L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, a fini par sortir de son mutisme pour répondre aux critiques du secrétaire d'Etat belge à l'Asile et aux Migrations, Theo Francken, qui a reproché à Alger son manque de coopération. «La coopération entre l'Algérie et la Belgique existe : elle est pragmatique, elle est constructive. On n'a pas besoin d'accords bilatéraux de réadmission. Avec tous les pays, nous avons une très bonne coopération en matière de réadmission de ceux qui séjournent de manière irrégulière», a déclaré Amar Belani, mardi, en marge de sa visite à la famille d'une des victimes de l'attaque. Pour étayer ses dires, M. Belani, cité par la presse belge, a rappelé qu'en 2015 pas moins de 155 Algériens, vivant en situation irrégulière en Belgique, ont été rapatriés vers l'Algérie, et ce, «avec la coopération des services consulaires algériens parce que, dans ces cas-là, on avait été saisis et un travail avait été fait avec l'Office des étrangers». Et d'ajouter : «On est des deux côtés entre cet agresseur immonde (Khaled Babouri) qui est de nationalité algérienne et cette victime innocente qui est Belge d'origine algérienne.» Theo Francken avait indiqué, dimanche, que «l'auteur de l'attaque a fait l'objet de deux ordres de quitter le territoire, en 2012 et 2014, mais il se trouve qu'il vient d'un pays avec lequel la collaboration est particulièrement difficile. L'Algérie est réticente à reprendre ses ressortissants ; les autorités prétendent souvent que les personnes concernées sont marocaines. Et comme ces personnes n'ont pas de papiers ou prétendent ne pas en avoir, l'identification est très difficile». L'Algérie n'en est pas à son premier bras de fer avec un pays européen au sujet du rapatriement de ses ressortissants en situation régulière. En janvier dernier, la chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré, à Berlin, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, «qu'un accord devant organiser le rapatriement des Algériens en séjour illégal existe, mais il faut faire en sorte qu'il fonctionne de manière appropriée». M. Sellal avait répondu, à la même occasion, qu'«il faut s'assurer qu'il s'agit bien d'Algériens» avant de décider de leur renvoi. Le nombre d'Algériens en situation illégale en Europe est inconnu. En Belgique, le secrétariat d'Etat à l'Asile a avancé, en 2013, le chiffre de 2600 sans-papiers algériens. En Allemagne, les services consulaires algériens parlent de près de 2000 clandestins qui auraient rejoint ce pays, profitant des vagues migratoires en provenance de la Syrie. En France, une estimation de l'ambassade française à Alger situe leur nombre, en 2007, à environ 350 000 clandestins. L'absence de chiffres précis est due au fait que nombre de migrants clandestins, quelle que soit leur nationalité, détruisent leurs papiers pour échapper à une expulsion vers leur pays d'origine.