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Le cinéma maghrébin, locomotive du 7e art dans le Monde arabe
Publié dans El Watan le 05 - 04 - 2013


Tétouan (Maroc) de notre envoyé
L'occasion est presque historique. Le cinéma maghrébin est devenu, ces trois dernières années, la locomotive du 7e art dans le Monde arabe. Le ralentissement de l'industrie cinématographique en Egypte et en Tunisie, en raison de la transition démocratique mouvementée, et l'arrêt relatif de la production de films en Syrie et en Irak ont ouvert un boulevard devant le cinéma algérien et marocain pour s'imposer sur la scène régionale. Etouffée pendant quarante ans par la dictature de Mouammar El Gueddafi, la Libye n'a pas su construire un véritable cinéma malgré les efforts de rares cinéastes comme Abdallah Zarok, Mustafa Kashem ou Mohamed Shaaban.
De jeunes cinéastes libyens, grâce aux facilités qu'offre le numérique, tentent de bâtir le 7e art à partir de presque rien à Tripoli et à Benghazi. En Mauritanie, la seule manifestation consacrée au cinéma est la Semaine nationale du film qui se tient chaque année en automne. «C'est un Festival international ouvert à tous les cinématographies du monde, surtout des pays arabes et africains. A chaque édition, il y a un thème comme l'émigration, la coexistence, le dialogue des cultures, la citadinité. En Mauritanie, le cinéma est encore naissant. La plupart des réalisateurs et producteurs, qui ont voulu lancer l'activité cinématographique par le passé, ont quitté le pays. Ils vivent en Europe. Leurs films ne sont pas présentés au public mauritanien», regrette Mohamed Ould Idoum, directeur de la Semaine nationale du film de Nouakchott, rencontré lors du Festival du film arabe d'Oran. En 2002, des cinéastes amateurs ont créé dans la capitale mauritanienne la Maison des cinéastes où des stages de formation sont assurés pour les jeunes intéressés par le 7e art.
Relève
«Nous voulons convaincre les cinéastes partis en Europe de revenir au pays pour former les jeunes et assurer la relève. Actuellement, nous produisons surtout des courts métrages et des documentaires», ajoute Mohamed Ould Idoum. Abderrahmane Sissako, l'un des premiers cinéastes mauritaniens, est revenu au pays à l'appel des jeunes de Nouakchott. Abderrahmane Sissako est connu par ses longs et courts métrages tels que Molom, conte de Mongolie, Le chameau et les bâtons flottants et La vie sur terre.
L'Algérie, qui a tous les moyens financiers nécessaires, doit repenser son industrie cinématographique, professionnaliser davantage les festivals du 7e art, perfectionner la formation, améliorer les circuits de distribution de films et réhabiliter toutes les salles de cinéma en les dotant de la technologie numérique DCP (Digital Cinema Package) de projection de films. Il est entendu que dans la plupart des pays, le 35 mm est en phase de remplacement par le DCP, plus souple, plus léger et de meilleure qualité visuelle et sonographique.
Le 19e Festival international du cinéma méditerranéen, qui s'est tenu du 23 au 30 mars, a adopté pour la première le DCP pour la projection des films. «Nous pouvons dire Adieu au 35 mm. C'est pour nous une transformation historique», confie Ahmed Hosni, directeur du festival de Tétouan. Sous l'égide du Centre cinématographie marocain (CCM), une commission d'aide à la numérisation, à la modernisation et à la construction de salles de cinéma a été créée. Elle s'occupe de la collecte de dossiers de professionnels intéressés par l'octroi d'aide de l'Etat pour réussir le projet.
A cet effet, un cahier des charges a été élaboré. «Dans tout le Maghreb, la réhabilitation des salles de cinéma est un préalable au développement de l'art cinématographique et au retour du public», plaide Khalil Demmoun, président de l'Association marocaine des critiques de cinéma (AMCC). Le Maroc, désormais numéro un en matière de production cinématographique dans le Monde arabe et deuxième en Afrique, est le pays où le cinéma est le mieux développé. Un mouvement en perpétuelle évolution depuis la fin des années 1990. «Nous arrivons à produire jusqu'à 30 films par an. Parmi cette production, il y a des navets. Des jeunes réalisent leurs premiers longs métrages avec des caméras numériques et ne prennent pas suffisamment de temps pour réfléchir à leurs projets», observe le critique Ahmed Boughaba (lire entretien).
Le CCM publie régulièrement sur son site internet (www.ccm.ma) les données statistiques et les informations sur la production des films, la fréquentation des salles, le montant des subventions accordées aux cinéastes, les stages de formation tant au Maroc qu'à l'étranger, l'actualité des festivals et des grandes manifestations… Le cinéma est servi par une quinzaine de festivals thématiques au Maroc (Marrakech, Tétouan, Safi, Agadir, Tanger, Rabat, Meknès….). Le Maroc compte 60 salles de cinéma, dont 25 à Casablanca (le multiplex Megarama est doté de 14 écrans).
Ouvrir le marché
Nabila Rezaïg, chef du département cinéma de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), souligne que ces trois dernières années, le 7e art algérien est revenu en force au devant de la scène. «A la Mostra de Venise, le dernier film de Djamila Sahraoui, Yema, a été fort bien accueilli par les critiques. Ce film a obtenu plusieurs prix à Moscou, à Ouagadougou, à Dubaï, à Oran et ailleurs. Ces derniers mois, les festivals de Abu Dhabi, Doha, Carthage et Tétouan ont consacré des hommages au cinéma algérien, cinquante ans après l'indépendance», relève-t-elle.
Elle cite les films coproduits par l'AARC (www.aarcalgerie.org), ces dernières années comme Parfums d'Alger, de Rachid Benhadj, Zabana !, de Saïd Ould Khelifa, Le menteur, de Ali Mouzaoui… «Nous allons poursuivre sur cette voie et explorer la voie de la coproduction de films avec d'autres pays dans le cadre des conventions signées par l'Etat algérien à travers le ministère de la Culture avec d'autres Etats comme l'Italie, la France, le Canada, etc. Il y a aussi des projets à l'étude avec des pays avec lesquels il n'existe pas encore d'accords. Il faut dire que l'Algérie a une longue tradition dans la coproduction depuis l'indépendance. L'Algérie est le pays arabe qui a le plus fait pour privilégier la coproduction cinématographique», note Nabila Rezaïg. Elle rappelle que l'Algérie avait aidé Youssef Chahine à réaliser ses films au moment où il était interdit en Egypte, son pays.
Volonté
Le cinéaste Ahmed Rachedi pense que le développement de la coproduction entre les pays du Maghreb et, par extension, les pays arabes, dépend de la volonté de le faire, mais aussi de l'intérêt commun qu'on peut avoir pour un thème ou une problématique. «Entre Maghrébins, il existe un million de sujets communs qui peuvent être racontés par des films. La coproduction de films permet d'élargir le marché et d'avoir plusieurs ressources tant financières qu'artistiques. Dans la plupart des pays, la coproduction est devenue un moyen efficace pour relancer l'industrie du cinéma. Dans la région arabe, les télévisions doivent aider le cinéma en achetant et en diffusant les films. Ces télévisions doivent être soumises à un pourcentage de diffusion des films produits dans les pays arabes», relève Ahmed Rachedi.
Le cinéaste tunisien Ridha Béhi plaide, pour sa part, pour la consécration de la tradition de la coproduction entre pays maghrébins. Et s'accorde avec Ahmed Rachedi : «En attendant, il faut ouvrir le marché pour la circulation du film magrébin. Les télévisions maghrébines doivent s'intéresser également aux films produits dans la région nord africaine. Pourquoi ne pas diffuser un film maghrébin une fois par mois, ça ne coûte rien», propose-t-il. Le critique et universitaire, Ahmed Bedjaoui, regrette, pour sa part, que le cinéma algérien actuel s'est éloigné du public. «C'est un cinéma qui demande des budgets, mais qui n'a pas le public comme juge final. Un cinéma qui ne fréquente que les festivals. Cette remarque est valable pour les cinémas du Maroc et de Tunisie», fait-il observer.
Il dénonce ce qu'il appelle les cinéastes autoproclamés : «Nous avons perdu la trace des professions libérales. Le cinéma est un marché. L'Etat développe une énorme volonté politique pour aider le cinéma, mais à force de vouloir l'embrasser, il l'étouffe. Le secteur privé et la société civile n'ont plus leur place. Tout dépend de la volonté de l'Etat. Si cette volonté disparaît, tout s'arrête.» Ahmed Bedjaoui estime qu'il est important de reconstituer les métiers du cinéma en Algérie et reprendre les salles de cinéma d'une manière professionnelle et efficace. Le cinéaste tunisien Ridha Béhi rappelle, de son côté, que le cinéma algérien a donné la seule palme d'Or au 7e art arabe grâce au film de Mohamed Lakhdar Hamina, Chroniques de années de braise en 1975.
«Le cinéma maghrébin a toujours été présent durant ou après les grands mouvements historiques dans la région. En Tunisie, le cinéma a toujours suivi les changements sociaux. Plusieurs films par exemple ont abordé la thématique du tourisme sur plusieurs plans. Idem pour le sujet de la femme», souligne Ridha Béhi, dont le dernier film, Dima Brando, a été présenté au Festival de Tétouan. Khalil Demmoun remarque que le cinéma maghrébin n'arrive toujours pas à atteindre le niveau de qualité du 7e art de la rive nord de la Méditerranée.
Les chouyoukh critiques de cinéma !
«L'Italie, l'Espagne et la France ont une longue tradition dans l'industrie cinématographique. Au Maghreb, plusieurs époques ont été traversées. Il y a eu d'abord l'époque du cinéma algérien avec la production de plusieurs films de valeur. Dans les années 1990, le cinéma tunisien a pris le relais avec des cinéastes tels que Mahmoud Ben Mahmoud, Nouri Bouzid et d'autres. Aujourd'hui, le Maroc s'impose avec une bonne production de films à des qualités variables. On assiste en même temps à un retour progressif du cinéma algérien», explique-t-il.
Selon lui, les responsables maghrébins semblent comprendre aujourd'hui l'importance de donner plus de moyens à l'industrie cinématographique. Il cite l'exemple des nouvelles lois sur la subvention des films au Maroc et sur la modernisation des salles de projection. Le nouvel ordre politique dans la région maghrébine facilite certains nouveaux comportements ouvertement hostiles à la création cinématographique. Ahmed Boughaba cite l'exemple du film Les mécréants (Al maghoub alayhoum), de Mohcine Besri.
«Pour attirer l'attention sur eux, certains chouyoukh attaquent les films sans même les regarder ! Ils se contentent de ce qu'on leur dit ou de ce qu'ils lisent dans la presse. Ces hommes de religion sont donc devenus des critiques de cinéma ! Comme ils ne peuvent pas critiquer le système politique, n'ayant pas le courage pour le faire, ils s'attaquent aux arts», ironise-t-il.


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