Beaucoup d'Algériens ne font toujours pas confiance à l'usage des cartes interbancaires. C'est le cas de Mohamed, trentenaire, cadre dans une entreprise privée, rencontré dans une banque publique : «J'ai toujours utilisé mon chéquier pour retirer mon argent. Je dispose d'une carte bancaire, mais franchement, j'avoue que je ne l'ai jamais utilisée. Je ne fais pas trop confiance. On n'est jamais à l'abri d'une mésaventure que je risque de payer cher.» Le manque de conviction des citoyens qui freine le développement de la monétique n'explique pas tout. Souvent, le manque ou la défaillance technique des distributeurs automatiques de billets achèvent le peu de confiance que peuvent nourrir certains détenteurs de cartes bancaires. «Comment voulez-vous retirer de l'argent lorsque les distributeurs sont la plupart du temps défectueux ou pas alimentés en argent ? Je l'ai vérifié à plusieurs reprises. C'est triste et révoltant», déplore un autre client. Cette défiance à l'égard de l'utilisation des cartes interbancaires illustre la culture du cash dans les transactions commerciale. «Les citoyens ne font confiance qu'aux liquidités. Il est extrêmement difficile de convaincre les gens d'opter pour le paiement des achats ou le retrait de l'argent via une carte bancaire. C'est un problème d'ordre culturel», explique une responsable chargée de la monétique d'une agence bancaire publique. «Si le nombre de cartes interbancaires distribuées a augmenté depuis le lancement de ce service, les opérations de retrait ou de paiement restent infimes. Ce qui veut dire que la majorité des cartes ne sont pas utilisées par leurs détenteurs», affirme notre interlocutrice, relevant au passage que les appréhensions des détenteurs des cartes interbancaires restent infondées et souvent exagérées. «Si des erreurs sans préjudice au client peuvent survenir, l'utilisation des cartes interbancaires est entièrement fiable et sécurisée», dira-t-elle. D'autres banquiers pointent du doigt l'attitude des commerçants et autres prestataires de services qui rejettent l'installation de terminaux de paiement électronique. D'ailleurs, le nombre de commerçants et autres prestataires de services disposant de TPE reste insuffisant. Seuls les grands hôtels, les aéroports, certaines stations-service, grandes surfaces et officines disposent de ce moyen de paiement. D'après eux, il faut encore beaucoup de temps aux citoyens pour adopter ce mode de règlement de leurs factures. Si la généralisation de la monétique tarde à venir, c'est aussi de la faute des banques algériennes et autres établissements financiers. Car depuis son lancement, l'usage des CIB n'a pas bénéficié d'une véritable campagne de marketing à même de convaincre et de rassurer les clients.