Tel est le climat qui prévaut depuis quelques semaines à la frontière algéro-tunisienne où la taxe de 30 DT (2400 DA), imposée unilatéralement aux touristes algériens, alimente la polémique et donne libre cours aux spéculations. La majorité des voyageurs algériens, questionnés à ce sujet, y voient une humiliation de plus, ajoutée à certains comportements revêches d'éléments de la police des frontières et des douanes tunisiennes. «Chaque année, nos compatriotes sauvent, par leur arrivée massive, la saison touristique en Tunisie, contrairement aux autres pays qui appréhendent cette destination depuis la dégradation de sa situation sécuritaire. Soit. En contrepartie de cet élan de solidarité, les touristes algériens sont quotidiennement victimes de mauvais accueil de la part des autorités du pays voisin», déclare Salim Trabelsi, un étudiant algérien parti pour quelques heures au pays du jasmin. Ses amis témoignent : «L'arnaque commence avec les 30 DT que l'on doit payer autant de fois que l'on traverse la frontière, outre les achats et les chambres d'hôtel dont les prix sont annoncés à la tête du client.» Des amendes excessives imposées aux automobilistes algériens en cas d'infraction font également partie des misères vécues par les Algériens en vacances. En concomitance à cette situation, les contrebandiers sévissent dans les trois wilayas précitées. Des coups de feu de sommation ont été entendus à un poste-frontière de la wilaya de Souk Ahras, au moment où des contrebandiers tentaient d'acheminer une importante quantité de carburant. Une source digne de foi et très au fait des manœuvres des contrebandiers apporte une autre lecture : «C'est vrai que les ressortissants algériens voient en cette taxe et en certains actes et comportements isolés de la PAF et des douanes tunisiennes une atteinte à leur dignité, une conduite peu commode par rapport au principe de la réciprocité, mais il est aussi recommandé en pareil cas de faire preuve de vigilance. Faire diversion en provoquant des regroupement au niveau des postes-frontières, voire dans les chefs-lieux de communes frontalières, est une manœuvre courante pour libérer les chemins de la contrebande. Et c'est lors de telles situations que l'on monte un peu plus haut la barre des produits illicites destinés à l'acheminement vers et depuis la frontière.» Les trois wilayas enregistrent un flux exceptionnel de touristes que les autorités tunisiennes, mal parties, attendaient depuis le mois de juillet. Les contrebandiers s'en mêlent et font craindre le pire.