Même ton et même revendications : le départ du directeur général de cette entreprise publique. Plusieurs bureaux de poste de la capitale sont totalement paralysés par cette grève déclenchée par les travailleurs eux-mêmes, sans préavis. D'autres bureaux, sur les hauteurs d'Alger, fonctionnent au ralenti. Dépités, les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer. En plus de l'impossibilité d'effectuer des retraits d'argent ou des virements, les clients d'Algérie Poste n'arrivent pas, dans bien des cas, à envoyer un courrier. La tension risque d'être encore plus forte quand on sait que plus de 2 millions de retraités perçoivent leur pension à travers le réseau postal, qui est d'ailleurs le plus important réseau de paiement du pays avec 13 millions de comptes CCP. A cela s'ajoutent plus d'un million de fonctionnaires, près d'un million d'étudiants et de nombreux autres salariés. Le conflit entre la direction d'Algérie Poste et ses employés est tel que le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a dépêché des inspecteurs sur le terrain pour s'enquérir de la situation. Le ministre, qui semble ainsi prendre le dossier en charge, vient en effet en pompier pour «éteindre» ce conflit qui prend une tournure très préjudiciable pour l'entreprise et ses millions de clients. Face à ce véritable bras de fer entre la direction et le personnel, le conseil d'administration d'Algérie Poste s'est réuni hier, en urgence, afin d'examiner la situation de l'entreprise et entériner les mesures annoncées par le DG. Parmi les points approuvés, la prime de 30 000 DA, rejetée par les grévistes. Il y a également la nouvelle nomenclature des postes de travail et la promotion des travailleurs selon les fonctions exercées. Les résolutions du conseil d'administration ont été appuyées par le ministère de la Poste et des TIC. Les assurances du syndicat Cette réunion intervient après d'âpres négociations entre la direction et le syndicat. Ce dernier, qui a perdu le contrôle du mouvement de grève auquel d'ailleurs il n'a jamais appelé, cherche ainsi à apaiser la situation. Dans une intervention, hier matin, sur les ondes de la Chaîne III, Azeddine Denfi, chargé de l'organique au syndicat, a assuré que «des avancées majeures ont été enregistrées». Selon lui, «les deux accords signés avec la direction seront exécutés dans les délais», précisant que «toutes les mesures ont été prises pour que la direction ne trouve plus de dérobade à leur application. L'employeur s'est engagé à enregistrer et appliquer les deux accords collectifs 10 et 11 relatifs à la nomenclature des postes et à la promotion. Ces deux accords collectifs sont très importants en ce sens qu'ils définissent le cadre de la promotion des travailleurs à des postes de responsabilité. Une promotion revendiquée par 80% des travailleurs, parce que les postiers souffrent d'une stagnation dans les grades d'origine. Ils ne peuvent pas évoluer dans leur carrière», a-t-il souligné, affirmant que le point relatif à l'amélioration des conditions de travail a bel et bien été pris en charge. Ce responsable syndical avance comme garantie de l'application de ces accords la présence de représentants de l'inspection générale du travail lors des négociations avec la direction. «C'est l'inspection du travail qui a parrainé ces négociations. Le directeur général ne pourra plus se dérober», soutient-il. Les travailleurs grévistes ont réclamé le départ du DG en raison de la non-application de l'accord collectif signé avec la direction depuis plus d'une année. Les postiers sont prêts à reprendre le travail dès aujourd'hui s'ils obtiennent du concret.