Un ratissage d'envergure avait été déclenché, surtout que les services français avaient des renseignements sûrs sur la présence de moudjahidine dans la région. Aujourd'hui, on est certains que ces moudjahidine avaient été vendus. Il s'agit du groupe de Messaoud Boudjeriou, dit Messaoud Leksentini, chef de la Zone 5 de la Wilaya II historique, dont les éléments ont été surpris par la présence de militaires français. Encerclés de toutes parts, les moudjahidine n'avaient même pas eu le temps d'évacuer les lieux. La confrontation était inévitable. En dépit de la supériorité de l'armée française, appuyée par les hélicoptères, Messaoud Boudjeriou et ses hommes ont livré un combat courageux. Selon les témoignages de certains moudjahidine qui étaient présents lors de ce ratissage, Messaoud Boudjeriou est tombé les armes à la main au lieudit «Derader». Parmi les martyrs se trouvait également Loucif Mebarka, dite Taitouma. Après la bataille, le corps de Messaoud Boudjeriou est resté sur le champ, surtout que les officiers de l'armée française n'ont jamais réussi à l'identifier. «Ce n'est que le lendemain matin, après le retour au calme et le départ des forces françaises que nous sommes descendus vers la région de Djebel Taghouza, où nous avons constaté la mort de Si Messaoud et nous avons ainsi pu l'enterrer ainsi que d'autres martyrs», nous révèle un témoin. Ceci explique le fait que les Français n'avaient pu annoncer la mort de Messaoud Boudjeriou que le 3 mai 1961 sur les colonnes de La Dépêche de Constantine, après avoir confirmé cette information auprès de certains rescapés faits prisonniers lors du ratissage de Djebel Taghouza. Pour l'histoire, La Dépêche de Constantine avait déjà donné une fausse information, en annonçant dans son édition du 3 mai 1958 la mort de Messaoud Boudjeriou, après la fameuse bataille de Catinat dans la région de Settara, survenue au mois d'avril 1958. La mort de Messaoud Boudjeriou marque la fin du long parcours d'un homme valeureux, qui a sacrifié sa vie pour la liberté de son pays. Après le 28 avril 1961, Khelfallah Mustapha dit Mostepha Boutemira prendra le commandement de la Zone 5, avec une nouvelle restructuration des nahias dépendant de cette zone, et la désignation de nouveaux responsables dans la ville de Constantine. Né en 1930 au village de Aïn El Kerma, qui porte aujourd'hui son nom, Messaoud Boudjeriou s'installe avec sa famille à Sidi Mabrouk dans la ville de Constantine. Il adhère dès son jeune age au mouvement de Scouts musulmans, avant de rejoindre le MTLD en 1950, alors qu'il avait à peine 20 ans. Il sera responsable de section du MTLD à Sidi Mabrouk, avant de rallier le CRUA après la crise qui a secoué le parti en 1953. Au déclenchement de la Révolution, il est l'un des collaborateurs de Didouche Mourad, chargé de mener la résistance dans la ville de Constantine. Il sera désigné responsable de la ville par Zighoud Youcef à partir de juillet 1955. A partir de mai 1958, il est chef politique de la zone de Constantine, puis premier responsable de la zone autonome de Constantine à partir de décembre 1958. Il est à l'origine de l'organisation de la ville, sa structuration en nahias. Durant toute cette période, Constantine sera au cœur d'une activité intense et de nombreux attentats qui ont déstabilisé l'administration et l'armée françaises.