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«Les inégalités sociales sont responsables du sentiment d'exclusion et de hogra»
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2015


– Qu'est-ce que la dépression nerveuse ?
Avant d'aller plus loin dans cet entretien, je pense qu'il est indispensable d'expliquer à vos lecteurs ce qu'est la dépression. Ce terme n'est pas toujours bien compris et ne signifie pas la même chose dans le langage courant (profane), de la rue si vous voulez, et dans celui des professionnels que nous sommes. Dire de quelqu'un qu'il a fait une dépression veut dire, dans le langage courant, que cet individu présente des troubles psychiques. Pour le psychiatre, ce terme renvoie à une maladie mentale précise avec des symptômes bien définis et un traitement bien codifié. Une maladie mentale facile à reconnaître parce que le sujet qui en est affecté présente un certain nombre de signes qui ne trompent pas. Parmi eux, la tristesse.
Un profond et durable chagrin, avec pleurs et gémissements, accable la personne malade qui n'a plus envie de rien, qui se néglige et néglige sa famille. Un sentiment de culpabilité avec quelquefois un sentiment d'indignité, accompagne cette tristesse. Le sujet se plaint de ne plus avoir la force de se rendre à son travail, de ne plus être capable de s'occuper des siens, etc. D'autres signes, comme l'anorexie, l'asthénie ou encore l'insomnie et l'angoisse, symptômes également importants, font partie du tableau clinique de la dépression.
La personne déprimée n'a pas envie de manger. Elle n'a pas faim, n'a pas d'appétit, la nourriture n'a parfois pas de goût. C'est l'anorexie. Quelquefois, elle refuse de s'alimenter pour se punir ou parce qu'elle a envie de mourir. Dans ce cas, il faut redoubler de vigilance et amener la personne à consulter au plus vite. L'asthénie est l'autre symptôme cardinal rencontré dans cette pathologie. La personne est fatiguée et épuisée par le moindre effort.
Elle passe ses journées au lit où elle trouve refuge mais ne dort pas. La nuit, elle fait des insomnies et quand elle trouve le sommeil, il est de mauvaise qualité, entrecoupé de réveils ou est peuplé de cauchemars. Elle se réveille presque toujours au petit matin et ressasse une existence «ratée». Une angoisse intense accompagne ces moments de rumination. Un moment qui fait craindre, chez les personnes les plus vulnérables et les plus gravement atteintes, le passage à l'acte suicidaire. Une situation observée notamment chez le sujet qui présente une mélancolie, une forme grave de la dépression.
D'autres fois des plaintes somatiques nombreuses constituent l'essentiel du tableau, ou encore des troubles relationnels et de l'adaptation avec irritabilité, colère, agressivité, hostilité vis-à- vis du conjoint, des enfants, des collègues de travail, etc. Ici la dépression est masquée, c'est pourquoi le diagnostic est dans ces cas posé tardivement.
J'ai volontairement utilisé dans mon propos les vocables «épisode» ou encore «état» dépressif pour bien signifier qu'il s'agit généralement d'une affection qui a un début et une fin. La durée est plus ou moins variable d'un sujet à un autre et selon que le traitement a été tôt ou tard institué, mais la guérison survient toujours.
– Quelles sont les personnes atteintes de dépression en Algérie ?
En Algérie comme partout ailleurs, nul n'est à l'abri d'un épisode dépressif. Il faut cependant qu'un certain nombre de conditions soient réunies pour souffrir de cette affection. Des éléments de vulnérabilité sont presque toujours observés chez les personnes qui s'en trouvent affectées.
Le terrain familial, une personnalité fragile, des conditions de vie pénibles, une charge familiale importante et une activité professionnelle éprouvante, sont autant d'éléments qui font le lit de la dépression. Il suffit d'un petit rien, un événement inattendu, stressant, et c'est l'effondrement psychologique avec la survenue de l'état dépressif. La goutte qui peut faire déborder le vase chez tout un chacun.
– Quels sont les facteurs déclenchants ?
Le facteur déclenchant est la goutte qui fait déborder le vase. Mais il faut savoir que l'élément à l'origine de l'éclosion de la maladie n'est pas toujours évident. Il faut le rechercher, bien qu'il s'agisse généralement d'un ensemble d'événements stressants qui se sont accumulées pour constituer, chez le sujet, un poids difficilement supportable. L'état dépressif est consécutif à une surcharge psychologique. On peut, toutefois, retrouver, dans l'histoire récente de la personne, un événement suffisamment important ou grave pour être à l'origine de l'apparition des troubles.
Un décès, un divorce, la perte d'un emploi, un accident, une grossesse, un accouchement, peuvent constituer -cela est connu- l'élément déclencheur de la maladie. L'intensité des troubles présentés n'a pas de relation de proportionnalité avec le facteur en cause. L'impact de ce dernier dépend toujours de la personnalité du sujet, de son histoire, de sa qualité de vie et de la bonne ou mauvaise santé de ses relations socio-familiales.
Une vulnérabilité sous-jacente – je le soulignais – est presque toujours observée et l'histoire du sujet est habituellement chargée de moments pénibles qui se sont additionnés. Bien sûr, quand l'événement est brutal et intense, il suffit à faire s'effondrer la personne. Dans ce cas, l'événement fait effraction dans la vie psychique du sujet et crée un véritable traumatisme. Une situation exceptionnelle qui peut être observée à l'occasion des traumatismes causés par les catastrophes naturelles -les séismes- ou encore par le terrorisme.
– Quelle est la part des traumatismes qui ont traversé l'histoire de notre pays tels que le terrorisme ? La dépression peut-elle être liée à des problèmes sociaux, à l'exclusion ou à des inégalités ?
Ce qui a prévalu dans notre pays durant la décennie noire. De véritables états dépressifs ont pu éclore dans de telles circonstances, mais ces événements hors du commun donnent lieu à une pathologie plus spécifique, l'état de stress post-traumatique.
Les petits soucis et tracas qui jalonnent la vie quotidienne ne doivent pas être négligés. Des ennuis avec le conjoint, un enfant en mauvaise santé ou encore avec de mauvais résultats scolaires, un supérieur hiérarchique difficile ou tyrannique, etc., des situations de stress chronique qui pèsent et qui peuvent, avec le temps, faire «craquer». L'intensité des troubles dépressifs, qui y sont observés, sont variables. Ces troubles peuvent être sévères et générer momentanément un handicap social important, mais ils peuvent aussi se manifester sous la forme d'un état dépressif sans gravité apparente, léger mais chronique et tout aussi invalidant.
La vie sociale et les problèmes qu'elle peut charrier peut également conduire le sujet vers la dépression. Le chômage, la pauvreté et la difficulté à subvenir aux besoins de sa famille sont des éléments de risque qu'il faut considérer. Les inégalités sociales sont, sans doute, responsables du sentiment d'exclusion et de hogra.
La honte, l'humiliation et/ou l'indignité – qui résultent de cette incapacité à avoir sa place dans la société et à assurer une vie digne aux siens – génèrent une perte de l'estime de soi. Si l'effondrement dépressif est la règle dans ce cas, le désir de mettre fin à la douleur morale subséquente est toujours présent. Le passage à l'acte suicidaire – qui est une éventualité qu'il faut toujours redouter – témoigne du désespoir d'un sujet qui a perdu l'initiative sur son existence.
– Est-ce que la dépression fait l'objet d'une prise en charge efficace en Algérie ?
Oui, la dépression est aujourd'hui bien traitée. Quand la personne qui en souffre arrive en consultation de psychiatrie, les choses sont relativement aisées. L'état dépressif sévère avec risque suicidaire est généralement hospitalisé pour réduire rapidement les troubles présentés, mais la grande majorité des dépressions sont prises en charge à titre externe, notamment en psychiatrie libérale.
Les antidépresseurs dont nous disposons présentement sont très efficaces et ont quelquefois un effet spectaculaire avec peu ou pas d'effets secondaires désagréables. Ce qui n'est pas négligeable, parce que les effets négatifs sont à l'origine de l'échec ou du refus du traitement médicamenteux. Un confort appréciable pour le malade. De plus, les délais d'action sont courts et ces médicaments peuvent être pris durant plusieurs mois sans danger particulier. Un progrès notable.
Plusieurs antidépresseurs sont, aujourd'hui, mis à la disposition du médecin. Le choix du produit se fait selon les symptômes présentés, le degré de l'affaissement de l'humeur, l'intensité de l'anxiété ou encore la fréquence des troubles du sommeil. L'efficacité du traitement dépend en effet du choix du produit médicamenteux. Le médecin est quelques fois amené à changer, en cours de traitement, la molécule. Une situation qui peut retarder la guérison mais qui n'est jamais préjudiciable pour le patient.
D'autres substances médicamenteuses peuvent être utilisées en appoint. c'est le cas des anxiolytiques ou des hypnotiques. Des produits utilisés pour de très courtes durées, afin de réduire une angoisse envahissante ou pour induire le sommeil en début de traitement. Cependant, un bon traitement antidépresseur est celui qui se contente uniquement des substances spécifiquement destinées au traitement de la dépression.
Quoi qu'il en soit, le projet thérapeutique doit tenir compte de la forme clinique de la dépression, du terrain psychique sur lequel elle survient et de l'environnement dans lequel évolue le sujet malade. Des facteurs qui permettent d'évaluer le pronostic et éventuellement le risque de passage à l'acte suicidaire. Le traitement de la dépression ne se suffit pas de la prescription de produits médicamenteux. Pour accélérer la guérison et éviter les rechutes, on a souvent recours à un accompagnement psychologique.
Un appoint indispensable, en particulier chez les personnes vulnérables et sensibles aux événements de vie. Les techniques sont nombreuses. Il peut s'agir d'un simple soutien psychothérapique individuel, mais des psychothérapies plus élaborées peuvent être proposées, telles que les techniques cognitivo-comportementales. Ces psychothérapies peuvent dans certains cas s'adresser à la personne souffrante et à sa famille, il s'agit alors de psychothérapies familiales ou systémiques. Dans tous les cas, il faut aller au-devant des causes qui sont à l'origine de la pathologie dépressive.
Si celles-ci (les causes) s'inscrivent dans la réalité quotidienne de l'individu et dans le manque de bonheur- la souffrance psychologique étant due à des difficultés sociales objectives-, la prise en charge peut s'avérer ardue. Alors, la solution ne se trouve pas dans le cabinet du psychiatre parce que celui-ci n'a pas de réponses à la détresse sociale. En effet, la médecine ne soigne pas le malheur.


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