C'est ce que recommande la Banque des règlements internationaux (BRI) dans son 86e rapport annuel rendu public, dimanche dernier, en Suisse. L'organe international de coordination des grandes Banques centrales a évoqué le «trio de risques» que constituent un endettement élevé, une faible croissance de la productivité et un manque de marges de manœuvre des Banques centrales. «Des évolutions préoccupantes — un trio de risques — rendent l'économie mondiale très vulnérable et appellent à la vigilance : une croissance de la productivité anormalement molle, faisant planer un doute sur une amélioration future des niveaux de vie, une dette mondiale historiquement élevée, soulevant des risques pour la stabilité financière, et une marge de manœuvre extrêmement réduite pour l'action des pouvoirs publics», lit-on dans le rapport de la BRI. La Banque, qui compte 60 Banques centrales membres représentant quelque 95% du PIB mondial, estime que «l'économie mondiale ne peut plus se permettre de compter sur un modèle de croissance alimenté par la dette, qui l'a mené à la situation actuelle». Et de juger que «les taux d'intérêt bas laissent entendre que les acteurs du marché envisagent l'avenir avec une certaine appréhension». Or, les taux d'intérêt sont descendus encore plus bas, poursuivant leur plus long séjour de l'après-guerre en territoire négatif. «Un nouveau record a été atteint fin mai, où près de 8000 milliards de dollars de dette souveraine, y compris des titres à long terme, se négociaient à des rendements négatifs», a indiqué la BRI. La politique monétaire supporte depuis «beaucoup trop longtemps une part excessive du fardeau». Depuis trop longtemps, aussi, la dette fait office de substitut politique et social à la croissance des revenus. «Il est urgent de rééquilibrer les politiques publiques pour les centrer davantage sur les mesures structurelles», recommande la BRI. Pour la politique prudentielle, la priorité, dans les pays frappés par la crise, consiste à veiller à ce que les bilans des banques soient en bon état et dotés de fonds propres suffisants. Il faut aussi restaurer la rentabilité des banques, voire limiter la distribution des dividendes si nécessaire. Pour ce qui est de la politique budgétaire, la priorité est d'éviter une dynamique de la dette déstabilisante. L'un des moyens est d'améliorer la qualité de la dépense publique en déplaçant le curseur pour le rapprocher de l'investissement dans le capital physique humain. Un autre moyen serait de réaliser des investissements judicieux dans les infrastructures quand cela est nécessaire. «Il est essentiel de ne pas céder à la tentation de recourir à des solutions de courte vue ou de prendre des raccourcis», conclut la BRI.