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Une pétition a été mise en ligne hier par des professionnels du cinéma : Ils demandent l'annulation de la nomination de Salim Aggar à la tête de la Cinémathèque
La nomination de Salim Aggar à la tête de la Cinématique algérienne ne fait pas l'unanimité. Elle a même provoqué un tollé. Des professionnels du cinéma, des auteurs et des journalistes viennent de réclamer, dans une pétition mise en ligne hier, l'annulation «purement et simplement» de la décision. Les signataires refusent que l'institution «devienne le nouveau QG de la chasse aux sorcières, tel que le promet assez souvent Salim Aggar dans ses différentes interventions pleines de rancune et de rancœur». Les signataires n'étaient pas avares de qualificatifs pour dénoncer une nomination qui est une «récompense à la diffamation», une «prime à la calomnie», un «nouveau permis au lynchage et à l'abus de pouvoir» et «un acte de provocation». Le journaliste et réalisateur a été nommé, début décembre, à la tête de la Cinémathèque. Lors de la cérémonie d'installation, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a défendu un choix qui pour lui «n'est pas fortuit, vu que Salim Aggar est l'un des acteurs éminents sur la scène cinématographique ayant apporté beaucoup et consenti des efforts en matière de préservation de la mémoire algérienne». Les signataires, parmi lesquels Malek Bensmail, Ramdane Iftini, Damien Ounouri, Bachir Derrais, Kamel Daoud, Adila Bendimared, Mustapha Benfodil, Sid Ahmed Semiane, soulignent que la décision «aurait pu ne susciter aucune réaction de (leur) part, au mieux un mouvement d'épaule désabusé» mais, se reprennent-ils, la Cinémathèque est un «enjeu trop sensible». «C'est l'arrière-cour du cinéma, une citadelle imprenable, celle où toutes les créations trouvent refuge, loin de la censure, de la propagande et du propos convenu. Un musée de l'expression libre, une agora de la réflexion, un musée du patrimoine filmique dans sa totale diversité. Dans sa profonde complexité aussi. Et c'est cette diversité justement qui est aujourd'hui menacée de mort. C'est cette expression libre qui est malmenée, c'est notre volonté à nous montrer dans notre complexité qui peut à court terme être remise en cause par cet homme qui a été désigné à la tête de cette institution.» Les détracteurs du nouveau directeur de la prestigieuse institution de la rue Larbi Ben M'hidi, créée en 1965 par le défunt Ahmed Hocine, affirment s'appuyer sur des faits pour attaquer la décision de Mihoubi : «Cet homme est en conflit ouvert avec une partie importante de la profession. Profitant pendant 20 ans ou plus d'une tribune médiatique et se cachant derrière quelques pseudonymes frileux, il a fait de son métier de ”critique” une couverture pour mener des campagnes de lynchage violentes et réactionnaires contre des cinéastes.» Le rôle du propriétaire du site en ligne DIA et chroniqueur comme membre d'une «mystérieuse» commission de visionnage est aussi rappelé. Le désormais nouveau directeur «a fièrement censuré des films et il assume ses actes de censeur en tant que tels, il les revendique comme acte d'héroïsme patriotique». «La Cinémathèque a besoin d'une énergie nouvelle qui rassemble les divergences, les propos, les audaces, les différences, les singularités, les talents impétueux…», suggèrent les rédacteurs. Quelque 100 signataires ont rejoint, en début de soirée d'hier, la pétition lancée sur le site change.com. Contacté par El Watan, Salim Aggar s'est contenté d'un laconique : «Ma réponse sera connue plus tard.»