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Chronologie de l'éjection de Hayatou
Publié dans El Watan le 13 - 08 - 2017

Pourtant, les circonstances dans lesquelles elle est intervenue ne présageaient rien de bon à la tête de l'instance faîtière, ainsi que l'avenir du football africain. Depuis mars dernier qui marquait la fin d'un long règne sans partage de 29 ans du Camerounais à la tête de la Confédération et l'arrivée du Malgache Ahmad Ahmad comme nouveau président, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
La feuille de route élaborée au Caire, pendant le dernier mandat de Issa Hayatou, soutenue à fond la caisse par Rabat, encouragée par le président de la FIFA, Gianni Infantino, partiellement financée par un richissime homme d'affaires zimbabwéen qui a ses entrées et sorties à la CAF et la FIFA, sans oublier l'aide précieuse offerte par deux anciens bras droit du Camerounais qui ont été facilement retournés contre le vieux chef.
C'était la première partie du plan de l'éjection de Issa Hayatou. Petit à petit, le puzzle s'est mis en place. Mais il manquait un chaînon important : l'homme qui devait prendre la place de Issa Hayatou. Les hommes influents qui pilotaient le projet avaient leur idée sur l'identité du futur patron de la Confédération. La piste qui s'imposait le plus était celle d'un dirigeant issu de la Cosafa (Afrique australe).
Pourquoi ? Parce que le chef de file de la révolte est le puissant et riche homme d'affaires zimbabwéen, un proche du président Mugabe, qui le premier s'est attaqué frontalement à Issa Hayatou et des membres du comité exécutif de la CAF qu'il a traités de «lâches». Il a ensuite bravé l'interdiction de la CAF d'inviter chez lui des présidents de fédérations à la veille de l'assemblée générale au printemps dernier à Addis-Abeba. A la même période, Gianni Infantino a pesé de tout son poids dans l'élection. Il a sillonné le continent, pendant 10 jours, prêché la bonne parole et encouragé les hésitants à pousser dehors Issa Hayatou.
La tournée en Afrique du président de la FIFA a intrigué plus d'un sur les véritables motivations de ce voyage. Deux membres de la commission d'éthique de la FIFA, l'Allemand Joacquim Eckert et le Suisse Borbely, tous deux magistrats, ont ouvert une procédure d'enquête contre l'Italo-suisse pour «influence dans le cours de l'élection de la CAF». Ils paieront chèrement leur audace et courage. En mai dernier, Gianni Infantino a refusé de renouveler leur contrat avec la FIFA. Auparavant, il a pris sur lui de sonder d'éventuels successeurs pour remplacer le Camerounais.
Sa stratégie était claire dès le départ. Il voulait faire le vide autour de lui. Arrivé par effraction à la tête de la FIFA, il a été un président par défaut après le «double homicide» de Joseph Sepp Blatter et Michel Platini qui se sont entretués et lui ont ouvert la voie royale. Il n'avait qu'à se pencher vers l'avant pour ramasser le fauteuil de président de la FIFA. Issa Hayatou était le dernier dinosaure de l'ère Blatter. La chute de ce dernier avait entraîné celle de nombreux présidents de Confédérations éclaboussés par les scandales qui ont souillé l'image de la maison du football, comme se plaisait à le dire Blatter.
Les présidents des Confédérations ont sauté un à un après le printemps 2015. Michel Platini (UEFA) était le dernier à abandonner ses fonctions suite aux révélations sur les près de 2 millions de dollars qu'il a empochés pour un soi-disant travail exécuté au profit de la FIFA. Restait encore en place l'Africain Issa Hayatou, la mauvaise conscience de Gianni Infantino dont il n'a pas soutenu la candidature à la succession de Joseph Blatter. Pour rappel, le président de la CAF avait exhorté les dirigeants africains à voter en faveur du prince Salman (Bahrein).
Le plan d'Infantino réglé comme une montre suisse
Après son élection, le nouveau président de la FIFA, encouragé par quelques présidents de fédérations africaines, a mis en branle un plan de déstabilisation du Camerounais et s'est lancé à la recherche de l'homme idoine pour prendre le relais après le départ du natif de Garoua. Il a établi une short-list où figuraient trois noms.
Selon des confrères africains proches de l'instance faîtière du football mondial, un membre influent au sein de l'Union nord-africaine de football (UNAF) figurait en pole position, loin devant le Sud-africain Dany Jordaan et le président d'une fédération de l'Afrique de l'ouest. Selon un des sergents et fidèle parmi les fidèles de Issa Hayatou, «le membre influent de l'UNAF a bien été sollicité par le président de la FIFA pour se présenter contre Issa Hayatou en mars 2017. Il a décliné l'offre. Il n'a pas voulu tronquer sa fidélité à Issa Hayatou contre le fauteuil de président de la CAF».
La proposition lui aurait été soumise par Gianni Infantino quelques semaines après son élection à la tête de la FIFA. Une fois qu'il a pris acte du refus de celui dont il voulait faire un prétendant, il est passé au plan B. Le temps lui était compté. Il fallait faire vite. Les dirigeants de la puissante zone australe (Cosafa) lui ont alors soufflé le nom du Malgache Ahmad Ahmad qui présentait l'avantage d'être depuis des années membre du comité exécutif de la CAF. Une feuille de route a été établie.
Les rôles ont été distribués. Les adversaires de Issa Hayatou se sont mis en ordre de bataille pour renverser le vieux Camerounais qui croyait jusqu'au bout que les dirigeants des fédérations lui resteraient fidèles. Il n'a pas vu venir le coup parce que les lanceurs d'alerte sont restés muets sur le complot qui se tramait contre lui en coulisses.
Le complot et les acteurs
Pour abattre Issa Hayatou, ses adversaires se sont répartis les rôles comme suit. L'Egypte s'est chargée de mener la première attaque frontale contre Issa Hayatou. C'était à la veille du début de la CAN-2017 au Gabon. L'ambiance est viciée et pourrie par la vente des droits de retransmission du tournoi.
Face au prix exorbitant fixé par les acquéreurs des droits, de nombreux pays africains ont refusé d'acheter les droits pour permettre à leurs peuples de suivre la CAN-2017. Le groupe Lagardère, acquéreur des droits, et Bein Sport n'ont rien voulu savoir. Forts du contrat signé avec la Confédération, ils sont restés insensibles aux demandes de révision du prix de vente des droits de retransmission. Des Etats ont alors dénoncé le monopole exercé par les deux parties.
Sur ce chapitre, Issa Hayatou a commis une erreur stratégique, il s'est caché «derrière le contrat signé que nul ne peut modifier». C'était compter sans le pays qui abrite le siège de la CAF : l'Egypte. Le pays des Pharaons détenait un atout qui allait précipiter la fin de celui qui a dirigé la Confédération presque 30 ans sans partage. Aveuglé par son pouvoir absolu, son mépris sans limite des fédérations, il a renégocié le contrat avec Lagardère (2016-2028) sans consulter le comité exécutif. Ses membres l'ont appris en lisant la presse.
Il a renouvelé le contrat en mai et a inscrit ce point à l'ordre du jour de la réunion du comité exécutif fin août. Informés en coulisses de la démarche du président de la CAF, les membres de l'exécutif n'ont pas soufflé mot sur la manière d'agir seul du président. Celui-ci s'est directement entendu avec le patron du groupe Lagardère pour reconduire le contrat qui liait la CAF et le groupe français jusqu'en 2017. C'était une erreur monumentale qui précipita sa perte et sa chute.
Au commencement, il y avait un contrat de préemption établi en 1993 par lequel le groupe Lagardère s'était retrouvé dans une position de quasi-monopole en matière d'acquisition des droits de retransmission des compétitions de la CAF, et plus particulièrement la Coupe d'Afrique des nations (CAN) qui générait la plus grande partie des bénéfices que dégageaient les compétitions de l'instance.
En concédant à Lagardère le droit de préemption sur les droits de retransmission et de publicité des compétitions de la CAF, Issa Hayatou avait pratiquement cadenassé le jeu. Par ce tour de passe-passe cautionné par le comité exécutif et le congrès, le président ne s'est jamais cru obligé de passer par un avis d'appel d'offres.
Mis à part le groupe Lagardère, tout le monde était exclu de la course aux droits de retransmission et de publicité. A priori, tout le monde y trouvait son compte. Pas une seule voix ne s'est élevée un jour pour dénoncer cette pratique. Arriva le printemps 2016. Les couloirs de la CAF bruissaient d'une information capitale : Issa Hayatou et le groupe Lagardère se préparaient à signer un nouveau contrat d'une durée de 12 ans… sans passer par un avis d'appel d'offres, comme le prévoit la règlementation en matière de marchés.
Mise au parfum de l'imminente transaction entre la CAF et le groupe Lagardère, une boîte de production et de service égyptienne adressa un pli recommandé à la CAF où elle faisait savoir qu'elle postulait pour l'achat des droits de retransmission et de publicité de la CAN à partir de 2017. Dans la correspondance, la société privée égyptienne a fait une offre «nettement supérieure à celle du groupe Lagardère», affirme une source cairote. Le président Issa Hayatou ne fit pas cas de la proposition égyptienne.
Il la classa dans un tiroir et n'en fit même pas état à ses plus proches collaborateurs, tout à sa joie de retrouver le président Bongo (Gabon) très prochainement à Libreville pour le coup d'envoi de la CAN Gabon 2017. Erreur fatale. Dans la discrétion absolue, la partie égyptienne actionna la justice et ses leviers.
La loi égyptienne, comme partout dans le monde, fait obligation de lancer un avis d'appel d'offres en pareille circonstance. Les avocats et conseils de la société égyptienne présentèrent à la justice de leur pays le document de la proposition soumise que quelqu'un se chargea de récupérer là où Issa Hayatou croyait l'avoir mis à l'abri des curieux et des empêcheurs de tourner en rond. Quelques jours avant de partir au Gabon, le président de la CAF a été convoqué dans le bureau d'une importante personnalité politique qui lui chauffa les oreilles. En sortant du bureau de son hôte, le Camerounais savait ses jours comptés à la tête de la CAF.
La preuve matérielle de son indélicatesse était entre les mains des Egyptiens. Le début de sa fin avait sonné. Justement, cela tombait bien. D'autres parties, elles aussi, voulaient sa tête, à l'instar du président de la FIFA, du groupe compact formé de dirigeants de fédérations de l'Afrique australe qui attendaient ce moment depuis longtemps. Ils disaient en avoir assez de la CAF dirigée par les francophones et à un moindre degré par les arabophones. Gianni Infantino leva les premières troupes contre Issa Hayatou, principalement dans les rangs anglophones. Il restait encore une autre mission. Sécuriser totalement le vote le jour du scrutin.
Quoi de mieux que de rallier d'autres fédérations depuis longtemps acquises au Camerounais. La recette, pour le retournement, était à portée de main. La générosité sous forme de gratifications dans les enveloppes kraft. Imparable. Le Maroc a joué un grand rôle dans la déchéance de Issa Hayatou. Pour éviter toute mauvaise surprise le jour du vote à Addis-Abeba, les Marocains ont signé plus de 30 conventions de partenariat avec des fédérations africaines. Voyages, billets d'avion, prises en charge de monsieur et madame, cadeaux et tout ce qui va avec…
Le royaume chérifien a frappé d'une pierre deux coups. Il s'est vengé de Issa Hayatou après l'épisode de l'épidémie Ebola et battu à plate couture l'Algérie dans la course au comité exécutif de la Confédération. Chaque pays avait un candidat pour cette élection, c'est-à-dire Mohamed Raouraoua (Algérie) et Fouzi Lakjah (Maroc). Résultat des courses, le Marocain s'est nettement imposé devant l'Algérien. Le premier a bénéficié du soutien sans réserve de son pays, et le second s'est débrouillé tout seul.
Le Maroc a inscrit son activisme dans la CAF dans le cadre d'une stratégie d'un retour du Maroc et des Marocains dans le giron de toutes les instances africaines. Ainsi, le plan était bouclé. Il ne restait plus qu'à attendre le jour J pour décapiter la CAF version Issa Hayatou. La veille du vote, le Sheraton Addis-Abeba ne désemplissait pas de ceux qui se préparaient à fêter la défaite de Issa Hayatou. Le déroulé du film s'est produit comme prévu.
Issa Hayatou a perdu son trône.
Ses sergents les plus fidèles ont perdu pied, postes et fonctions. Les nouveaux maîtres de la CAF ont pris possession de la vénérable institution. Feront-ils d'elle une maison de verre où la transparence et la démocratie auront droit de cité ? Le temps le dira. En attendant, les premières actions de l'ère Ahmad Ahmad renvoient l'image d'un scénario règlement de comptes, comme l'illustre la menace de retrait de l'organisation de la CAN 2019 au Cameroun.


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