Les risques de gestion auxquels font face les managers publics se sont invités, hier, à la cérémonie de signature des contrats de performance engeant les entreprises affiliées aux SGP Equipag (industrie mécanique) et Construmet (construction métallique). Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Cherif Rahmani, a ainsi insisté, lors de son allocution d'ouverture, sur la nécessité de «libérer les cadres des tutelles», de «libérer les initiatives», laissant les cadres publics s'exprimer tout en étant comptables de leur performance et de leur gestion. Le manager public ne devra donc plus n'être qu'un simple exécutant, mais devra avoir de l'initiative. Le ministre pense d'ailleurs que pour y parvenir, la tutelle dispose de certains outils. Il s'agit en premier des contrats de performance qui lient le ministère de l'Industrie aux sociétés de gestion des participations, les engageant à atteindre des objectifs précis. Des contrats qui lient aussi ces mêmes SGP aux entreprises de leurs portefeuilles respectifs. Le département de Rahmani compte aussi sur des business plans qui définissent sur les 10 prochaines années les budgets dégagés, les objectifs physiques et financiers ainsi que la rentabilité des projets à initier aussi bien pour l'entreprise elle-même que pour la collectivité. La finalité étant de réamorcer les projets en sommeil, de fédérer les énergies dans l'objectif de concrétiser «l'ambition industrielle de l'Algérie», ajoute le ministre. Une ambition qui nécessite la participation de tous, pour M. Rahmani, qui se défend d'avoir une quelconque idéologie et de faire de la discrimination entre le public et le privé. L'enjeu de l'emploi Ainsi, dans le cadre des contrats de performance à venir, chaque SGP devra s'engager sur la stratégie à suivre, ce qu'elle compte produire pour se substituer aux importations, la diversification de sa gamme de produits, la modernisation du management, les objectifs en termes d'exportation et d'internationalisation, mais aussi sur la sous-traitance et le partenariat avec le secteur privé. Les plans de développement industriel initiés par la tutelle n'évacuent pas pour autant le volet social. D'ailleurs, le contexte actuel semble inviter les différents départements à présenter des objectifs précis en matière d'emploi – des jeunes en particulier – et de formation. A ce titre, les responsables des deux sociétés de gestion des participations qui ont ouvert le bal des contrats de performance ont énormément insisté sur les emplois à créer sans aucune compression de postes. Les propos des patrons qui ont eu à se relayer pour présenter leurs engagements semblaient d'ailleurs donner intonation toute particulière aux projets à réaliser dans certaines wilayas du sud du pays. C'est le cas notamment de la SGP Construmet qui projette, selon les propos de son président, Lahlou Youcef, un maillage territorial via 5 projets à implanter à Laghouat, Ouargla, Djelfa, Sétif et Annaba. Les entreprises du portefeuille de la SGP prévoient ainsi de créer, à l'horizon 2022, plus de 2800 emplois directs pour 800 départs à la retraite. La SGP, qui compte en son portefeuille deux groupes industriels, entend créer 8 nouvelles entreprises en partenariat. Des projets qui lui permettront de tripler son chiffre d'affaires en 10 ans et de réaliser un taux de croissance annuel de 11%. Cela lui permettra aussi et surtout de faire face à la concurrence internationale. Même son de cloche du côté de la SGP Equipag. La Société de gestion des participations industrie mécanique, qui compte réaliser un taux de croissance annuel de 10%, envisage de créer 3000 emplois directs à l'horizon 2022 et de former 5000 agents entre 2013 et 2015. Au-delà de la diversification de la gamme, la SGP table sur la création de pôles industriels territoriaux à Constantine, Annaba et Oran, avec une expansion dans le sud du pays. Les objectifs semblent à portée de main, d'autant plus que, selon les propos du président du directoire, Bachir Dehimi, la filière a enregistré un taux de croissance de 23% au cours du premier trimestre 2013. Les objectifs sont d'ailleurs ambitieux. Les entreprises du portefeuille ont déjà concrétisé 5 projets de partenariat ; 16 autres projets de joint-ventures sont en cours d'étude. M. Dehimi a évoqué également l'intention de la SGP d'investir dans l'industrie aéronautique et la construction. Autant de projets qui permettront aux entreprises de la filière de couvrir entre 5 et 10% des besoins du marché en produits finis et 40% des besoins en pièces de rechange, sans parler des ambitions à l'export. Des projets qui ouvriront des opportunités aux entreprises privées de sous-traitance, lesquelles bénéficieront d'un plan de charge de 11 milliards de dinars.