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Avec Les chômeurs de la vallée de Metlili (Ghardaïa) : «Si seulement on avait la mer…»
Publié dans El Watan le 23 - 03 - 2013

Metlili (Ghardaïa)
De notre envoyé spécial
«Dommage qu'il n'y pas la mer ici. Sinon, on aurait laissé ce pays où il n'y a aucune place pour nous.» C'est la réponse cinglante des jeunes de Metlili aux fausses promesses émanant d'un parterre de ministres et de directeurs exécutifs venus, tout récemment encore, s'enquérir de leur situation après la vague de protestations qui a embrasé les villes du Sud. La vallée de Metlili, capitale des Chaâmba, est une vaste oasis enserrée dans un carcan de roches volcaniques brunâtres. Cette ville de près de 40 000 âmes n'en est pourtant pas à un paradoxe près. Située entre Hassi R'mel et Hassi Messaoud, les deux «mamelles» de l'Algérie, Metlili semble n'avoir nullement bénéficié des mannes du gaz et du pétrole. «Maintenant ils veulent pomper l'eau de Hassi Lefhel vers Batna. Il ne manque plus que l'on nous pompe l'air que l'on respire !», soupire Mehdi, licencié en génie civil au chômage.
Sur papier, ces terrains vagues sont des usines
Metlili, nous apprennent nos jeunes amis, compte près de 1000 entrepreneurs. Mais presque aucune entreprise à l'exception des stations de concassage. Quand un entrepreneur bénéficie d'un lot de terrain, il le ceinture d'un mur de pierre et attend patiemment que le terrain prenne de la valeur pour le revendre. C'est ainsi que la mafia du foncier s'est accaparée la quasi-totalité des terres. «Sur papier, tous ces terrains sont des usines. La réalité, vous la voyez, ce sont des enclos vides», dit Mehdi. On appelle ces étranges enclos qui défigurent tous les espaces de la ville et de sa périphérie «Parc Draâ», un parc pris de force. Tout un programme. Autre projet tout aussi bureaucratique, «Mahalat erraïs», les locaux du Président sont fermés et livrés aux intempéries. «Nous avons notre propre général Tewfik, Rab Dzaïr, ici aussi», lance Faouzi, TS en agronomie et chômeur de son état, d'un ton sarcastique. Ils font localement la pluie et le beau temps.
Située à une quarantaine de kilomètres de Ghardaïa, Metlili est un concentré de tous les problèmes liés au sous-développement : chômage, bureaucratie, mal-vie, misère et poussière. Mais ce qui fait le plus mal aux jeunes chômeurs, c'est le mépris affiché par les responsables qui gèrent l'emploi. «Ils nous poussent à la violence car tant qu'on ne bloque pas la route, ils ne nous entendent pas», disent-ils. Depuis qu'ils ont lancé leur protesta, ils se disent harcelés par les policiers y compris au téléphone. Même internet a été coupé pendant une semaine pour les empêcher de poster leurs vidéos sur YouTube. Cependant, les accusations de vouloir séparer le sud du pays du nord les blessent encore plus profondément.
«Nos parents et nos grands-parents n'ont pas uni ce pays au prix de leur sang pour que l'on vienne, nous, le désunir», disent-ils en chœur. La preuve, ils sont venus à Ghardaïa pour coordonner leurs efforts avec les jeunes Mozabites. Quand on connaît les fossés qui séparent les communautés mozabites et les chaâmba, on mesure toute l'étendue du geste et de ces propos : «Nous sommes tous citoyens algériens avec les mêmes droits. Nous devons unir et coordonner nos efforts.»
Ces jeunes chômeurs ont entendu parler de la présence d'un journaliste à Ghardaïa et sont venus le chercher pour lui faire «toucher des yeux» tous les maux qui accablent cette belle contrée qui aurait dû être une oasis où il fait bon vivre, mais qui n'est qu'un vaste cimetière pour les morts et les vivants.
Même sur le plan écologique, Metlili est une véritable bombe à retardement. Résidus chimiques utilisés dans le forage rejetés dans la nature, décharges à ciel ouvert, poussière des stations de concassage, le tableau est apocalyptique. Le parpaing défigure tous les espaces. Les cités construites au nord de la ville étalent sans honte leur misère. Elles tiennent beaucoup plus du camp de réfugiés palestiniens que d'une nouvelle agglomération proprement dite. «Makenche hayet karima (Il n'y a pas de vie décente)», conclut Mehdi.
A l'entrée de la ville, nos jeunes chômeurs tiennent à nous montrer le projet des 260 logements lancé récemment. Des cages à lapin de 48 m2. Ils veulent également nous montrer les conduites en amiante des châteaux d'eau de la ville. Pas dupes pour un sou, ils savent bien que l'amiante, produit hautement cancérigène, est interdite depuis longtemps dans les projets d'adduction d'eau potable.
«Toi tu travailles et eux ils prennent ton salaire»
Les rares emplois qui leur sont offerts arrivent par le biais de sociétés qui sous-traitent pour le compte des filiales de Sonatrach. «Ces sociétés de sous-traitance nous exploitent. Anta tekhdem, houma yediw el salaire ntaâk (toi tu travailles et eux prennent ton salaire) !», s'écrie Abdelkrim.
L'Enafor a fait «l'effort» d'offrir
24 postes pour les 3000 chômeurs de la région. «Koulchi chehih !», dit Faouzi qui précise que le peu de postes qui existent vont aux pistonnés. Autre exemple de ce retard en développement : 100 logements offerts pour 1200 demandes. A l'instar de leurs camarades de Laghouat, Ouargla, El Bayadh ou El Oued, les chômeurs de Metlili luttent sur tous les fronts pour faire aboutir leur combat. Cela fait plus d'un mois qu'ils ont fermé le bureau de main-d'œuvre local, demandant le départ de son responsable. Qu'ils font des marches, des sit-in de protestation, des démarches pour voir des ministres ou des directeurs d'exécutif.
En fait, leur réalité n'est guère différente de leurs concitoyens où qu'ils soient, aussi bien au Nord qu'au Sud. Depuis des décennies, les universités algériennes forment des diplômés à tour de bras, alors que l'économie est grippée. Seul le commerce informel offre des débouchés. Les chômeurs de Metlili le savent bien. Ils soulignent que certains sont tentés par cette alternative. Ici, les pistes de la contrebande croisent celles du terrorisme. C'est le parcours tracé par cet enfant de la région devenu célèbre mondialement. Un certain Mokhtar Belmokhtar.


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