à la chaptalisation (ajout de sucre au moût, une technique illégale en Algérie, ndlr) parce que le grain ne contient pas de sucre et qu'en conséquence, son taux d'alcool sera en deçà des normes.
– Mais ces conditions de vinification vont entraîner un problème de santé publique…
Bien entendu ! Surtout en l'absence évidente de contrôle efficient, là où il faut, soutenu par l'application de la taxe vinique tombée bizarrement en désuétude (impôt payé pour une quantité déterminée d'alcool tirée des marcs de raisin à un taux obligatoirement en rapport avec la quantité de raisin vinifié). Qu'est devenu le code vitivinicole pourtant toujours en vigueur et les régies qui veillaient à son application ? Les normes qualitatives ont été perdues de vue ! Parce que, dans un raisin immature, il n'y a pas ce sucre que les bactéries vont transformer en alcool. On fait avec des pissettes à 7 ou 9 degrés, qu'on rattrape en ajoutant du sucre obtenu de préférence sur le marché parallèle. On se contente de donner l'ivresse au consommateur. Mais ce qu'on oublie, c'est que les raisins immatures transmettent dans le vin de très dangereux alcools secondaires qui attaquent les cellules nerveuses du consommateur.
– Cette situation vous rappelle sans doute celle de 1976. A l'époque, vous aviez démissionné de votre poste de directeur général de l'ONCV…
Je ne pouvais demeurer insensible à l'arrachage sauvage du vignoble, un massacre sans raison puisqu'il n'y avait pas de problème d'écoulement du vin algérien à l'export. On n'était plus en 1972 et aux mesures de rétorsion extérieures suite aux nationalisations. L'Algérie était le premier exportateur mondial de vin au point d'être le seul pays au monde à disposer de deux voix au sein de l'Organisation internationale du vin. Maintenant, avec le recul, je sais pourquoi il y a eu ce sabordage. Les mobiles n'étaient pas économiques, mais politiques. Grâce à ses relais au sein des institutions, ce qui allait devenir le FIS avait frappé.
– En 2005, il y a eu un autre arrachage massif, principalement dans le Témouchentois…
Oui, après la mise en œuvre d'une politique de réhabilitation de la viticulture mal négociée et mal encadrée, il y a eu mévente du raisin, colère et affolement des producteurs. L'ONCV s'était d'ailleurs retiré de la région, laissant le champ libre à un secteur privé naissant qui a su profiter de la situation, mais, hélas, sans que cela soit dans l'intérêt général de la filière.
– Revenons à aujourd'hui, quelles solutions préconisez-vous ?
D'abord, que l'on cesse d'affoler les viticulteurs. C'est à cela que doivent servir la direction des services agricoles, la Chambre de l'agriculture et la coopérative. Les pouvoirs publics doivent également s'impliquer, l'Etat doit jouer son rôle de régulateur. Qu'on réorganise la profession autour des caves communales. Avant, chaque commune avait sa ou ses caves. Qu'on casse la coopérative de wilaya, héritage du système de l'économie administrée, avec toutes ses pesanteurs et qu'on élimine ainsi le monopole d'une petite mafia qui a mené la coopérative à l'agonie. Des coopératives communales sont mieux gérables, parce qu'on n'y est pas nombreux et qu'on se connaît. Après, il appartiendra aux viticulteurs de transformer leur raisin et de vendre leur vin. Car c'est là que se trouve véritablement la plus-value et que l'on pourra sécuriser les vignerons. Mais la volonté politique pour cela existe-telle ?
– (1) Pour en savoir plus : lire dans El Watan du 17 juillet 2010, l'article sur le sujet : http://www.elwatan.com/A-l-approche-du-mois-de-ramadhan,164511
|Bio express :
– Benamara, 71 ans, est viticulteur depuis une quinzaine d'années. Ce premier ingénieur agronome algérien spécialisé en œnologie, issu en 1965 de l'Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse, a été un artisan de premier plan dans le maintien de l'Algérie jusqu'en 1976 au rang de premier exportateur de vin. Par dépit, il abandonne à cette date la direction de l'ONCV. Il est alors recruté par une multinationale à titre de consultant en mission dans tout le bassin méditerranéen. En 1982, il ouvre son propre laboratoire d'expertise en agronomie, un laboratoire qu'il ferme pour revenir au travail de la terre en 2000.|


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