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les objectifs de croissance et de compétitivité ratés

Les résultats décevants des réformes à répétition leur donnent à croire que notre économie est imperméable aux transformations. Peut-être, leur est-il difficile de faire le diagnostic de ces réformes pour justement découvrir que celles-ci n'ont, en réalité, jamais été subordonnées à une quelconque vision ou état du monde où le fonctionnement général de l'économie serait libérée de cet ordre économique rentier.
Dans l'esprit de l'obédience réformiste, la fatalité n'est pas dans le maintien du système, mais dans son dépassement. Il porte alors dans les bas-fonds de sa pensée les ressorts soigneusement entretenus du statu quo et, de surcroît, le génie à présenter le système sous des emballages différents. Mais, les excès du professionnalisme réformiste, pour autant que soit l'exubérance de ses fuites en avant, ne peuvent continuer à cacher les graves périls auxquels est exposé le pays.
Le pays n'a plus de forces pour supporter les tares du système. La perte du sens de l'application au travail, les menaces qui pèsent sur l'intégrité territoriale du pays, la déliquescence institutionnelle, la montée de la violence, la fragilisation des fondements de notre sécurité nationale…, témoignent de la fragilité et de la vulnérabilité du pays. Le régime rentier, qui les accentue, n'a pas autre chose à faire que de trouver toujours des subterfuges dans des raisons qui lui sont exogènes. L'intrépidité du système est avant tout dans son refus de se remettre en question.
Les questions de réalisme ne lui sont pas d'école pour se rendre à l'évidence que le désarroi social, la violence et la corruption ont atteint des seuils paroxysmiques. Mais, entre-temps, les surcoûts qu'il facture au pays s'alourdissent (les coûts de son maintien, les coûts de signalement pour montrer sa conformité aux intérêts du pays, les coûts de contrôle de la société, les coûts des formations prises en charge par le pays mais capitalisées par les autres pays, les coûts de stabilisation sociale,…).
Les structures économiques n'ont pas évolué pour être au niveau des exigences ou des aspirations sociales. Le régime rentier les a empêchées de se mettre sur des trajectoires de croissance, c'est-à-dire être des lieux d'acquisition d'aptitudes technologiques, organisationnelles, commerciales,… Celui-ci n'est pas fait pour accroître le stock de connaissances productives du pays ni à diversifier son portefeuille de métiers. La maîtrise du travail et des métiers n'est pas inscrite en finalité dans sa vision du monde. Il refuse les voies processuelles de leur construction en leur substituant et à leurs dépens, ses passions ou son «illusion» dans le lucre, la seule finalité qui lui sied. Il crée ainsi des niveaux d'aspiration et d'espérance qui ne s'ajustent pas avec les produits d'un travail ou d'un métier.
Ce refus d'ajustement, joint à la généralisation de l'éveil, particulièrement dans les populations les plus jeunes, notamment sous l'effet des nouvelles technologies, laisse entrevoir un chaos inévitable pour le pays. Mais, tant que les possibilités de fuir le pays sont toujours offertes et tant que les gestes du rentier sont permis, il y aura toujours moyen de perpétuer les illusions.
Mise en quarantaine des forces entrepreneuriales
La transition n'a pas servi de moment fort pour repenser les cadres de re-création et les voies d'orientation des logiques productives du pays. Les contraintes de rareté de forces entrepreneuriales privées et les permanences structurelles imposées par l'économie rentière n'étaient pas dans le registre des inquiétudes du pouvoir politique. La construction d'une économie entrepreneuriale, capable de s'en débarrasser, n'était pas dans les visions dominantes des intéressés. L'économie de marché, alors dénuée de tout son substrat entrepreneurial, va naître d'un travail de récupération de l'intense entreprise critique qui a dominé l'espace médiatique à partir de la fin des années 80. Elle va se structurer sur la base d'une mise à l'écart de toute logique productive qui pouvait venir de manifestations entrepreneuriales d'origine nationale ou étrangère.
Le processus d'ouverture va servir de canal pour le recyclage de fortunes qui ont été amassées dans un contexte économique et institutionnel où les jeux entrepreneuriaux privés étaient étouffés. L'espace marchand n'est pas un espace entrepreneurial, mais un univers où les positions à tenir vont dépendre des capacités en pouvoir d'achat d'accès aux marchés extérieurs. La transition s'est appuyée finalement sur la légitimité des rapports marchands pour précipiter l'avènement d'un espace de consommation de création de valeurs produites à l'extérieur de l'espace entrepreneurial national. La sur-légitimation de la fonction sociale de l'importateur participe d'un travail d'accélération de la désindustrialisation du pays et, préalablement, de la mise en quarantaine des forces entrepreneuriales du pays. Aujourd'hui, les seuls actes entrepreneuriaux tolérés sont ceux dont la valeur est insignifiante et auxquels on ne peut, pour des raisons techniques et économiques, substituer des solutions par l'importation (le thermoformage,…).
Aussi, s'il y avait une chose qui empêcha le pays de se doter d'une vision d'économie compétitive, il faut la rechercher aussi dans les idéaux et les discours qui ont accompagné les réformes. L'anathème jeté, par exemple, sur la planification (ou sur la firme publique, sur l'Etat), cet instrument de management qui n'a pas déserté le domaine des pratiques des firmes capitalistes, témoigne des confusions, des partis pris idéologiques qui ont entouré l'esprit de l'ouverture marchande. On confondait la planification comme vision et une planification comme mode d'allocation et de ré allocation centralisé des ressources. On est ainsi installés dans un ordre marchand sans vision stratégique de ce que serait l'avenir de l'économie du pays. N'ayant pas dérogé à l'ordre euphémique que portent le maître mot leitmotiv, la transition s'est érigée en panacée aux problèmes économiques et sociaux du pays.
Mais, avec les mêmes réalités toujours en face, on peut conclure que la transition n'a consisté finalement qu'à tordre le bâton dans l'autre sens. En déficit de vision et de pragmatisme, les démarches en termes d'insertion dans l'économie mondiale ne pourraient être à la mesure du grand défi qui est celui de se réapproprier les avantages compétitifs et les voies de rupture avec une économie fonctionnant de l'extérieur. Les problématiques en termes d'insertion ne s'apparentent qu'à des formes de légitimation dont les pays se servirent, d'ailleurs avec empressement, à la veille des transitions le plus souvent avec des semblants de mise à niveau idéologique des régimes.
Celles-ci se sont vite montrées contre-productives, car une économie marchande, quelle qu'elle soit, ne saurait être forcément et simultanément une économie concurrentielle et compétitive. On s'est laissés, comme par contentement, flatter par les bienfaits de la globalisation, sans mesurer la teneur des visées portées par la dynamique d'élargissement de l'ordre marchand.
Les changements institutionnels sont envisagés exclusivement en termes de rapprochement des référentiels imposés par l'économie globale. Et ils appellent abusivement insertion dans une économie mondiale, la simple conformité juridique et réglementaire du cadre du fonctionnement de l'économie aux exigences de la globalisation. Les jeux d'intérêts entrepreneuriaux privés et publics nationaux ne trouvent pas de place à ce niveau d'intégration. Le «compromis institutionnalisé » a fonctionné en dernière instance pour servir une fonction d'utilité à double intérêt : ceux disposant d'un pouvoir d'achat d'accéder aux marchés de biens finaux provenant de l'étranger et ceux qui avaient comme seule stratégie d'accaparer différents marchés libérés par la transition.
Les coûts de l'assistance technique ne sont plus ceux supportés pendant la période d'industrialisation, mais ceux de la mise en conformité des cadres de fonctionnement de l'économie. Mais, se mettre aux normes, à l'écoute des conseillers, ne signifie pas se mettre au diapason des standards internationaux, car les dépenses nécessitées n'ont produit aucun effet sur la logique spécifique de fonctionnement du système productif national. Les entreprises et les institutions ont fait les frais de recettes dont les effets, présupposés miraculeux, n'ont modifié nullement les réalités structurelles du champ économique.
Logique rentière
L'enlisement sur des voies définies par la logique distributive de la rente pétrolière se particularise en gagnant en complication par les effets joints de la singularité de la performance de l'économie. En effet, les types de performances qu'autorise le mode de fonctionnement actuel de l'économie ou des marchés sont des rentes qui ne sont pas accessibles par les voies du management. La maîtrise des délais, de la qualité, des coûts, de capacités organisationnelles ou d'innovation,…, ne sont pas l'apanage des firmes nationales. Celles-ci peuvent se passer sans encombre d'une application d'instruments de management car les succès qu'elles se taillent sont proportionnés à des types de capacités d'un autre ordre : les réseaux de relations principalement. L'économie de notre pays est une économie qui fonctionne de l'extérieur grâce à une rente pétrolière et de l'intérieur sur la négation du management.
La logique rentière dispense l'économie de toute maîtrise managériale et bâtissant sa pérennité en se transformant en ayant recours à des moyens de récréation d'ambiances dispendieuses dont l'effet est d'empêcher celle-ci d'évoluer selon une dynamique propre. L'entrepreneuriat étatique est un entrepreneuriat de «projets» dont les formes de reconnaissance ou de consécration ne sont pas des distinctions entrepreneuriales, car celles-ci reviennent à l'économie décentralisée de laquelle elles sont arrachées pour servir les honneurs et les notoriétés au niveau central. Le management de projet, en tant que maîtrise de délais, de l'efficacité budgétaire, de l'efficience productive,…, se trouve sacrifié en ces deux moments forts de l'entrepreneuriat étatique de projet : l'inauguration et la réception.
Pour s'en servir, le système récupère les réussites des engagements des hommes d'entreprendre (fonctionnaires dévoués, dirigeants, entrepreneurs publics et privés,…), d'œuvres construites à l'insu de son agenda et gagne ses distinctions en transformant, même à titre posthume, les contradictions qui lui sont portées. Ces dépossessions finissent à éroder les esprits d'initiative en les sommant de venir en renfort pour perpétuer le statu quo. Le refoulement des logiques de la croissance compétitive est en grande part lié à la phobie du système qui déploie en permanence sa vigilance pour empêcher la formation de réputations chez des individus insiders. Tout compte fait, l'état actuel du fonctionnement de l'Etat ou de l'économie ne comporte pas de signes présageant la soustraction des acteurs à l'engrenage de la rente. On peut focaliser le regard sur les facteurs suivants :
1. L'existence d'un climat d'affaires qui met les entreprises dans des rapports d'extériorité par rapport au management Notre économie est fort exigeante en capitaux relationnels. La rupture avec l'économie rentière est une rupture avec un espace de socialisation structuré autour de positions fondées sur la maîtrise de ressources politiques que valorise le système. Cette espace érode le principe d'autonomie des acteurs en érigeant le principe de procuration comme seul mode d'émergence et de développement du monde des affaires.
Les immersions dans cette espace, dont la culture entrepreneuriale est étrangère, oppose des résistances aux logiques productives. Ces résistances sont d'autant plus fortes qu'elles se couplent avec des intérêts qui sont offerts sur des espaces de jeu de connivence verticale. Ce que les entrepreneurs privés désignent par blocages bureaucratiques ne sont réellement que les hostilités ou les évictions que produisent les «jeux avec la règle», selon l'expression de P. Bourdieu. Les blocages à la création d'entreprises ou à tout autre investissement entrepreneurial sont vécus comme des blocages à l'entrée à ces espaces de la circulation de la rente.
2. L'impuissance de l'Etat à établir sa domination sur l'espace économique national
S'il est vrai que les environnements entrepreneuriaux n'émergent pas d'eux-mêmes, son rôle de dépensier l'empêche de se placer comme visionnaire et constructeur des actes économiques. Pour l'heure on n'est pas encore au niveau des minima qui ont justifié l'émergence de l'Etat-Nation occidental, c'est-à-dire sommairement la protection des biens et des personnes. La puissance étatique n'est pas actionnée pour se mettre au service d'une économie entrepreneuriale compétitive. Il semble que l'Etat, n'a pas arraché la violence à la collectivité pour faire émerger un modèle d'organisation sociale.
L'exercice «de la violence légitime» n'est pas aussi nettement assumé lorsque celle-ci survient par sa bureaucratie instrumentale pour se montrer des plus contraignantes. La montée des kidnappings d'entrepreneurs en Kabylie, l'exacerbation de la violence dans les quartiers résidentiels, la montée de bandes organisées, des pratiques de transgression dans les espaces les plus réglés (circulation routière, les administrations, les hôpitaux, les espaces scolaires,…) ne sont pas exogènes au mode de gestion du système. Les effets de ces facteurs renforcent la logique spécifique de son fonctionnement. Ils produisent une instabilité à la base si nécessaire pour sa stabilité et sa pérennité. Ils ont une efficacité à tenir à distance, à faire taire les changements menaçant le système. Cette particularité signifie que la poursuite des enjeux foncièrement lucratifs, c'est-à-dire qui ne sont pas entrepreneuriaux, se fait sur un fond de violence dont le pays est déjà en proie à toutes les ramifications.
3. L'absence d'une sphère de négociation de la contrainte entrepreneuriale
L'économie compétitive est un compromis entre parties prenantes les plus efficientes, c'est-à-dire entre agents disposant de capacités de maîtrise entrepreneuriale de ressources. Ces compromis sont des montages que facilite la gouvernance étatique qui orchestre les conditions entrepreneuriales d'exploitation de complémentarités et des ressources connexes, selon la vision de l'espace entrepreneurial qu'on veut construire. Il construit les cadres des rencontres en vue d'une convergence des potentiels : ceux inscrits dans l'espace entrepreneurial et ceux traduisant des aptitudes qui ne fonctionnent pas dans la limite de leurs ressorts.
Or, dans notre pays, la gouvernance n'est pas entrepreneuriale, car elle est noyée dans les pratiques de contrôle, on dira de surveillance, du capital privé. Dans notre pays, on déplace les regards des types d'investissements entrepreneuriaux, de l'importance des capitaux engagés, des compétences entrepreneuriales maîtrisées pour les centrer sur la personne, en l'occurrence l'entrepreneur. Au lieu de voir dans leurs capacités à entreprendre, on y décèle des capacités à influencer les décisions étatiques. Le problème est que les compromis productifs sont tout le temps pris pour des partages du pouvoir. Ce qui est paradoxal, c'est que l'Etat entrepreneurial a cessé de s'affirmer en tant que tel, au moment où les pratiques d'ostracisme à l'égard de l'initiative entrepreneuriale privée sont toujours là. Il n'y a qu'une seule économie qui peut supporter ce paradoxe, celle de la rente.
4. L'absence d'un management de rapports concurrentiels
En économie marchande concurrentielle, la puissance publique est la seule garante du maintien de rapports concurrentiels en tant que «conflits indirects» (G. Simmel. Elle le fait à travers l'unification et l'homogénéisation de l'espace marchand dans l'étendue de son territoire, comme le montre R. Tedlow à propos de l'économie américaine à partir de la deuxième moitié du 19e siècle, mais aussi en exerçant, selon M. Weber, «le monopole de la violence physique légitime» pour assurer plus particulièrement la protection des capitaux et des agents entrepreneuriaux de l'économie.
Or, la reproduction de l'Etat ne s'organise pas autour d'une dépendance de la performance de l'espace économique de sa domination pour se donner en retour comme missions le management des rapports concurrentiels, la promotion d'un ordre entrepreneurial affranchi de la rente et l'accroissement d'une visibilité entrepreneuriale et managériale des acteurs de l'économie compétitive. La stratégie entrepreneuriale de l'Etat ne serait pas à l'ordre du jour tant que les refondations de son fonctionnement n'auraient pas été conçues en dehors de la rente pétrolière : une économie hors hydrocarbures vaut un Etat hors hydrocarbures
5. Les investissements entrepreneuriaux et le management des systèmes d'offre sont des plus coûteux.
Aux coûts transactionnels générés par les intermédiations institutionnelles dans la gestion des relations extérieures partenariales, s'ajoutent ceux liés au fonctionnement quelque peu atypique des infrastructures économiques et du marché des ressources entrepreneuriales objectives (les assiettes foncières, …) et les coûts de dédouanement liés aux mesures prises à des fins de consommation externe.
Dans ces conditions, avoir une maîtrise des choix d'allocation et de ré allocation des ressources et une maîtrise de leur consommation, se mettre sur des trajectoires d'apprentissage permettant leur développement, sont des exigences pour améliorer l'efficience des firmes, mais elles ne suffisent pas pour rentrer en économie compétitive. La compétitivité n'est pas seulement endogène aux firmes. L'amélioration de leur situation au niveau des coûts et de la valeur de leurs produits est aussi exogène à celles-ci. L'anachronisme de certaines décisions publiques qui s'illustrent par les modes de localisation spatiale des firmes nationales ou par les schémas d'organisation qui leur ont été administrés dans le passé,…, sont les principales sources productrices de contre-performances.
6. L'économie rentière dissimule des baisses de l'effort dont elle est la principale cause
Les réalités organisationnelles portent les traces de dispositions de l'ordre rentier. Celles-ci prennent la forme de baisse des quantités de travail, de gaspillage de temps de travail, de la surgélation des compétences et des potentiels et du maintien des apprentissages à leur niveau primaire. Les mécanismes incitatifs à effets performatifs sont mis à plat dans les entreprises et les institutions. L'ordre rentier navigue à contre-courant des implications contextuelles. Dans tous les moments, il reste détaché des contextes que les questions de rareté de ressources, de l'intensification de la concurrence, des défis d'ordres sociétal et environnemental,…, sont en dehors du champ de ses préoccupations.
Ses gestes viennent tout le temps trop tard pour pallier encore les effets de ses laxismes, des pénuries, des gaspillages de ressources. Tous les problèmes et toutes les situations de crise lui paraissent solubles dans sa gestion unidimensionnelle fondée sur des coups de force financiers. Avec l'économie rentière, aucun mécanisme incitatif n'est en mesure d'influencer la courbe de l'effort dans les entreprises ou les organisations. Si les méfaits de ces inefficiences n'apparaissent pas, en raison des ombres de l'embellie pétrolière et si elles sont le tabou momifié du système rentier, celles-ci sont fortement ressenties au niveau du management et de l'organisation des entreprises ou des organismes.
7. Le management de l'entrepreneuriat n'est pas, d'un point de vue incitationnel orienté vers l'émergence d'une économie compétitive
Les politiques entrepreneuriales poursuivies, on peut dire que depuis le dispositif de 82, ne sont pas conçues pour introduire des changements dans la structure de l'espace entrepreneurial national. Les choses sont ainsi, car les changements sont particulièrement singuliers et qu'ils sont laborieusement faits pour maintenir le statu quo. Les déverrouillages du cadre juridique et réglementaire ont tout le temps excellé par leur caducité et on est en droit de se demander si la tolérance à leur égard ne relève pas subtilement des champs de manœuvre et des instruments du maintien du verrouillage du réel. En termes plus économiques, ce conservatisme fait payer à l'économie des coûts de signalement dont les effets ne se mesurent pas seulement par rapport aux pertes d'efficience entrepreneuriale, mais aussi en termes de réduction du produit de la nation et les coûts des déséquilibres futurs qui vont grever immanquablement le pays.
Parce qu'elles sont réglées pour servir d'autres finalités, les dynamiques entrepreneuriales se substituent à des mécanismes de répartition de la rente en leur faisant jouer le rôle d'un stabilisateur social. La logique populiste, par son effet de repoussoir, sacrifie ainsi sur l'autel des revendications populaires immédiates ce que devrait être une économie durable et soutenable. En relevant les niveaux des aspirations dans la société, cette logique fait fuir la formation d'un éthos entrepreneurial en inculquant (fais-moi vivre aujourd'hui et tue-moi le lendemain) des dispositions d'une discordance flagrante avec les exigences des logiques marchandes. Les frustrations se règlent dans une économie de jouissance en raison des refoulements exercés par la limitation des capacités d'absorption des marchés et par l'absence d'une culture et de compétences entrepreneuriales. A ce titre, les créations en pagaille de micro-entreprises ne sont qu'une échappatoire préfabriquée pour justifier les emplois faits de la rente pétrolière.
Manifestement, les logiques entrepreneuriales qui sont apparues sous les auspices des différents dispositifs ne s'intègrent pas dans des logiques d'accumulation parce que leur longévité dépendrait, d'une part, du maintien déjà de la tendance sur le marché pétrolier, et, d'autre part, des vicissitudes du modèle culturel hérité qui les adopte. Les capacités entrepreneuriales et managériales qui auraient pu les créer et les maintenir sont déviées de leur sentier pour servir des logiques commerciales (le commerce d'importation) ou arrachées par les entreprises concurrentes. La transition avait travesti la fonction entrepreneuriale du pays.
La dépréciation des apprentissages entrepreneuriaux, qui en était la conséquence directe, était d'un coût inestimable pour l'économie et la société. Les aptitudes managériales et entrepreneuriales, constituées au prix de longs processus d'apprentissage et de dépenses colossales nécessitées par les investissements en formation, sont captées et les agents possesseurs sont poussés à quitter le pays ou enrôlés dans des logiques de légitimation de fortunes en quête d'emplois supplantant la fonction entrepreneuriale du pays.
Le pays s'est engagé dans une économie de marché sans politique et sans stratégie entrepreneuriales. On ne le dira jamais assez ! Les permanences structurelles de l'économie rentière auraient pu être brisées si les ressources entreprenantes libérées avaient été réorientées pour servir des processus entrepreneuriaux de croissance dans les différents secteurs de l'économie.


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