Béchar De notre envoyé spécial Même si le fils de Kateb Yacine ne faisait que de la fusion entre le gnawi et le reggae, Rahma Benhamou lui a réservé un large espace dans son reportage « Tagnawittude », projeté dimanche à la Maison de la culture de Béchar à la faveur du sixième Festival de la musique diwane. Amazigh Kateb y évoque « l'africanité » et révèle comment il jouait faussement le gumbri. « Amazigh Kateb est un chanteur algérien qui n'a rien avoir avec la Gnawa. Il s'est rapproché de cette confrérie comme d'autres l'ont fait », raconte-t-elle dans ce reportage. Les mâalime Boussou et Benaissa y sont également montrés mais n'ont pas eu droit à la parole alors qu'ils pouvaient dire beaucoup de choses. Pour expliquer la culture Gnawa, Rahma Benhamou El Madani a tendu son micro à un guitariste français du groupe Gnawa Diffusion au lieu de faire parler des chercheurs ou des historiens. Elle a évoqué le festival Gnawa d'Essaouira au Maroc sans qu'on voie bien de quoi il s'agit exactement mise à part quelques extraits réduits de spectacle. Des mâalmine marocains dont Hamid Bakhou et Abdellatif Ould Sidi Amara sont interviewés. Certains parlent de l'énigmatique Bouderbala, le troubadour sage tant chanté par la communauté gnawie. D'autres tentent d'expliquer l'utilisation des couleurs (blanc, vert, rouge et noir) qui différencient les rites gnawi. Le spectateur restera sur sa faim puisqu'il ne comprendra pas le sens artistique et rituel de ces couleurs. Et Rahma Benhamou El Madani n'a fait aucun effort pour donner ne serait-ce qu'un début d'explication. Elle s'est étalée à travers ses images parfois agaçantes sur le phénomène de la transe liée au chant gnawa. Sans plus. D'où la sensation d'exotisme. En quelques minutes, la réalisatrice a souligné l'existence d'un certain rite diwane à Sidi Bel Abbes en montrant des images de danses de rue et de moutons égorgés. Là aussi, peut de choses sont dites. La démarche de Rahma Benhamou El Madani est très discutable. Le souci pédagogique est complètement absent. Ce n'est pas en regardant « Tagnawittude » qu'on saisira la profondeur historique et sociologique de la culture gnawie. « Je ne suis pas une scientifique. J'essaie d'être très simple. Je n'aime pas faire parler les spécialistes. Ma façon à moi est de permettre aux gens qui sont à l'intérieur de la musique gnawa d'en paler avec leurs mots et leurs sensibilités », a expliqué Rahma Benhamou El Madani, après la projection du reportage. Elle a reconnu avoir sollicité l'universitaire Zineb Majdouli qui a préparé une thèse sur la musique Gnawa et la sociabilité de la transe.« Je n'aime pas dire aux gens comment ils doivent voir un film et comment ils doivent le percevoir. Je refuse d'expliquer à chaque fois ce qui est dit. On ne peut en une heure vingt minutes expliquer la culture gnawa et les rituels qui en sont liés», a-t-elle ajouté. Elle a estimé qu'il est important d'écouter les gens qui composent autour de la musique Gnawa comme Amazigh Kateb et qui créent des fusions. Les jeunes, selon elle, tente de reprendre l'héritage gnawa avec des expressions modernes.