A moins de trois mois des élections de renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation, la rivalité entre ces deux formations est à son paroxysme. Jusque-là, la situation paraissait ordinaire. Puisque chacun des deux partis souhaite renforcer son emprise sur les deux Chambres du Parlement. Mais cette fois-ci, c'est le poste du président du Sénat qui semble visé. En effet, le président actuel du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, est vivement contesté. C'est le vice-président de cette chambre, Rachid Assas, qui lui porte l'estocade, en l'accusant d'avoir piétiné le règlement intérieur du Conseil de la nation. Le sénateur du FLN se dit révolté par « les agissements » de Abdelkader Bensalah qui, dit-il, « n'accorde pas beaucoup d'intérêt aux instances du Conseil ». « Le malaise ne date pas d'aujourd'hui. L'élection des membres du bureau de l'Assemblée a eu lieu le 25 avril 2005. Normalement, l'attribution des missions et des prérogatives des membres du bureau ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Même si le règlement intérieur du Conseil de la nation ne fixe pas une date précise pour cela », nous explique Rachid Assas. Selon lui, le président du Sénat n'a procédé à l'attribution des tâches que le 20 août dernier, soit près de cinq mois après le renouvellement des membres du bureau. « Cette attribution s'est faite d'une manière illégale. Le président du Conseil de la nation devrait convoquer une réunion du bureau et les représentants de toutes les forces politiques siégeant dans cette chambre pour procéder à la répartition des missions. Cela n'a pas été fait », a-t-il déclaré. C'est la goutte qui fait déborder le vase ! S'agit-il d'un début de campagne contre Bensalah ? Considérant le geste d'Abdelkader Bensalah d'illégal, Rachid Assas monte au créneau pour crier au scandale. « Ce n'est que le 20 août dernier que nous avions reçu des lettres du président dans lesquelles il nous explique les missions qu'il a confiées à chacun de nous. Je l'ai saisi immédiatement par écrit et je lui ai signifié que ce qu'il venait de faire est contraire au règlement intérieur de l'Assemblée », a-t-il affirmé. Et d'ajouter : « Le Sénat représente un contre-pouvoir législatif. C'est au niveau de cette institution que la loi doit être respectée en premier. » Rachid Assas reproche également au président du Conseil de la nation de ne pas se comporter de la même manière avec les représentants de tous les partis. « Il est membre du tiers présidentiel et président du Sénat. Il devrait traiter à égalité tous les partis. Mais, lui, il favorise toujours sa famille politique (le RND, ndlr) », soutient-il. Pour notre interlocuteur, le bras de fer qui l'oppose actuellement à Abdelkader Bensalah va engager tous les membres du groupe parlementaire du FLN. « Si le problème n'est pas résolu dans les plus brefs délais, la situation risque de dégénérer. Le conflit ne sera plus entre deux personnes (président et vice-président), mais entre un groupe parlementaire et le président du Sénat », a-t-il lancé. Contacté par nos soins, une source proche du Sénat dément « toute prise de partie de la part de Abdelkader Bensalah en faveur du RND ». « Il a été désigné par le président Bouteflika. Donc, il ne représente pas le RND », souligne notre source. La naissance de ce conflit a, sans nul doute, un rapport avec le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation et celui du tiers présidentiel. Le mandat de Abdelkader Bensalah à la tête de cette Chambre arrivera à expiration en décembre. S'il n'est pas reconduit par le président Bouteflika dans le tiers présidentiel, il devra céder sa place à un autre sénateur. Est-ce le début d'une campagne pour son éviction ?
