La nouvelle est perçue comme une révolution dans le monde du football africain. Le Camerounais Issa Hayatou, le vieux président de la Confédération africaine de football, a perdu l'élection pour un... 8e mandat à la tête de cette instance continentale. La nouvelle est perçue comme une révolution dans le monde du football africain. Le Camerounais Issa Hayatou, le vieux président de la Confédération africaine de football, a perdu l'élection pour un… 8e mandat à la tête de cette instance continentale. Le Malgache Ahmad Ahmad a réussi, à la surprise générale, à obtenir 34 voix sur 54 lors d'un vote qui a maintenu en haleine tout le continent noir. C'est une surprise pour beaucoup mais pas pour ceux qui étaient au courant des tractations en coulisses et du soutien discret du nouvel homme fort de la Fifa Gianni Infantino qui s'occupe à démanteler les réseaux fidèles à son sulfureux prédécesseur Sepp Blatter, et dont fait partie l'indétrônable Hayatou. En Algérie, le président sortant de la FAF Mohamed Raouraoua pourrait être le seul à ne pas apprécier cette nouvelle situation. Pour le reste des Algériens, la fin de règne signifiée au désormais ex-président de la CAF est une source de satisfaction, tant le Camerounais s'est fait connaître tout au long de sa présidence comme un anti-algérien, en ce qui concerne du moins les intérêts sportifs. D'ailleurs, les Algériens sont nombreux à trouver incompréhensible cette «amitié» sans faille entre les deux hommes. Et sa non-réélection au bureau exécutif de la CAF n'a pas attristé beaucoup de monde en Algérie, vu la baisse de son aura et surtout l'état lamentable du football en Algérie. Mais les Algériens n'ont pas applaudi l'élimination de Hayatou pour rien. Eux qui ne connaissent même pas son adversaire de jeudi dernier. Les Algériens rêvent de profonds changements dans la gestion de cette instance continentale. A commencer par cette histoire scandaleuse des droits de retransmission TV qui fait que des millions de personnes n'ont pas eu le droit de regarder les matchs de l'équipe nationale. Cela parce que l'Entv refusé de payer une somme faramineuse aux Qataris de BeIN Sport qui avaient acheté ces droits à SportFive, une boîte du groupe français Lagardère. La relation de l'ex-patron de la CAF avec ce groupe n'a pas encore livré tous ses secrets mais Hayatou a souvent été dénoncé pour avoir privilégié cette entité qui n'a pas bonne presse en Europe même. Surtout que cette fois, le contrat qu'il a signé avec SportFive est valable jusqu'en… 2028. C'est-à-dire que plusieurs éditions de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) risquent de vivre les mêmes problèmes avec les fans du continent noir. Ahmad Ahmad qui a détrôné Hayatou a du pain sur la planche. Il est attendu sur plusieurs questions et notamment celle relative aux droits de retransmission. Pourra-t-il renégocier le contrat signé par son prédécesseur ? Aura-t-il assez de courage pour reconquérir le droit des Africains de regarder les matchs de football sans qu'ils soient contraints de payer les Qataris ou les Français ? Cela s'applique plus aux supporters des pays nord-africains toujours abusés par le foot-business incarné par la CAF de Hayatou et le Groupe qatari BeIN Sports, mais aussi les Sud-africains qui ne sont pas concernés par les mesures prises en faveur des pays pauvres du continent qui ont plus de chance de suivre les matchs de la CAN que les Algériens, Tunisiens ou Marocains. D'ailleurs, ils étaient nombreux les Algériens à avoir suivi les matchs de la dernière CAN gabonaise sur une chaîne malienne pour ne pas devoir payer pour capter BeIN Sports. Le nouveau patron de la CAF et ses collaborateurs sont également attendus sur la question du développement du football sur le continent africain. Il est question ici du vrai développement et non celui factice que Hayatou et son staff montraient tout au long de ces dernières années. Les championnats africains ne sont pas relevés. Le championnat algérien est d'une médiocrité absolue. Les Algériens rêvent d'un championnat national de qualité qui alimenterait l'équipe nationale en joueurs de grande qualité. Ils rêvent aussi que les Algériens ou les Franco-algériens évoluant en Europe puissent être d'un apport appréciable pour l'équipe nationale, au lieu qu'ils forment eux-mêmes cette sélection nationale. L'équipe qui sortira de l'Assemblée élective de la FAF de demain devra travailler avec la nouvelle équipe dirigeante de la CAF dans le sens d'un réel développement du football. C'est après cela que l'on pourra exiger 10 places qualificatives au Mondial-2026 qui va inaugurer une compétition à 48 nations. M. B.