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La coopération algéro-française : dense quelles que soient les crises*

De nombreux accords intergouvernementaux encadrent des relations importantes qui touchent à peu près tous les secteurs d'activité, tant entre des organismes publics qu'entre des entreprises publiques et privées. Le niveau des échanges économiques et commerciaux montre bien cette densité des relations entre les deux pays, puisque la France reste le premier fournisseur de l'Algérie avec près du quart des importations algériennes.
Les exportations de la France vers l'Algérie, d'un montant annuel supérieur à 5 milliards de dollards, portent sur des produits industriels finis, très diversifiées et à forte valeur ajoutée, alors que les exportations de l'Algérie vers la France, d'un montant annuel inférieur à 4 milliards de dollars, concernent des matières premières brutes, essentiellement du pétrole et du gaz. (Sur ces questions voir notre analyse dans «Droit international et coopération internationale»,études offertes au Professeur Jean Touscoz. Pages 993-1011. France Europe édition 2007, Nice).
Il en résulte que les relations économiques entre les deux pays sont très classiques et illustrent les relations habituelles entre un pays développé et un pays sous-développé. Un réel renouveau de la coopération entre les deux pays exige que soient mises en place les conditions qui rendraient possible la réalisation d'un tissu industriel en Algérie, et l'exportation de produits finis algériens vers la France, y compris en matière pétrolière, avec des encouragements précis des deux gouvernements en faveur d'engagements contractuels, dans ces domaines, entre agents économiques et commerciaux des deux pays. Il vaut mieux le dire clairement, il n'y aura aucun renouveau profitable aux deux peuples si rien de sérieux n'est entrepris par les deux gouvernements sur ces sujets.
La France a besoin d'une sécurité énergétique que l'Algérie peut lui assurer et celle-ci a besoin d'un transfert de technologie non seulement pour le bon fonctionnement des équipements, mais aussi pour la nécessaire maîtrise et la reproduction des techniques que la France peut lui apporter pour engager un processus sérieux de développement économique et social. Un tel transfert de technologie est indispensable à la modernisation et au développement économique et social et il ne peut se concrétiser que si les entreprises françaises renoncent aux multiples restrictions et conditions qui font obstacle à la transmission, à la maîtrise et à la reproduction des connaissances scientifiques et technologiques.
Le gouvernement français peut d'autant plus y aider, que près de 40% de la production industrielle française est assurée par des entreprises publiques contrôlées par l'Etat et sur lesquelles il a, par conséquent, la possibilité d'agir. Il faudrait, sur toutes ces questions, tirer les leçons des réussites et des échecs de l'Accord algéro-francais du 29 juillet 1965 relatif aux hydrocarbures et au développement industriel. Mais un transfert de technologie, indispensable au lancement effectif d'un processus de développement, exige du gouvernement algérien de mettre en place des politiques d'accumulation des connaissances scientifiques et technologiques nationales.
Ces politiques ne peuvent pas être définies sans la mobilisation, dans des cadres démocratiques adéquats, des compétences et des ressources humaines et naturelles de l'Algérie. Les ressources financières, dont dispose l'Algérie, peuvent constituer un atout. Mais elles sont insuffisantes, voire gaspillées, lorsque des politiques de mobilisation des ressources humaines et matérielles nationales ne sont pas définies de manière démocratique. Dans ce domaine, l'Algérie est très en retard quoi qu'en disent les discours officiels et une Constitution en trompe-l'œil. Donner un nouveau souffle à la coopération algéro-française, comme le souhaitent régulièrement les deux gouvernements, demande un réexamen des conditions de circulation, d'établissement et de vie des Algériens et des Français sur les territoires des deux pays.
La situation de nombreux Algériens immigrés en France qui subissent le rejet et l'exclusion, par exemple lors de la recherche d'un emploi ou d'un logement, doit être améliorée si les deux gouvernements veulent donner un souffle nouveau à la coopération entre les deux pays. Les relations entre les populations des deux pays affrontent, depuis plusieurs années, des obstacles tels que les refus explicites ou tacites de visas qui sont opposés trop souvent aux ressortissants, aux familles et aux représentants d'ONG des droits de l'homme.
Les autorités algériennes, en violation des conventions internationales ratifiées, ne délivrent pas de visas aux militants étrangers des droits humains. Il est urgent et tout à fait significatif que les deux gouvernements révisent leurs politiques dans ces domaines. Loin de négliger le facteur humain, le renouveau de la coopération algéro-française devrait s'appuyer sur la densité des relations entre les ressortissants algériens et français, pour en faire le levier d'échanges économiques et culturels tournées vers le progrès des deux pays. Une telle coopération serait d'autant plus durable qu'elle découlerait d'une vision à long terme et reposerait sur la protection des droits et des intérêts de larges parties des populations des deux pays. Cette réorientation de la coopération entre l'Algérie et la France serait aussi la meilleure voie pour réduire et rendre inopérante l'instrumentalisation des thèmes récurrents du colonialisme, des nationalismes à courte vue et des violations des droits des citoyens sur les territoires des deux pays.
Une vision nouvelle de la coopération, entre les deux pays, ne doit pas craindre d'analyser les pages sombres de leur histoire pour mieux éviter désormais les fautes, voire les crimes qui les ont marqués. La colonisation a toujours été accompagnée de crimes et de dénis de justice pour les peuples qui l'ont subis. Une telle vision peut, au contraire, permettre que la densité complexe et la proximité particulière des relations entre les citoyens des deux pays soient des atouts dont peu d'Etats disposent pour régler leurs différends et asseoir une solide coopération.
En luttant contre la colonisation et, à son contact, les mouvements de libération nationale ont appris à se servir de la modernité pour en faire un instrument du droit des peuples et des droits de l'homme. De notre point de vue, ce n'est pas la colonisation qui a apporté une sorte de «progrès collatéral» dans ces wagons, mais la lutte et la nécessité consécutives à cette lutte de retourner les armes de la modernité contre l'existence et l'idée même de colonisation.
Au cours de cette lutte, pour ne citer que quelques exemples, chacun sait que le mouvement national algérien a refusé de se mettre du côté de l'occupant nazi, et que de nombreuses et précieuses voix se sont élevées en France pour dénoncer l'oppression et appuyer le combat pour la liberté du peuple algérien. Sans ignorer l'importance des symboles dans les relations internationales, mais loin du mode religieux et passéiste de la repentance, la reconnaissance des crimes de la colonisation devrait surtout être le signe de la volonté de réorienter la coopération entre les deux pays pour en faire, à l'avenir, un instrument de liberté et de développement. Il serait juste de s'en souvenir au moment où les deux gouvernements cherchent à donner un nouveau souffle à la coopération entre les deux pays.
On ne fera pas ici le tour de toutes les questions qui sont au cœur des relations algéro-françaises.
Mais les prises de position des deux gouvernements, sur plusieurs conflits qui agitent le monde, montrent des divergences qui nuisent à la consolidation de leur coopération. Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et les règles interdisant le recours à la force et l'intervention étrangère ne doivent pas être à géométrie variable. On ne comprend pas ce que gagne la France à tourner le dos au droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination, sinon qu'elle rate ainsi l'occasion de contribuer à une médiation utile pour tous les peuples de la région. Tout comme les atermoiements du gouvernement algérien pour prendre ses distances à l'égard des dérives des dictatures libyenne et syrienne montre bien l'inconsistance de ses discours relatifs au droit des peuples.
Certes, le droit à l'autodétermination ne peut pas être analysé de la même manière selon qu'il s'agit d'une lutte de libération contre une occupation étrangère ou d'une lutte contre un régime dictatorial. Mais dans ces cas, comme dans le cas du conflit malien, la recherche de solutions politiques, par des négociations menées de bonne foi, passe par le respect de toutes les dimensions du droit à l'autodétermination : le droit des peuples intéressés de se donner des Etats souverains, indépendants et représentatifs des aspirations des populations, sans manipulation de certaines élites corrompues et sans recours à la force de la part des autres Etats voisins ou plus lointains.Certes, le Conseil de sécurité a juridiquement le pouvoir de recourir à la force.
Mais l'impréparation et l'improvisation politiques et les manipulations, qui peuvent accompagner ce recours, dénotent une méconnaissance des droits des peuples qui peut être catastrophique pour toute la région. Il ne s'agit malheureusement pas seulement de mots : les conflits et les diverses formes d'oppression que subissent les peuples d'Afrique, du Nord au Sud, sont le résultat de conceptions de la souveraineté qui tournent le dos au droit des peuples à l'autodétermination, c'est-à-dire à l'indépendance et à la liberté. Pour une coopération algéro-française plus profitable aux peuples algérien et français, c'est dans cette perspective que les deux gouvernements devraient réorienter leurs relations.
* Le titre est de la rédaction


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