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Dans le camp de transit de Tinalkoum
Publié dans El Watan le 24 - 09 - 2011


Tinalkoum
(frontière algéro-libyenne)
De notre envoyé spécial
Tinalkoum est l'un des trois postes de contrôle qui ponctuent les quelque 980 km de frontière que nous partageons avec l'ex-Jamahiriya, les deux autres étant le poste de Debdeb et celui de Fort Tarat, tous situés dans la wilaya d'Illizi. C'est par ce poste frontière qu'avait transité, le 29 août dernier, AïchaEl Gueddafi, sa mère et ses deux frères, Hannibal et Mohamed, avant d'accoucher à l'hôpital de Djanet. Nous sommes le samedi 17 septembre. Nous devons gagner Tinalkoum à partir de la capitale du Tassili N'Ajjer afin de jauger la situation sur place et nous enquérir des effets du conflit libyen sur les populations locales.
Premier écueil : le transport. Pas de liaison régulière vers notre destination, particulièrement depuis la fermeture des frontières, décrétée, rappelle-t-on, peu après l'accueil des membres de la famille El Gueddafi. Malgré cette mesure, Djanet grouille de ressortissants libyens et autres étrangers de différentes nationalités ayant fui l'enfer de la guerre. Les quelques «clandestins» qui officient dans la région pratiquent des tarifs exorbitants. Mourad, jeune vendeur au marché de Djanet, nous propose ses services. «Je vous fais un prix pour l'honneur de nos frères libyens !» lâche-t-il.
200 km en plein Sahel
10h40. A bord de sa Passat Volkswagen, nous nous engageons ainsi sur la route de Tinalkoum. C'est également la route de l'aéroport. A une vingtaine de kilomètres de Djanet, elle bifurque vers le Sud. 200 km restent à parcourir avant d'atteindre les frontières. Si au début la chaussée est plutôt en bon état, à mesure que l'on avale l'asphalte, elle se révèle complètement impraticable par endroits. Le bitume se détache par pans entiers. La route prend rapidement la forme d'un gruyère truffé de nids-de-poule. Mais le décor, fabuleux à souhait, compense largement la détérioration de la voie carrossable.
Des paysages lunaires alternent avec de magnifiques formes basaltiques et autres pitons volcaniques. Le tissu végétal est typiquement saharien. Seuls quelques stoïques acacias et autres tamaris téméraires viennent jeter des touffes de verdure sur ce désert de granit. Au long du trajet, la route est presque entièrement à nous. Pas âme qui vive. De temps à autre, nous croisons un 4×4 chargé de matériel provenant des frontières. Les véhicules sont le plus souvent immatriculés «33» (wilaya d'Illizi), ou bien «11» (wilaya de Tamanrasset). Nous n'avons intercepté aucun véhicule libyen, alors qu'à Djanet, ils sont largement visibles. C'est que les autorités algériennes ne permettent plus aux Libyens de pénétrer dans notre territoire avec leurs voitures.
13h50. Au terme de trois heures d'une progression cahoteuse, la bande bitumée s'interrompt brutalement pour laisser place à une piste ensablée. Au bord de la route, des baraquements annoncent un chantier pour la réalisation du segment manquant jusqu'à Tinalkoum.
Une quinzaine de kilomètres plus loin émergent enfin les locaux du poste-frontière. Et ce détail de taille : un camp de toile dressé à environ 200 m du poste. Un jeune GGF nous réserve un accueil discourtois. Intrigué par notre présence, le gendarme, après avoir passé au crible carte de presse et ordre de mission, appelle un de ses supérieurs à l'aide de son téléphone portable. A noter qu'ici, seul Mobilis continue d'assurer la couverture réseau.
Le bâtiment abritant les services des Douanes, des GGF et de la PAF est affreusement lugubre et insalubre. Un îlot administratif perdu au milieu d'un véritable no man's land. Une rangée de panneaux solaires incrustés de cellules photovoltaïques s'étend à proximité du bâtiment. Une technologie qui contraste violemment avec l'aspect spartiate et rudimentaire des lieux. «Ici, vous êtes au bout du bout de l'Algérie», lance un «pafiste» suintant l'ennui et dégoûté jusqu'à la moelle par son job qu'il vit comme une punition. Aux abords des baraquements de la PAF, des véhicules tout-terrain sont massés en attendant l'autorisation d'entrer en Algérie. Ce sont des Touareg libyens pour la plupart. Le GGF revient vers nous en nous disant : «Vous n'avez pas le droit d'aller plus loin. Rebroussez chemin ! Vous ne pouvez prendre ni photos, ni témoignages.»
Crispé, le jeune vigile est sur ses gardes. Une attitude qui trouve en partie son explication dans le fait que les forces de sécurité, tous corps confondus, sont en état d'alerte maximum depuis le déclenchement du conflit libyen. Du reste, nous sommes- il ne faut pas l'oublier- au cœur de la «zone Sahel» à laquelle Alger vient de dédier une conférence internationale de haut vol pour parler AQMI, terrorisme, trafic d'armes et contrebande. Et le récent enlèvement d'une touriste italienne à Tadrart n'est pas fait pour arranger les choses. En somme, tous les ingrédients sont réunis pour dessiner sur le minois de notre hôte un visage peu amène.
Un visa pour la Libye
Devant notre insistance, le jeune sergent nous introduit dans le bureau du directeur de la PAF, un officier kabyle. Il nous lance tout à trac : «Vous n'avez pas ramené de journal avec vous ? Cela fait cinq ans que je n'ai pas vu de journal par ici!» De fait, hormis les bureaux de la PAF et les postes militaires de contrôle, il n'y a strictement rien dans les parages, pas même une petite gargote pour prendre un café ou acheter une bouteille d'eau. De là à trouver un kiosque à journaux… L'officier nous exhorte à lui ramener une autorisation expresse délivrée par le secteur militaire d'Illizi ou quelque autorité compétente sous peine de subir les foudres de sa hiérarchie. Ne comptez donc surtout pas sur lui pour vous livrer des détails croustillants sur la réception des membres de la famille El Gueddafi.
Cela a même pris des allures de sujet tabou dans certaines bouches à Djanet. Notre interlocuteur nous rappelle que «les frontières sont officiellement fermées». «De plus, vous avez désormais besoin d'un visa pour entrer en Libye», renchérit-il. Dans la foulée, il nous montre une circulaire de la DGSN, datée du 17 avril 2011 faisant état en effet de l'instauration d'un visa pour toute personne désireuse de se rendre en Libye. Mais il n'était pas question pour nous de rentrer bredouilles. Aussi, au sortir des bureaux de la PAF, nous nous dirigeons d'un pas ferme vers le camp de transit aménagé à quelques encablures de là. Une vingtaine de tentes de couleur bleue y sont érigées pour accueillir les personnes en provenance de Libye.
La grande majorité des ressortissants libyens affluant vers Tinalkoum sont issus des tribus touareg du sud de la Jamahiriya, tout particulièrement des régions de Sebha, Awbari et autre Murzuq. Outre les Libyens, des travailleurs étrangers de différentes nationalités transitent par ce poste. A notre passage, il y avait notamment des Philippins et des Ghanéens en attente d'un sauf-conduit pour entrer en Algérie avant de gagner leurs pays respectifs à partir d'Alger. Un Ghanéen raconte : «Nous avons fui les bombardements. Nous attendons que les autorités nous trouvent une solution. Nous avons été bien accueillis mais les conditions de vie ici sont très pénibles.» Un vent de sable se lève brusquement et vient corroborer le témoignage de notre ami.
«L'Algérie doit nous ouvrir ses frontières»
Omar, la trentaine, commerçant de son état, est un Libyen targui fraîchement débarqué au camp à bord d'une vieille BMW. Il est originaire de Ghate. Omar en a gros sur le cœur. «Il faut que les autorités algériennes nous ouvrent les frontières. Il y a une véritable catastrophe humanitaire qui se profile. Nous avons été à vos côtés lors de votre guerre d'indépendance. Il faut nous soutenir dans cette épreuve. Nous vivons des conditions difficiles. Il n'y a rien dans nos villages : ni médicaments ni provisions ni carburant, ni rien. Sans carburant, on ne peut plus se déplacer pour transporter nos malades et subvenir à nos besoins. Ici, des gens sans scrupules profitent de notre détresse pour nous fourguer l'essence à 5000 DA le bidon de 20 litres !»
Sur le plan politique, Omar a une opinion bien tranchée sur le conflit ; un point de vue que partagent la grande majorité des Libyens que nous avons rencontrés à Tinalkoum et à Djanet. Ils ne sont pas forcément avec El Gueddafi, ils sont plus exactement contre l'OTAN et voient d'un mauvais œil le recours à une puissance étrangère pour bouter le dictateur libyen. D'après eux, le Sud est encore «loyaliste» et il est loin d'être conquis par le CNT. «Je ne pardonnerai jamais au CNT qui a ramené ces envahisseurs», assène Omar. «Les tribus du Sud sont toutes alignées derrière El Gueddafi. C'est loin d'être fini. Du sang a coulé et plus rien ne va nous arrêter. La résistance s'organise, et personnellement je compte me battre pour libérer mon pays de ces colonisateurs.»
Moins emphatique, Youcef, autre targui de Ghate, pense surtout à sa survie et à celle des siens. Il vient chaque jour chercher sa pitance à Tinalkoum. «Je suis plombier et je n'ai pas travaillé depuis le début de la guerre. Je viens tous les jours ici chercher des choses à emporter chez moi, après je les redistribue aux membres de ma famille et de ma tribu», confie Youcef.
20 à 30 arrivées par jour
Au camp de Tinalkoum, on assure le gîte et le couvert ainsi qu'une couverture médicale aux personnes accueillies. Pour le reste, les «réfugiés» libyens doivent se débrouiller comme ils peuvent. Ceux qui désirent accéder au territoire algérien sont traités au cas par cas.
Priorité aux malades et aux blessés de guerre. Pour les étrangers des autres nationalités transitant par Tinalkoum, leur transfert est coordonné avec leurs représentations diplomatiques respectives. Ils sont hébergés dans le camp le temps que leurs gouvernements viennent les rapatrier. Les flux ont nettement diminué en cette période, affirme-t-on, particulièrement depuis la fermeture des frontières.
«Au début du conflit, il y avait une forte affluence depuis la Libye. C'était de l'ordre de 400 arrivées par jour. Aujourd'hui, les étrangers qui transitent par ce camp sont à peine de 20 à 30 par jour», indique une source au fait du dossier, sous le sceau de l'anonymat. «Nous avons reçu beaucoup d'étrangers au tout début, des Egyptiens, des Chinois, des Nigériens, des Maliens, des Indonésiens, des Syriens, des Irakiens, bref, de toutes les nationalités. Il y avait, évidemment, énormément de Libyens. Maintenant, les flux ont diminué. De plus, les gens ne séjournent pas longtemps dans le camp. Ils y restent juste le temps de régler leur situation administrative et ils partent chez eux», explique notre interlocuteur.
Plusieurs camps ont été mis en place à Tinalkoum, Debdeb et Tarat pour faire face à l'exode des Libyens et des travailleurs étrangers. Un deuxième camp a été installé à Tinalkoum, apprend-on de même source. «Il est destiné exclusivement aux familles». Ce même responsable précisera que «les personnes reçues au niveau de ces sites n'ont pas un statut de réfugiés». Ce ne sont pas des «ladjiine» (réfugiés), insiste-t-il, mais des «nazihine» (exode de population), «des réfugiés répondant à des critères juridiques précis». «On ne laisse pas entrer n'importe qui. Nous nous assurons du profil de la personne et de son état de santé», souligne notre source, le but étant d'écarter tout risque épidémiologique.
D'après ses dires, «même les couches bébé, le lait pour enfants sont garantis. Des associations nous ont même apporté des bonbons pour les gamins». La scolarité des élèves , dont les familles se sont réfugiées pour une longue durée dans la région, est également prise en charge, se félicite cette même source. Seul bémol : les migrants sans papiers en provenance de Libye sont exclus de ce dispositif humanitaire.


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