Il suffit d'un regard rétrospectif sur l'histoire récente du Maghreb pour se rendre compte que les ambitions hégémoniques du pouvoir monarchique marocain ne commencent pas avec le Sahara-Occidental. Bien avant, le Royaume a tenté de faire main basse sur la Mauritanie. Dans son livre intitulé La Mauritanie contre vents et marées, l'ancien président mauritanien, Mokhtar Ould Daddah (1960-1978), relate d'une façon détaillée les tentatives de la Monarchie marocaine de s'accaparer la Mauritanie. Bien que le pays s'est débarrassé du colonialisme français en 1960, la Mauritanie n'a pu être considérée comme un Etat à part entière sur la scène internationale que dix ans plus tard, à cause du « Maroc qui a empêché l'universalité de l'indépendance de la Mauritanie pendant une décennie », écrit le premier président de la Mauritanie indépendante. Parlant de ses relations avec Boumediène, durant la deuxième moitié des années 1960, Ould Daddah souligna qu'« au Maghreb nous avions un objectif commun et immédiat : combattre l'expansionnisme marocain (…) Ainsi, dans le monde arabe le Maroc s'efforce toujours de nous fermer, l'Algérie allait désormais soutenir activement notre cause aux côtés de la Tunisie et de l'Egypte ». Ce n'est qu'en 1969 que le palais royal renonce à ses ambitions maurétaniennes mais il se rabattra, six ans plus tard, sur la Sahara-Occidental, un pays qui devait recouvrer son indépendance en 1975 après sa libération du colonialisme espagnol. « L'année 1969 allait être celle de la normalisation des rapports maurétano-marocains », et le 22 septembre de la même année, le roi Hassan II accueillera pour la première fois le président mauritanien avec les règles protocolaires réservées aux chefs d'Etats. « Ainsi, les Mauritaniens étaient les gagnants diplomatiques », estimait Mokhtar Ould Daddah.
